Point de vue de Denzel
À une heure avancée dans la soirée, toujours dans la salle d'attente, nous attendions April, Brooke et moi sur les chaises en plastique toutes pourries, d'avoir des nouvelles de Mike. Les parents de ce dernier étaient dans l'avion, ils avaient entamé un road trip en Europe depuis une semaine. Après mon coup de téléphone, ils prirent le premier vol en direction de New York.
J'avais envie de tout fracasser, je rêvais de pouvoir libérer mes pulsions destructrices. Néanmoins, je me concentrais sur ma respiration et me calmais doucement. J'avais presque frappé un infirmier, je n'allais pas en plus mettre cette pièce sens dessus-dessous. J'étais d'ailleurs chanceux qu'il ne veuille pas entamer de poursuites à mon égard.
Je pris donc mon mal en patience, et attrapais la main de Brooke. Ce geste m'apaisait fortement et me permettait de penser à autre chose. Je pouvais même, si je fermais les yeux, imaginer que nous étions dans un tout autre endroit, juste tous les deux, profitant de ce moment privilégié.
Mais j'ouvrais brusquement les yeux en entendant les personnes devant nous se mettre à pleurer, et revenais donc durement au moment présent. Nous étions dans un putain d'hospice, et voir ces gens s'effondrer ne me rassurait absolument pas en ce qui concernait le futur de mon meilleur ami, c'était même tout le contraire.
Soudainement, les portes coulissantes menant à la zone de soins s'ouvrirent, et nous vîmes le médecin de Mike se diriger vers nous. Il avait la mine grave, ne laissant rien transparaître. J'avais un très mauvais pressentiment, et l'envie de frapper quelque chose revenait au galop, et je penchais de plus en plus vers ce docteur comme ma future victime.
« Monsieur Wade est stable, nous avons réussi à évacuer le sang présent dans sa boîte crânienne, son cerveau n'est donc plus compressé. Nous avons dû, pour pouvoir réaliser cette opération dans les meilleures conditions, le plonger dans un coma artificiel.
L'inconvénient avec ce genre de pratique est que l'on ne peut pas savoir exactement lorsque la personne se réveillera, c'est propre à chaque patient. Et tant qu'il ne sera pas réveillé, nous ne pourrons pas savoir si son traumatisme crânien lui a laissé des séquelles ou non.
Je sais que ce n'étaient pas les nouvelles que vous attendiez. Mais au vu de son cas, et pour en avoir vu plusieurs autres du même genre, je peux vous le garantir Monsieur Wade s'en sort bien, il aurait pu très clairement mourir.
Je ne dis pas cela pour vous faire plaisir, mais je suis confiant quant à l'avenir de votre ami. Il est jeune, robuste, et en parfaite santé, ceux sont d'excellents points pour l'aider dans sa guérison », dit le médecin, en souriant, mais ce n'était pas un sourire franc, mais plutôt teinté d'une certaine tristesse, qui au vu de ses propos était entièrement justifiée.
Nous restâmes pantois pendant quelques secondes, puis April se mit à pleurer. Je ne savais pas si c'était de joie car Mike était toujours parmi les vivants, ou si c'était plutôt de crainte face à l'avenir qui les attendait. Je crois que c'était surtout un bon mélange des deux.
Brooke était bouche bée, dans ses pensées, elle était celle de nous trois qui avait le mieux compris toutes les explications médicales du docteur. Néanmoins, face à son silence, je fus le seul capable de prononcer un mot, je remerciais donc rapidement le médecin, je voulais simplement qu'il s'en aille. Je ne me sentais pas capable de lui poser des questions, j'avais déjà du mal à intégrer entièrement tout ce qu'il venait de nous dire, je n'allais pas en plus en ajouter.
Le médecin nous dit de rentrer chez nous car nous ne pouvions pas voir Mike pour le moment. Il était en soins intensifs et aucune visite n'était autorisée. Mike devait normalement être déplacé dans une chambre dans la matinée, si son état restait stable.
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Hope
RomanceBrooke Duncan. Denzel Blake. Deux êtres éprouvés par les aléas de la vie. Tentant, chacun à leur manière, de mener l'existence qu'ils pensent mériter. N'osant, ne serait-ce qu'un peu, rêver d'une réalité meilleure, plus paisible. Et si l'espoir éta...