Hope

Hésitation

Point de vue de Denzel

Une semaine était passée depuis la fois où elle m'avait ignoré...une putain de semaine. J'avais constamment essayé de trouver des choses à faire pour m'occuper l'esprit, ce qui faisait le bonheur de Mike puisque je n'arrêtais pas une seconde de travailler. J'acceptais plus de demandes de clients que je ne pouvais en gérer en une journée. Je restais donc même après la fermeture. Enfin, ça avait plu à mon patron jusqu'à ce qu'il réalise qu'il devait me payer mes heures supplémentaires.

Je jonglais donc entre mon travail et mes entraînements. J'y étais allé tous les deux  jours, et les séances duraient environ deux heures selon mon niveau de frustration. Mon coach était lui aussi heureux de ma soudaine hausse d'énergie.

En bref, tout le monde semblait content de mon nouveau comportement, excepté le principal intéressé, moi.

Pour me changer les idées, j'avais même essayé de trouver une femme à me mettre sous la dent. J'étais allé dans un bar, j'en avais remarqué une qui me reluquait ouvertement, me laissant ainsi entrevoir clairement ses intentions. Je m'asseyais au comptoir et ne bougeais pas, j'attendais qu'elle fasse le premier pas. Elle finit par se diriger droit vers moi. Lorsqu'elle fut arrivée à mon niveau, je constatais qu'elle avait à peu près mon âge. Je chassais rapidement le souvenir du visage de Brooke présent dans mon esprit.

Elle s'assit à côté, posa directement une main sur ma cuisse, la remontant lentement de temps en temps, mais je restais de marbre, ce geste ne me faisait aucun effet. Malgré moi, je ne cessais de la comparer à Brooke, ses yeux n'étaient pas d'un joli vert-jaune comme les siens, mais d'un marron que je trouvais tellement quelconque. Sa bouche était toute fine, ce qui contrastait vivement avec la bouche pulpeuse de Brooke. Ce jeu continua ainsi de suite, alors que la femme continuait à me parler de choses auxquelles je ne prêtais aucune attention.

Voyant comment les choses se déroulaient, je savais pertinemment que je ne pourrais pas mener ce projet à bien. Je n'arriverais définitivement pas à coucher avec elle. Je me levai donc d'un bond, payai ma consommation, et partis sans même me retourner lorsque la femme se mit à m'insulter en plein milieu du bar. Je rentrai chez moi, le moral dans les chaussettes, et Brooke toujours aussi présente dans mon esprit.

Après la boxe, je partais rapidement pour éviter de la croiser. La ramener était au-dessus de mes forces, rien que le fait de l'imaginer collée à moi sur ma moto me rendait fou et je ne savais pas si je pourrais me retenir de l'embrasser à nouveau. J'avoue que je n'aimais pas la laisser rentrer seule chez elle, mais je ne pouvais vraiment pas la voir. J'étais frustré comme je ne l'avais encore jamais été. Un mélange de colère et de désir m'animait, quasiment quotidiennement depuis ce baiser, et il était exacerbé lorsque je l'apercevais de l'autre côté de la salle...une vraie torture. Ne pas la voir me tuait, la voir me rendait fou, donc en résumé, j'étais dans la merde jusqu'au cou.

Point de vue de Brooke

Cela faisait bientôt deux semaines que nous nous ignorions royalement. J'étais mal, très mal, et voir qu'il semblait aller bien ne faisait qu'accroître cette sensation de manque qui ne me quittait plus.

« Brooke, tu peux venir ? », cria ma mère, depuis le salon.

Je quittais ma chambre et partais la rejoindre. Je m'assis à ses côtés sur le canapé, curieuse de connaître la raison de ma venue.

« Avant de commencer, sache que je ne lâcherai pas le morceau avant d'avoir obtenu quelque chose de suffisant, d'accord ? », dit-elle, l'air très sérieuse.

Même si je ne comprenais pas trop où elle voulait en venir, je hochais la tête.

« Tu ne vas pas bien et ne me dis surtout pas le contraire ! Ça fait deux semaines que je te vois te traîner tous les jours, comme si chaque activité, même les plus banales comme manger, te demandait un effort colossal. Au début, j'ai cru que c'était à cause de ta dispute avec Jessica, que c'était encore tendu entre vous. Mais quand j'ai remarqué que vous vous voyiez souvent, et que ça avait l'air d'être redevenu comme avant, j'ai su que ce n'était définitivement pas ça le problème. Puis, ça m'a fait tilt ! Je n'entends plus la moto le soir quand tu rentres de la boxe, et tu arrives beaucoup plus tard, comme lorsque tu prenais le bus. Alors, vous êtes fâchés avec Denzel ? », dit-elle, d'une traite, craignant sûrement d'être coupée.