Chapitre 53

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Malia

Je respire difficilement dans ce sous-sol. Je ne sais plus depuis quand je suis ici. Des heures ? Des jours ? Je suis gelée, assoiffée, couverte de poussières, d'urine, de sperme, de sang, à bout de force, autant physiquement, que mentalement.

— Debout, ordonne Rafael en coupant mes liens.

Il me détache brusquement, exigeant que je me lève malgré la douleur cuisante qui parcourt mon corps.

— Ma belle Malia. La nuit est loin d'être finie.

Sa menace est aussi glaciale que l'air. Je tente de reculer d'un pas en secouant la tête, d'un regard suppliant. Rafael empoigne mes joues, me forçant à relever la tête vers lui.

— Tu as encore de la rage dans les yeux. Ça me rappelle tellement de bon souvenir. Arrête de lutter, accepte d'être à moi. Tu peux être heureuse, mais tu es tellement têtue. Ça me fait mal de devoir te punir.

La douleur qui coule dans mes veines est tellement puissante que lutter contre toute cette souffrance devient insoutenable.

— Je t'en prie. Laisse-moi boire.

— Laisse-moi te regarder, et tu pourras prendre une douche, et manger.

Espèce de putain de malade ! Je sais ce qu'il veut, et je suis prête à céder pour avoir quelques heures de paix.

— Oui, murmuré-je en baissant les yeux.

— Alors mets-toi entièrement nue, et retourne-toi.

Je m'exécute en tremblant. J'enlève le reste de mes vêtements, c'est-à-dire mon gilet qui est tout rêche d'urine, ainsi que mon tee-shirt qui n'est pas assez long pour couvrir le bas de mon corps, sous le regard avide de Rafael qui semble se régaler de cette autre humiliation. Mon soutien gorge tombe au sol, et je me retourne, nue, pour être de dos à lui avec la respiration rapide. Quand ses doigts touchent ma peau je ferme les yeux de toutes mes forces en réprimant chaque émotion qui va finir par me tuer. Je lutte contre les frissons qui parcourent mon corps en le laissant admirer ce qu'il a fait de moi. Rafael prend soin de décaler mes cheveux pour dégager mon dos meurtri par ses pulsions sauvages.

— Tu es ma plus belle œuvre d'art, mon amour.

Ses doigts parcourent mon dos, chaque caresse ravivent d'anciennes cicatrices, d'ancien souvenir. Ses mots résonnent dans mes oreilles, il se délecte de son « œuvre d'art », s'assurant que je serai à lui pour toujours, indélébilement marquée. J'enfonce mes ongles dans mon avant-bras à m'en faire mal pour ne pas me rebeller, ce qui pourrait aggraver ma situation. Pour le moment il est plutôt calme et détendu, mais je sais qu'il peut exploser à tout moment.

— Rafael ! Notre bébé t'attend.

La voix de Luisa ne le fait pas s'arrêter. Ses mains continuent de caresser le chaos qu'il a créé.

— Une minute, soupire Rafael en posant ses lèvres dans ma nuque. Elle ne sera jamais toi, et pourtant j'ai essayé.

Rafael recule enfin, et je me dépêche d'essuyer mes larmes en restant immobile.

Je vais m'en sortir. Je ne sais pas encore comment, mais je vais réussir à rester forte et quitter cet endroit.

— Luisa, occupe-toi de Malia, elle doit être présentable pour nos invités. Fait bien attention à elle. Tu n'as pas idée du diamant qu'elle est.

Ses pas s'éloignent, et je comprends que mon cauchemar ne s'arrêtera que dans la mort.

***

Dans la baignoire, mes genoux sont repliés contre ma poitrine, mes bras les entourent comme une maigre protection. L'eau mousseuse m'enveloppe, mais elle ne parvient pas à apaiser les douleurs lancinantes dans mon ventre et à travers tout mon corps. Chaque mouvement réveille une souffrance plus intense. Je suis silencieuse, à réfléchir, à chercher une lueur d'espoir. Je suis chez moi, dans ce château que je connais mieux que quiconque. Pas de chaînes, pas de barreaux, seulement des murs que je pourrais peut-être espérer quitter. Il me suffit d'une personne. Et justement elle vient de terminer de rincer mes cheveux.

SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant