Chapitre 55

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Élio

Je fixe Malia, allongée dans ce lit d'hôpital, et mon cœur se serre douloureusement en la voyant si brisée, si silencieuse. Chaque bleu qui marque son corps est comme une flèche envenimée qui transperce mon âme. Elle est là, pâle, tremblante, incapable de prononcer le moindre mot depuis notre retour en Californie. Le médecin lui parle, mais elle ne répond à aucune question.

Elle semble emprisonnée dans ses souvenirs, incapable de se réveiller de son cauchemar.

Les médecins lui ont fait passer des examens, et je suis soulagé qu'elle soit hors de danger. Les mots me manquent pour exprimer la douleur qui me transperce à la confirmation de sa fausse couche. Chaque fibre de mon être hurle de chagrin, comme si une partie de mon âme avait été arrachée.

— Est-ce qu'elle pourra toujours avoir des enfants ? lui demandé-je en fixant Malia qui ne réagit toujours pas.

— Après une fausse couche, le corps de la femme subit un processus de récupération naturelle. Les lésions causées par l'expulsion prématurée du fœtus peuvent prendre du temps à guérir, mais dans la plupart des cas, elles cicatrisent sans laisser de séquelles importantes.

Fœtus... expulsion... lésions... cicatrices... séquelles...

Le médecin prend une pause, comme pour choisir ses mots avec soin en me voyant sur le point d'exploser. Comme si il savait qu'en ce moment même mon envie de décapiter Mendes était écrite sur mon front.

— Avoir un enfant est tout à fait possible après une fausse couche. En général, il est recommandé d'attendre au moins un cycle menstruel complet avant de tenter une nouvelle conception. Il faut laisser le temps faire son œuvre. Je viendrais vous voir tout à l'heure, dit-il à Malia. Prenez vos médicaments, c'est important. Vous avez besoin de repos.

Le médecin se tourne vers moi en me faisant un signe de la tête de le suivre hors de la chambre. Je m'approche de Malia en lançant un regard aux médicaments qui sont toujours posés sur sa tablette, à côté de son verre d'eau.

— Je reste devant la porte.

Je ne sais même pas si elle m'entend, mais je veux la rassurer. Je quitte la chambre avec cette sensation de ne plus savoir respirer pour rejoindre le médecin qui pose son dossier médical à l'entrée de sa porte.

Inconnue, chambre 3B.

— Votre fiancée a subi un énorme traumatisme. Les blessures physiques vont guérir, ce qui m'inquiète le plus c'est ce qu'il se passe dans sa tête. Les conséquences physiologiques sont souvent plus graves que les conséquences physiques.

— Elle va réussir, elle est forte.

J'ai appris à ne pas la sous-estimer, et c'est ce que je me répète pour me convaincre qu'elle va surmonter cette épreuve, mais j'ai vraiment dû mal à y croire.

— Le risque de grossesse est écarté, mais elle va devoir refaire des analyses pour les maladies sur plusieurs semaines, continue le médecin en consultant son biper. Je conseille également un suivi psychologique. Même une personne forte a besoin de temps. Vous le savez aussi bien que moi.

Je pose mon avant-bras contre la porte en fixant Malia qui reste aussi stoïque comme qu'un putain de rocher. Oui je le sais malheureusement. La tristesse ne s'exprime pas toujours par des larmes, elle ronge le cœur, et je crois que le nôtre souffre à chaque pulsation.

— Comment je peux l'aider ?

— Laissez-lui du temps, Élio. Ne la brusquez pas. Je dois aller voir d'autres patients.

SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant