SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]

Chapitre 21

Élio

Il vient de se passer quoi exactement ? Mon esprit vacille entre l'incrédulité et le choc. J'essaie de me souvenir des rares moments où je suis surpris. C'est un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Depuis qu'elle a fait son apparition au coin d'une rue. Devant moi, trois corps gisent, leurs silhouettes inanimées par une froide brutalité dont je ne pensais pas qu'elle était capable. Tués avec indifférence. Mon regard reste fixé sur le couteau maculé de sang, en me remémorant la scène. Alice lui a tranché la gorge sans sourciller. J'ai vu dans son regard le désespoir, la douleur, la peur, mais aussi de la détermination, et de la colère. Une haine qui m'a cloué sur place. Toute la noirceur qu'elle garde au plus profond de son être m'a collé des palpitations. J'étais si absorbé par la scène que je n'avais pas détecté les pas feutrés derrière moi, dans l'ombre, prêts à m'anéantir.

Regarder son arme se pointer sur moi a failli me faire tomber amoureux. J'ai vu ma mort dans ses yeux. Pendant une millième de seconde j'ai senti mon cœur flancher avant de revenir à la réalité.

— Putain ! C'est quoi ce bordel. Tu vas bien ?

La voix de Nikolas me tire de ma stupeur. Il sort de l'entrée, là où Alice est passée, et essuie d'un geste agacé la trace de rouge à lèvres qui macule sa bouche. Sofia... Voilà pourquoi mon ange était ici, toute seule.

— C'est elle, dis-je en m'agenouillant vers un corps pour fouiller ses poches. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire que j'en voulais un en vie qu'elle lui a tranché la gorge.

En me regardant bien droit dans les yeux.

Je lève les yeux, mon regard croise le sien dans un échange muet. Il se passe quelque chose qu'on doit vite comprendre. Les trois hommes sont morts, sans papier d'identité. Je ne trouve que des liasses de billets dans leur poche. J'étouffe dans mes vêtements. Je desserre ma cravate d'un geste agacé. Je déteste perdre le contrôle ! La soirée ennuyeuse que j'ai quittée en hâte prend un sens maintenant. Mon instinct ne m'a pas trompé en me poussant à revenir vérifier mes doutes. Depuis qu'Alice m'a conseillé de ne pas sortir ce soir-là, cette sensation étrange ne m'a pas quitté.

— Trouve-moi qui sont ces putains de cadavres qui ont mis les pieds dans mon bar !

Je m'approche, avance à la recherche de ma captive qui détient sans doute des informations cruciales. Je n'ai pas à chercher bien loin. Elle est là, assise contre le mur, les mains en sang, frissonnant comme une feuille au vent. Je m'agenouille devant elle, relevant doucement son visage pour capturer son regard qui semble perdu.

— Tu n'as jamais été aussi belle que maintenant, murmuré-je en caressant délicatement sa joue humide de ses larmes. Ne pars pas. Reste avec moi.

Ses yeux larmoyant se lèvent enfin pour rencontrer les miens. Une étincelle de terreur passe entre nous, comme un éclair chargé de mille émotions. Dans cet instant, je sens une impulsion irrésistible de la protéger, de la garder à l'abri du monde entier.

— Élio...

Surtout lorsque mon prénom quitte ses lèvres d'une manière si vulnérable.

— Viens. On rentre.

Je me redresse en la prenant par la main. Son corps raide chancelle, manque de basculer en arrière. Je glisse mes mains autour de sa taille pour la soutenir.

— Accroche-toi à moi.

Ma belle brune semble ne pas comprendre ce que je lui demande. Son état de choc est palpable, cette expérience doit avoir été sa première confrontation avec la mort. Je prends doucement ses poignets, les plaçant autour de mon cou. Mes lèvres effleurent son front. Un geste surprenant même pour moi. Alice lève ses grands yeux humides, vides, vers les miens, incapable de prononcer un mot. Avec douceur, je soulève ses cuisses pour la porter, lui murmurant de se laisser aller. Sa lèvre frémit, son menton tremble autant que son petit corps et j'ai l'impression qu'elle va se briser sous mes doigts. Ses bras se resserrent autour de mon cou, ses chevilles se nouent dans mon dos et nous faisons plus qu'un.