Point de vue de Brooke
Comme convenu lors de notre après-midi « bowling », nous nous retrouvâmes April et moi une semaine après, devant l'entrée du centre commercial. Après nous être saluées, nous nous dirigeâmes sans plus tarder vers le premier magasin présent sur la liste mentale d'April. Je rigolais en l'entendant me parler de cette fameuse liste, me moquant légèrement d'elle, ce qu'elle prit plutôt bien, puisqu'elle en rit également.
À ce moment-là, le comportement de Jessica vis-à-vis du shopping ne me semblait plus aussi excessif, puisqu'en comparaison, on ne pouvait pas faire plus accro qu'April.
Après avoir fait cinq boutiques, nous entrâmes dans la sixième. Il s'agissait d'un magasin de lingerie, et je vis littéralement les yeux d'April se mettre à briller davantage. Elle me tira par la manche, sans me laisser le choix de la suivre ou non, en direction des nuisettes.
« Brooke, il faut absolument que tu m'aides à choisir quatre nuisettes, ni plus, ni moins. Enfin, même s'il n'y a aucun risque que j'en choisisse moins », dit-elle, en rigolant.
Je rigolais avec elle et lui dis, « Compte sur moi, je ne te laisserai pas sortir d'ici avec plus de quatre articles ».
Elle hocha la tête, l'air entendu, et nous commençâmes à déambuler dans la boutique. Nous arrivions à peine à la fin de la première allée du magasin qu'April avait déjà cinq nuisettes dans les bras et poursuivait ses recherches, ne sachant plus du tout où donner de la tête. De mon côté, je portais les sacs des achats précédents et regardais distraitement les articles en rayon.
En voyant April prendre une énième nuisette, je lui fis les gros yeux, et elle se dépêcha de me dire que c'était seulement pour l'essayer.
« Il y a tellement de choix ! Je ne sais plus où j'en suis », dit-elle, en souriant, et en faisant semblant de s'essuyer le front, comme après un grand effort.
« Dis-moi ce que tu souhaites et je cherche avec toi. Tu prends le côté gauche et moi le droit », dis-je, en lui rendant son sourire.
« Merci, Brooke. Alors, déjà comme Mike aime la dentelle, je ne veux que des modèles dans ce style-là. Je voudrais aussi en trouver une rouge et une blanche, voire une qui penche légèrement vers le transparent... », dit April, très sérieusement.
« C'est bon, j'ai compris, je ne veux pas en savoir plus », la coupai-je, rapidement.
« Oui c'est sûr, je suis désolée », dit-elle, en rigolant doucement. Puis elle ajouta, « Je me laisse vite emporter quand il est question de Mike ».
« Je connais bien ce sentiment », dis-je, tandis que mon sourire s'agrandissait en pensant à Denzel.
Nous nous remîmes ensuite à la recherche de ces fameuses nuisettes, et heureusement nous ne tardâmes pas à nous diriger vers les cabines d'essayage, avec pas moins d'une vingtaine d'articles.
Lorsqu'April en sortit, elle avait six articles dans les mains, deux qu'elle était sûre d'acheter et quatre qu'elle n'arrivait pas à départager. À sa demande, ce fut à moi de trancher. Après être passées à la caisse, nous allâmes dans un café et commandâmes deux milkshakes à la vanille. Nous commençâmes à discuter, exactement comme nous l'avions fait la semaine précédente.
« Au fait, tu ne m'as pas dit la dernière fois, tu fais quoi comme études ? » lui demandai-je.
« Je suis dans une école de stylisme et toi ? ».
« C'est drôle, ça ne m'étonne pas du tout, j'aurai presque pu le deviner rien qu'en te regardant faire les magasins... », dis-je, en rigolant, puis j'ajoutais « ...moi je suis en fac de médecine ».
« C'est vrai que comme tu as eu l'occasion de me voir en plein shopping, ça paraît logique... », dit-elle, en rigolant à son tour. Puis elle ajouta, « ...ça doit être super intéressant ! Tu sais vers quelle spécialité tu aimerais te diriger ? ».
« J'hésite encore, je pensais peut-être à la médecine d'urgence ou la neurologie. Mais heureusement je n'ai pas à faire ce choix maintenant ».
« En tout cas, quelle que soit ta spécialité, j'avoue que ce serait pas mal d'avoir une amie médecin », dit-elle, en me faisant un clin d'œil complice.
« Ouais c'est sûr que ça peut être pratique », dis-je, en lui souriant timidement.
« Ça n'a absolument rien à voir, mais je voulais te demander, comment vous vous êtes rencontrés avec Denzel ? J'aime trop ce genre d'histoire », demanda-t-elle, l'air excitée d'entendre ma réponse.
« On s'est croisés pour la première fois dans notre salle de boxe, puis on s'est revus brièvement lors d'une fête. Mais, on a vraiment commencé à faire connaissance le jour où après un entraînement, comme j'avais raté mon bus, il m'a proposé de me ramener chez moi », dis-je, en souriant très probablement bêtement en repensant à tout cela.
« Oh, c'est trop mignon ! Quel gentleman ce Denzel... », me dit-elle, en souriant et en haussant ses sourcils.
Je rigolais, légèrement gênée. Nous parlâmes ainsi pendant une heure, puis elle finit par me poser une question assez personnelle, mais qui, en connaissant un peu plus la personnalité d'April, ne m'étonnait pas de sa part.
« Je peux te poser une question plutôt indiscrète ? ».
Je hochais la tête, appréhendant tout de même la suite.
« Dans le magasin de lingerie, quand je t'ai demandé si tu voulais acheter une nuisette pour faire plaisir à Denzel, tu m'as dit que ce n'était pas une bonne idée. Je peux savoir pourquoi ? Mais si tu n'as pas envie de répondre, je comprendrai parfaitement », me demanda-t-elle, en souriant.
« Non ne t'inquiète pas, et puis de toute façon j'aurai bien fini par te le dire. On ne couche pas ensemble avec Denzel... », commençai-je, mais April me coupa la parole.
« Jamais ? Pas une seule fois ? », dit-elle, les yeux grands ouverts.
« Non, jamais. Vu sa réaction quand je suis en pyjama, je n'imagine même pas celle qu'il aurait si je portais l'une des nuisettes que tu as acheté. Je pense que ça le tuerait », dis-je, en rigolant doucement.
« Oh d'accord...donc tu es...ok j'ai compris, tu ne veux pas passer à l'action avant d'être passée devant le juge, c'est ça ? ».
Je hochais positivement la tête et demandais, « Je te choque ? », en rigolant face à sa réaction.
« Non, enfin j'avoue que c'est de moins en moins commun d'entendre des personnes dire ça. Mais franchement Brooke, je te tire mon chapeau bas, très bas même. Je ne sais pas comment tu fais pour rester sans sexe, moi je sais que je ne pourrais pas tenir », dit-elle, en rigolant à son tour.
« Ma meilleure amie me disait souvent la même chose, jusqu'au jour où je lui ai dit que je ne pouvais pas ressentir un quelconque manque concernant une chose que je ne connais pas ».
« Oui, c'est vrai qu'en y pensant, tu as tout à fait raison. Heureusement dans un sens, puisque tu verras le jour où tu auras commencé, ce sera difficile de t'en passer », me confia-t-elle, en me faisant un clin d'œil plus qu'appuyé.
« Je veux bien te croire », avouai-je, en pensant à Denzel.
Je revins rapidement de ce petit aparté lorsqu'April se remit à parler.
« Entre nous, j'aurai bien voulu faire comme toi Brooke. Enfin, peut-être pas attendre le mariage, mais au moins attendre l'homme qui m'aurait paru vraiment être le bon. Tu vois, si j'avais su que j'allais rencontrer Mike, je n'aurai rien fait, je l'aurai attendu », dit-elle, le regard un peu dans le vide, comme pleine de regrets.
« Oh April, c'est vraiment trop mignon, je ne savais pas que tu étais à ce point attachée à lui. Mais dis-toi qu'au moins tu as fini par le rencontrer cet homme...le bon », dis-je, en lui souriant sincèrement.
« Oui tu as raison », dit-elle, en retrouvant son sourire habituel.
Après ce superbe après-midi, nous finîmes par nous séparer, presque à contrecœur, et repartîmes chacune de notre côté. Bien évidemment, en ayant déjà programmé une future sortie, probablement avec Jessica.
Je vous remercie !
À très vite.
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Hope
RomanceBrooke Duncan. Denzel Blake. Deux êtres éprouvés par les aléas de la vie. Tentant, chacun à leur manière, de mener l'existence qu'ils pensent mériter. N'osant, ne serait-ce qu'un peu, rêver d'une réalité meilleure, plus paisible. Et si l'espoir éta...