Chapitre 57

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Malia

Dans la voiture louée que Mario conduit, je me laisse emporter par les souvenirs qui ressurgissent alors que le paysage espagnol défile devant mes yeux.

— J'ai l'impression de re-découvrir mon pays.

Mario me lance un regard dans le rétroviseur, en ralentissant, pour me laisser admirer cette ville que j'aimais tellement. Valladolid est située au nord de Madrid, c'est une ville magnifique chargée d'histoire et de charme. Ses rues étroites et sinueuses sont bordées de bâtiments anciens aux façades colorées, et ornées de balcons en fer forgé. L'atmosphère authentique que dégage cette ville est envoûtante. Et ce que j'aime le plus c'est cette rivière Pisuerga qui traverse la ville, ajoutant une touche de fraîcheur et de tranquillité. Chaque petite secousse sur les rues en pavées résonne dans mon corps, amplifiant les douleurs qui persistent dans mon ventre. Chaque tiraillement me rappelle cruellement le vide en moi, le bébé que j'ai perdu. Un rappel constant de ma perte et de ma douleur.

Je ne vais pas craquer... pas maintenant.

Mes yeux vont dans tous les sens derrière la vitre teintée. Plus de trois longues années que j'ai fui, et je ne pensais pas me sentir aussi détendue d'être là. Je veux aller visiter la cathédrale de Nuestra Señora de la Asunción, un chef-d'œuvre de l'architecture gothique espagnole, et le Palais de Santa Cruz, un palais Renaissance magnifiquement orné. Je veux m'installer à une table, boire un verre, sur la place de la Plaza Mayor, un des endroits idéaux pour déguster des tapas et profiter de l'ambiance conviviale de la ville. Je veux tout re-découvrir, mais je suis ici pour une autre raison : allez chez le coiffeur.

Justement nous sommes arrivés. Mario se gare devant le salon, et je réajuste ma casquette pour couvrir une bonne partie de mon visage avant de descendre avec un sourire que je n'avais pas eu depuis si longtemps. D'un pas décidé, je m'approche de la porte du salon, suivit par Mario, et pousse celle-ci avec assurance. Le cliquetis de la petite cloche prévient de ma présence à l'ouverture, et je suis toute suite accueilli par le son enjoué de la musique espagnole, et les odeurs familières de produits capillaires qui chatouillent mes narines.

— C'est fermé, chérie. Reviens plus tard.

Mon sourire s'élargit devant cet homme qui est de dos à moi habillé d'un jeans assez moulant, avec un débardeur d'un beau vert, absorbé par une cliente qui attend sa couleur après sa nouvelle coupe. Je suis dévisagée par deux coiffeuses qui discutent en balayant les cheveux au sol, mais il n'y a que lui à mes yeux. Je ne voulais pas qu'il soit au courant de ce qu'il s'est passé, mais j'ai besoin de lui.

— C'est fermé même pour moi ? J'aurai bien aimé une petite coupe. Je pensais être une VIP.

C'est comme si les secondes venaient de s'arrêter. Il se retourne immédiatement vers moi en reconnaissant ma voix. La préparation qu'il tenait dans ses mains tombe lourdement au sol. Son magnifique visage exprime une joie intense. Nos regards sont plongés l'un dans l'autre, et je sens mon corps trembler d'être aussi proche de lui.

Je me sens vulnérable, mais aussi incroyablement vivante.

— Dieu tout puissant. Je vais chialer !

Nando se précipite vers moi, les yeux remplis de larmes, en me serrant contre lui. Après plus de trois années sans le toucher, je craque, incapable de résister à l'explosion dans mon cœur qui me fait pleurer. Ses mains m'enveloppent le dos, et même si j'ai mal je lui demande de me serrer plus fort. J'ai l'impression de planer, d'être dans un rêve. Je ferme les yeux en m'accrochant à lui, la tête dans son cou, à revivre sous sa chaleur, son odeur.

— Mon amour... Putain... tu ne devrais pas être ici. Laisse-moi te regarder.

Nando balance ma casquette par terre, glisse ses mains dans mes cheveux, puis les posent de chaque côté de mon visage. Ses yeux, d'un marron clair envoûtant, parcourent chaque parcelle de mon visage avec une joie intense.

SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant