Toi et moi

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Point de vue de Brooke

Deux jours étaient passés depuis mon entraînement chaud bouillant avec Denzel. Nous nous étions reparlés depuis, mais seulement par messages, chacun étant occupé de son côté.

Ce jour-là, il m'avait proposé d'aller nous balader, et plus particulièrement de nous rendre dans le parc, près de la salle de boxe, où nous avions l'habitude de nous retrouver lorsque nous étions encore que de simples amis. C'était donc un endroit chargé de souvenirs, en majorité tous bons.

Néanmoins, je me souvenais parfaitement l'une de nos conversations qui avait pris une tournure plutôt inattendue, mais fortement désagréable. Souhaitant naïvement en apprendre davantage sur Denzel, j'avais eu le malheur d'évoquer son frère. Le regard qu'il m'avait lancé à la suite de ma question avait instantanément refroidi l'ambiance, et je sus à ce moment-là que j'avais fait une grosse boulette.

Je ne m'étais pas trompée puisqu'il me dit d'un ton sec que comme il me l'avait déjà expliqué, ils n'étaient plus en contact depuis deux ans et que ce n'était pas la peine de revenir dessus.

Je hochais la tête, plus que prête à passer à autre chose, mais apparemment ce n'était pas le cas de Denzel puisqu'il continua à parler, « Brooke, ce n'est vraiment pas un sujet que je souhaite aborder. La relation que j'entretiens avec mon frère est plus que compliquée. Il...je...enfin, on s'en veut mutuellement pour plusieurs raisons et je n'arrive pas à dépasser ce qu'il s'est passé entre nous. On s'est fait du mal, enfin c'est surtout moi qui lui en ait fait, et je ne pense pas qu'il pourra me pardonner un jour... ».

Denzel se tut, ferma les yeux, inspira et expira profondément quelques instants, comme s'il essayait de calmer son anxiété. Ses traits étaient tendus, ses sourcils froncés et sa lèvre inférieure tremblait légèrement. J'étais clairement dépassée par la situation, et je n'avais qu'une seule envie, le prendre dans mes bras et le réconforter du mieux que je le pouvais. Mais, ne sachant pas exactement ce qu'il attendait ou n'attendait pas de moi, je ne fis rien et me contentais de le regarder, tout aussi mal que lui.

Il finit par rouvrir les yeux, il regarda dans le vide quelques secondes, comme s'il reprenait ses esprits, puis reporta finalement son attention sur moi. Je pus constater avec un grand soulagement, qu'il était redevenu calme. Je n'eus même pas le temps de réagir, qu'il me serrait déjà très fort contre lui. Je ne perdis pas une seule seconde et répondis à son étreinte.

« Brooke, je suis désolé. C'est un sujet sensible et je n'ai pas réussi à me contrôler et à prendre sur moi. Je suis désolé... », dit Denzel, en s'éloignant légèrement de moi.

Ne supportant plus de le voir ainsi, abattu, je lui coupais la parole, « Arrête de t'excuser Denzel, tu n'as rien fait du tout. C'est moi, je n'aurais pas dû parler de ça, je suis désolée », en insistant vivement sur le « Je ».

Il me sourit tristement, se pencha vers moi et instinctivement je faisais la même chose. Nous nous regardions intensément, les yeux dans les yeux et à cet instant-là, je pensais vraiment qu'il allait m'embrasser. Finalement, il se recula complètement et nous en restâmes là.

C'était avec tous ces souvenirs en tête que je m'asseyais aux côtés de Denzel sur « notre » banc, comme nous aimions le surnommer. Certes, il était inutile de préciser que depuis la dernière fois que nous étions venus ici, nous nous étions considérablement rapprochés, dépassant même le stade de l'amitié. Mais pour en arriver où ? Ça, je n'en savais strictement rien. Comme c'était quelque chose qui tournait de plus en plus en boucle dans ma tête, je décidais d'y couper court.

Nous nous étions à peine assis depuis quelques minutes, que je me dépêchais de passer à l'action. Je voulais absolument me débarrasser de cette question qui me martelait le cerveau.

« Denzel...j'ai une question à te poser...mais elle est un peu bizarre », dis-je, hésitante.

« Vas-y, dis-moi, tu m'intrigues là », dit-il, amusé.

« Je...on est quoi en fait ? L'un pour l'autre ? ».

« Comment ça « on est quoi » ? Je ne comprends pas trop ta question ».

« On n'est pas des potes puisqu'on est assez proches...à moins que tu aies pour habitude d'embrasser toutes tes amies. On n'est pas en couple...alors oui j'avoue que je suis un peu perdue et que je n'arrive pas trop à savoir ce que l'on est », dis-je, très mal à l'aise car je savais pertinemment que je donnais beaucoup trop d'importance à tout cela.

Denzel ne répondit pas tout de suite, il semblait sérieusement réfléchir à ma question.

« Je n'ai pas pour habitude d'embrasser mes amies, mais la question n'est pas là, je ne veux pas d'une relation amicale avec toi. Je veux plus...mais je ne sais pas trop comment ça se passe. Tu sais que je n'ai jamais eu de relation sérieuse, enfin même de relation tout court. Tout ce que j'ai pu vivre auparavant ne valait absolument rien à mes yeux », dit-il. Il fit une pause et ajouta, l'air plus que gêné, « Tu veux sortir avec moi ? ».

« Oui ! », m'empressai-je de répondre, avant de rapidement poser une main sur ma bouche, les yeux grands ouverts, clairement choquée par ma réaction.

Denzel rigola, légèrement moqueur et m'embrassa franchement, et je répondis avec autant de force.

« Putain, j'avais trop l'impression d'être un con en posant cette question. Tu me fais faire de ces trucs Brooke Duncan », dit-il, en rigolant.

Je l'imitais, et nous restâmes ainsi un moment à simplement profiter de la présence de l'autre.

Je savais pertinemment que ce statut de « petite-amie », ne changerait rien à notre relation actuelle, mais j'étais tout de même contente que tout devienne réellement officiel entre nous. C'est à ce moment-là que je réalisais tout le chemin que nous avions parcouru depuis notre rencontre. Si l'on m'avait dit, le jour où Denzel m'avait bousculé en entrant dans la salle de boxe que l'on en arriverait là, je n'y aurai pas cru.

Il est vrai que notre relation, notre couple pouvait surprendre au premier abord puisque d'un point de vue extérieur, nous pouvions apparaître comme très différents. Mais au fond, nous n'étions pas complètement opposés, nous avions beaucoup de points en commun. Ces derniers renforçaient notre complicité, notre lien et donc notre relation. Quant à nos différences, elles nous enrichissaient mutuellement, et pouvaient par certains côtés nous compléter.

« Tu me rends heureuse Denzel et je peux t'assurer que c'est un exploit. Depuis la mort de mon père, je n'ai jamais vraiment réussi à être bien, à profiter à fond de ce que je faisais, de ce que je vivais. Mais avec toi, j'y arrive, et ça me fait un bien fou. Pour ça, je te remercie du fond du cœur », dis-je, en le regardant tendrement, avant de me pencher pour lui donner un rapide baiser.

« Tout le plaisir est pour moi, Mademoiselle Duncan », dit Denzel, avec son sourire charmeur.

Il ajouta, « Je ne vais pas être très original, mais je suis moi aussi heureux d'être avec toi. Heureux d'avoir croisé ton chemin, de t'avoir bousculé la première fois que l'on s'est rencontrés, de t'avoir sauvé des griffes de Tristan, et surtout que tu aies raté ton bus puisque ça m'a donné une très bonne excuse pour te ramener chez toi », en souriant sincèrement.

Puis, il reprit, « C'est moi qui dois te remercier. Tu m'as accepté tel que je suis, et sans t'en rendre compte, tu me pousses chaque jour à devenir un homme meilleur », termina-t-il, en me jetant un regard qui me scotcha littéralement au banc.

Ce fut ensuite à son tour de se pencher vers moi pour m'embrasser, mais cette fois-ci, nous échangeâmes un baiser beaucoup plus profond et passionné.

Ce jour-là, ce parc et ce banc prirent une dimension différente puisqu'ils étaient désormais le lieu d'un nouveau et beau souvenir. Le début officiel de notre couple.

Je vous remercie !
À très vite.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant