Chapitre 36

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Élio

La nuit a été longue. Il est à peine huit heures quand je fais mon apparition dans mon usine de nettoyage qui sert aussi de lieu de réception pour les transferts des femmes que j'achète. Les murs décrépits suintent l'humidité, et une odeur âcre de produits chimiques flotte dans l'air. Toutes les conversations s'arrêtent, mes hommes se reculent, les bras croisés dans le dos, me saluant poliment. Dans cette salle froide et sinistre, cinq hommes et deux femmes sont alignés au sol. Leurs yeux expriment la terreur, leurs bouches sont bâillonnées pour étouffer leurs cris. Les chaînes qui les retiennent claquent faiblement sous leur agitation, accentuant le climat de menace qui règne ici. Je fixe qu'une personne : ma petite princesse d'Espagne qui subit le même traitement. Sous mon ordre, mes hommes sont venus l'enlever dans son lit pour me l'amener, hier soir.

Ses yeux haineux sont fixés dans les miens pendant que j'avance. Je m'arrête dans mon élan pour m'agenouiller devant elle, et lui retirer son bâillon. Malgré la froideur de cet endroit, une sueur glacée perle sur son front.

— C'est quoi ce bordel ?! s'écrie Malia en tirant sur ses chaînes. Détache–moi !

Je me révèle en l'ignorant, et me dirige vers une table pour me saisir d'un pistolet. Mon arme à la main, j'installe un silencieux avec une précision mécanique, ajoutant une note sinistre à l'ambiance déjà lugubre. Je me tourne vers Malia, la regardant droit dans les yeux, mon visage impénétrable. Mon doigt posé sur la détente.

— Regarde, mon ange. Regarde ce qu'il se passe quand on joue avec moi.

D'un geste rapide, je lève mon arme et tire dans la tête du premier homme. La détonation est étouffée par le silencieux, mais le bruit du corps qui s'effondre sur le sol résonne dans la pièce, laissant une traînée de sang et de cervelle derrière lui. Les autres prisonniers sont figés par la peur, leurs yeux grands ouverts fixés sur le cadavre. Sauf Malia qui reste droite, sans me lâcher du regard.

Sans un mot, je passe au suivant. Natanael qui espérait retrouver sa liberté après sa coopération. Je l'exécute aussi froidement, sans hésitation malgré son regard suppliant. Les deux hommes espagnols qui étaient dans mon casino, et qui ont survécu, ont été passés à tabac. J'ai passé ma nuit à les interroger, à les torturer, mais leurs bouches restent fermées, ils préfèrent mourir. Ça me convient. Ils sont dans un sale état. Chaque coup de feu est suivi du bruit glaçant d'un corps qui s'effondre. Le sol devient rapidement maculé de sang, de chair, sous les cris étouffés des bâillonnés qui subissent ces exécutions.

Je regarde Malia qui ne bronche pas. Ses yeux sont écarquillés d'horreur, sa bouche est partiellement ouverte, mais aucun son ne s'échappe. Elle tremble légèrement, luttant pour garder son calme, mais son visage pâle et ses yeux humides trahissent sa terreur.

Ces hommes sont peut-être à elle ?

Maintenant que je sais d'où elle vient, je n'arrête pas de me poser des questions. Et si tout était prévu ? Qu'elle travaille avec la famille rivale de ma famille ? Si le nom Joaquim était simplement un piège pour m'envoyer tout droit dans la tombe.

Ma raison et mon cœur sont comme une lutte infernale. Je n'arrive plus à savoir ce qui est réel.

Je lève mon arme vers mon employée pour lui faire subir le même traitement. Être une femme ne change rien, elle m'a trahi. Son cœur s'arrête et je passe au petit dernier qui pleure de plus en plus fort.

— Arrête Élio ! C'est un gamin, rugit Malia en voulant se relever. Putain tu es malade ! Laisse-le !

— À 17 ans on est capable de prendre ses décisions. C'était un de mes dealers qui m'a volé en pensant que je n'en saurais rien.

— Arrête, merde ! Je suis sûre qu'il est désolé. À son âge ont fait des choses irréfléchies. On s'amuse. Je paierai ce qu'il t'a volé. Ne le tue pas.

— Mais l'argent ne m'intéresse pas. Tu sais ce que je veux.

Je fais un pas vers Casey qui a les poignets en sang à force d'avoir tiré sur ses liens en espérant sortir d'ici.

— Tu es désolé. De m'avoir volé ?

Il hoche la tête à travers ses larmes. Ma main lui enlève son bâillon et j'écoute ses excuses d'une voix hachée en fixant Malia qui me regarde avec espoir. Elle me supplie de le laisser partir. Je tire une balle en pleine tête, ignorant complètement sa promesse de se racheter.

— C'était encore un enfant ! Tu penses à sa famille !

Je soupire en m'agenouillant devant Malia qui pleure devant son cadavre. Il connaissait les risques en travaillant pour moi.

— À ton tour mon ange, dis-je en attrapant son menton entre mes doigts pour qu'elle me regarde.

Mon arme est maintenant pointée vers Malia, mon doigt toujours prêt à appuyer. Elle déglutit péniblement, ses yeux fixés sur l'arme qui la menace. La terreur dans son regard est indéniable, et elle sait que de tuer ne me pose pas le moindre problème. Je lâche son visage pour lui essuyer une larme qui dégringole lentement en caressant sa joue. Mes gestes sont délicats malgré ce que je viens de faire.

— Je ne te dirais jamais qui je suis.

Oh ça je sais.

— Je veux savoir si tu es avec moi, ou contre moi.

— Je suis avec toi, déclare Malia en reniflant. Tue-moi si tu as le moindre doute. Je ne suis pas comme eux !

Je l'espère. J'ordonne à un de mes hommes de la détacher en me redressant sur mes pieds. J'observe ses mouvements, Malia se retrouve libre et se relève en glissant la main dans ses cheveux pour dégager les mèches désordonnées qui collent son visage. Mes yeux se figent sur la blessure qu'elle porte près de son oreille.

— Qui t'a frappé ? demandé-je en agrippant son bras avant qu'elle n'avance.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Tu devrais faire une cure de Xanax pour te détendre. Tu sembles un peu trop sur les nerfs, malade mentale.

Putain ! Imaginer un de mes hommes la frapper me donne envie de tout exploser.

— Pour l'instant, je te garde en vie. Si j'apprends que tu complotes dans mon dos, que tu tentes de me piéger, je n'aurai aucune pitié pour toi. Tu reviendras ici. Monte dans la voiture devant, j'arrive.

Je la relâche en la regardant quitter cet endroit d'un pas rapide, puis j'avance vers mes deux hommes qui devaient me l'amener.

— Qui l'a frappé ? Je vous ai demandé de ne pas lui faire mal.

Angelo fait un pas vers moi pour se dénoncer, en transpirant abondamment.

— Elle m'a mordu, chef. C'est une vraie sauvage !

Je lâche un petit rire en descendant mon regard vers Angelo qui se frotte la main, enveloppée dans une compresse ensanglantée. Oh oui elle aime mordre, j'ai encore des traces sur le corps. Mais là j'ai un gros problème qui me déclenche d'intenses bouffées de chaleur.

Il a levé la main sur elle.

— Les mecs ! Virez-moi ses sept cadavres !

— Comment ça les sept ? constate Tiago en regardant les morts. Il y en a que...

J'appuie sur la détente une dernière fois vers Angelo qui s'écroule en mêlant son sang avec ceux des autres.

— Maintenant ça fait sept, dis-je en leur faisant signe de nettoyer. Au boulot.

Mes hommes s'exécutent en silence, et je fais demi-tour après un dernier regard d'avertissement. Maintenant il est temps de passer à la suite. Joaquim. Le traître qui a rejoint les Diamanté, la famille rivale que je méprise le plus. Joaquim était autrefois l'un des miens, un homme en qui j'avais placé ma confiance, et il m'a poignardé dans le dos. Il a choisi la trahison, l'appât du gain aux dépens de notre loyauté. Les Diamanté, en particulier Giovanni Diamanté, l'homme qui les dirige vient de déclarer la guerre. 

Je prends une profonde inspiration, envahit de vengeance. Ils vont le payer. Tous autant qu'ils sont. Je vais les traquer, les démasquer, et les écraser.

Ils vont le regretter amèrement.

SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant