Chapitre 56

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Malia

Je suis assise sur le bord de mon lit, enroulée dans une serviette, les mains crispées sur les draps froissés. Malgré les trois douches que je viens d'enchaîner, je n'arrive pas à me sentir propre. Comme si j'avais leurs empreintes gravées sur ma peau que rien ne pourra m'enlever. Mes larmes menacent de déborder à tout moment, mais je me force à les retenir, à garder un semblant de contrôle sur mes émotions. Chaque battement de mon cœur résonne dans ma poitrine comme un rappel constant de la souffrance que je ressens. Les souvenirs défilent devant mes yeux, comme des images d'un cauchemar que je ne peux pas chasser. Je sens encore la pression de ses mains sur ma peau, l'odeur de la peur mêlée à celle du sang.

Ma peur. Mon sang.

Physiquement, je ne suis plus en Espagne, mais mentalement, je suis encore là-bas, piégée dans un cycle sans fin de terreur.

Je me concentre sur ma respiration, refoule les douleurs extérieures, et intérieur, et me relève pour aller mettre une culotte, ainsi qu'une protection. Je perds encore du sang. Chaque mouvement est une épreuve, chaque respiration un effort surhumain. Je lutte contre la tentation de me laisser aller, de me laisser tomber, d'abandonner.

Les manigances, les secrets, tout ça est en train de me tuer à petit feu.

J'avance vers la salle de bain, et accroche la serviette en me tenant debout devant le miroir. Mon corps est couvert d'hématomes, de bleus, des marques laissées par ces hommes. Mon visage est si pâle, si éteint. La forme de mes côtes montre à quel point j'ai maigri depuis toutes ces semaines. Je n'ose pas me retourner pour voir l'état de mon dos, mais pourtant je dois me soigner. J'ai été recousue, et les fils tirent ma peau sèche, me provoquant une douleur lancinante à chaque mouvement.

Encore.

J'ouvre le sachet qui contient des médicaments et de quoi changer mes pansements. Après une grande respiration, je me tourne pour me confronter aux reflets du miroir. La vue insoutenable des cicatrices ne fait qu'augmenter ma colère. Mes doigts tremblent, mais je m'efforce d'enlever les pansements le plus rapidement possible. Chaque déchirement de la bandelette me rappelle que le monde est cruel.

Qu'ils ont assassiné mes parents.

Je sursaute quand mon regard croise Élio dans le reflet du miroir qui se tient derrière moi, à me fixer silencieusement. Immédiatement, l'instinct de me couvrir surgit, mais Élio est déjà derrière moi, pour m'aider à atteindre le milieu de mon dos.

— Laisse-moi t'aider.

Je me force à respirer, à me détendre, à accepter son aide. Élio commence à soigner mes blessures, et je laisse faire en fixant son visage concentré sur les soins, dans le miroir. Il sèche délicatement les plaies à l'aide d'une compresse, avec des gestes précis et attentifs. Chaque contact de ses mains sur ma peau me transmet une sensation de chaleur réconfortante, de douceur, comme s'il voulait apaiser le feu qui pulse dans ma chair. Je lutte de plus en plus pour retenir les larmes qui menacent de couler, je veux hurler, lui dire de ne pas me toucher, de partir. Mais je reste silencieuse. Élio embrasse mon épaule en attrapant un pansement, et je me mords la lèvre plus fort à chaque fois qu'il croise mon regard. Chaque contact, chaque regard échangé entre nous est chargé d'une tension palpable, d'une multitude d'émotions tourbillonnant dans l'air.

— Dans une semaine il faudra que tu refasses une prise de sang, et un autre dépistage, me prévient Élio en attrapant un tube de crème qui soulagera mes douleurs.

Personne n'a utilisé de préservatifs, et j'espère échapper à toutes ses maladies qu'on aurait pu me transmettre. Je ferme les yeux sous le massage que Élio me procure. Il peut être si doux que ça devient déstabilisant, la crème pénètre ma peau, ses mains détendent mes muscles. Être près de lui est tellement douloureux. Ce n'est pas un homme bon, et pourtant je le laisse me toucher. Chaque caresse, chaque geste de réconfort me rappelle les moments où il m'a fait souffrir, pourtant, une partie de moi l'aime.

SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant