Excitation

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Point de vue de Brooke

Nous étions déjà samedi soir et je ne tenais plus en place. C'était la première fois de ma vie que j'allais voir des combats de boxe en vrai. J'avais l'impression d'être une enfant à qui on avait offert un super cadeau. J'étais vraiment sur un petit nuage et je devais en profiter car ce n'était pas quelque chose qui m'arrivait souvent.

Seule ombre au tableau, même si j'étais contente d'y aller avec Ben, j'aurai préféré passer cette soirée avec mon père. C'était lui qui m'avait initié à la boxe et nous en faisions ensemble dès que son travail nous le permettait. Cette seule pensée me fit perdre ma soudaine légèreté, éclata la bulle dans laquelle je me trouvais et me ramena brutalement à la réalité. Mon père était mort et je ne pourrais plus jamais partager ce genre de choses avec lui, aussi futiles soient elles.

Le moral de nouveau dans les chaussettes je partis voir ma mère dans la cuisine en espérant me changer les idées. Elle posa à peine un œil sur moi que sa question fusa.

« Qu'est-ce qu'il y a Brooke ? Tu n'as plus envie de sortir ? ».

« Si, c'est juste que...non rien oublie, ce n'est pas grave », dis-je, rapidement, ne voulant pas trop en dire de peur de la déprimer elle aussi.

« Ça ne marche pas avec moi ça, je suis ta mère, je te connais, je sais quand tu ne vas pas bien et là c'est le cas. Alors dis-moi, tu sais que tu peux tout me dire ».

« C'est...papa », dis-je, en retenant mes larmes de toutes mes forces.

Son visage pâlit, la cuillère qu'elle tenait à la main tomba sur le plan de travail, elle semblait voir quelque chose que seuls ses yeux pouvaient percevoir, mais elle se ressaisit rapidement.

« Je sais ma puce, c'est dur. Encore plus quand des choses dans notre vie nous le rappelle de plein fouet. Je...viens », dit-elle, en ouvrant grand ses bras.

Je me dépêchais de m'y réfugier, comme si c'était le seul endroit au monde qui pourrait m'aider à supporter ce trop-plein d'émotions négatives. Au moment où ma tête se posa contre son épaule, les vannes s'ouvrirent, mes larmes coulaient à flot et je ne les retenais plus. J'en avais besoin, il fallait que tout ceci sorte. Malgré le brouillard dans lequel ma tête se trouvait, j'entendis ma mère pleurer avec moi.

Après plusieurs minutes ainsi, dans les bras l'une de l'autre, nos sanglots résonnants dans cette cuisine silencieuse, nous nous détachâmes. Un fou rire nerveux nous prit quasiment immédiatement, à tel point que nous ne pouvions plus distinguer nos larmes de tristesse et nos larmes de rire.

« Merci maman, ça va beaucoup mieux », réussis-je à dire, après m'être un peu calmée.

« Moi aussi. Ça fait du bien de tout lâcher parfois, de remettre les compteurs à zéro pour mieux repartir », dit-elle, pensive. Elle ajouta ensuite, « Profite de ce soir, de tous les jours, de la vie en générale. C'est ce qu'il aurait voulu pour toi, pour nous deux. Brooke, je suis là pour toi que tout aille bien ou pas du tout. Je t'aime, ne l'oublie jamais ».

« Je t'aime aussi maman », dis-je, en essuyant mes dernières larmes.

« Allez va te préparer maintenant ! Il ne faudrait pas que tu sois en retard pour ton premier rendez-vous avec Ben. D'ailleurs, est-ce que c'est lui le jeune homme à la moto ? », dit-elle, de nouveau souriante.

« Maman ! Je t'ai déjà dit que ce n'est pas un rendez-vous. On y va juste entre amis. Mais tu as raison sur une chose, il faut que j'aille me préparer », dis-je, en esquivant volontairement sa question.

« Eh jeune fille, tu n'oublies pas quelque chose ? », dit-elle, en croisant les bras sur sa poitrine, un geste se voulant autoritaire.

« Non, ce n'est pas lui », dis-je, en me ruant vers le couloir.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant