Deux ans

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Point de vue de Brooke

Nous étions le 26 avril. La date exacte à laquelle ma vie avait basculé. Le jour où une partie de mon cœur m'avait été arrachée. En effet, aujourd'hui, cela faisait deux ans que mon père était décédé.

Comme l'année dernière, nous avions décidé, ma mère, ma tante et moi, d'être actives, et de ne surtout pas nous laisser submerger par les émotions négatives qui n'attendaient que nous.

Nous avions donc prévu d'aller à la plage, un endroit où mon père aimait se rendre de son vivant, et plus précisément dans la zone près des rochers. D'après lui, c'était le lieu idéal pour pêcher, ce qui était l'une de ses passions. Il m'avait d'ailleurs emmené plusieurs fois avec lui. Dès la première sortie, j'avais su que ce n'était définitivement pas fait pour moi, mais je n'avais jamais osé l'avouer à mon père. J'avais accepté d'y retourner uniquement pour pouvoir passer du temps avec lui, et comme c'était une activité qui nécessitait de la patience, cela nous laissait le temps de discuter.

Avant cela, pendant une partie de la matinée, nous restâmes, ma mère et moi, à côté de la tombe de mon père. Malgré nos larmes, nous parlions toutes les deux comme s'il était encore là, avec nous. Ma mère m'obligea même à évoquer Denzel, et je peux assurer que j'étais aussi gênée que si mon père avait été véritablement en face de moi.

Après ces quelques heures riches en émotions, nous partîmes chez ma tante. Cette dernière insista vivement pour nous faire monter le temps de finir de tout préparer pour notre pique-nique. Tandis qu'elle s'affairait dans la cuisine avec ma mère, et qu'elle m'avait presque banni de la pièce, je restais dans son salon et m'assis sur une chaise située près de la fenêtre.

Je regardais distraitement l'agitation dans la rue, et sans vraiment m'en rendre compte, j'orientais mon visage vers l'immeuble de Denzel, que je pouvais apercevoir si je me penchais davantage à gauche. Mon cœur se remplit d'une bouffée de bien-être rien qu'en pensant à lui.

Ce dernier savait pertinemment ce que ce jour signifiait pour moi et il m'avait dit que nous pourrions nous voir un peu plus tard dans la semaine. Denzel voulait absolument me donner le temps de profiter de ma famille en cette journée si particulière.

« Brooke ! », dit ma tante, l'air suspicieuse.

« Oui ? ».

« Ça fait trois fois que je t'appelle ! Je me demande bien à quoi tu pensais ? », répondit-elle. Puis, elle s'approcha de la fenêtre et continua, « Ou plutôt à qui ? Denzel peut-être ? », en me souriant tendrement.

Je la regardais, les yeux grands ouverts, toujours aussi étonnée de voir à quel point elle pouvait être perspicace. Pour lui répondre, je me contentais de hocher la tête positivement. Son sourire s'agrandit, et elle s'assit sur la chaise qui me faisait face. Ana prit mes mains et les serra doucement.

« Il m'a l'air vraiment bien ce garçon », dit-elle, un peu comme si elle se parlait à elle-même.

« Oui, il l'est », dis-je, même si sa remarque n'était pas une question.

« En tout cas, je l'ai bien prévenu de ce qu'il risquait s'il se comportait mal avec toi », dit-elle, l'air très sérieuse.

« Euh...quoi ? », demandai-je, perdue.

« Il ne t'a rien dit ? », commença Ana.

Je hochais la tête négativement et elle reprit.

« Encore un bon point pour lui ! », s'exclama-t-elle, vivement. Elle fit une courte pause et poursuivit, « Pendant le repas que vous avez organisé, lorsque vous vous êtes absentées avec ta mère, j'en ai profité pour parler franchement à Denzel. Je voulais absolument qu'il sache que tu n'es pas seule, que tu as des proches qui peuvent te défendre, si besoin, et que s'il te traite mal, il aura tout simplement affaire à moi », dit Ana, intransigeante.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant