Sans toi - Elle

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Point de vue de Brooke

J'arrivais chez moi, telle une zombie, et ne fis même pas attention à la présence de ma mère. Cette dernière m'interpella plusieurs fois, mais je ne réagis uniquement lorsqu'elle posa une main sur mon épaule et me fit pivoter vers elle. Je relevais doucement la tête et croisais ses yeux, dans lesquels plusieurs émotions se succédèrent. Tout d'abord, la surprise de me voir dans cet état, puis la peur de ne pas savoir ce qu'il s'était passé et enfin la compassion face à ma détresse. Ma maman ne me demanda rien, ne dit pas un mot et se contenta d'ouvrir grand ses bras. Je m'y réfugiais comme si c'était le seul endroit qui me permettrait de couper tout lien avec la réalité. Ça fonctionnait toujours, mais pas cette fois. En constatant cela, je me remis à pleurer, et ma mère me serra davantage contre elle. Je n'avais pas prononcé une seule syllabe mais c'était comme si elle connaissait la raison de mon désarroi. Je finis par reculer et lui murmurais quelques mots difficilement compréhensibles, mais elle en capta l'essentiel et hocha simplement la tête.

J'entrais dans la salle de bain, verrouillais la porte et me mis devant le miroir. Je faisais clairement peur à voir. Mes yeux étaient tout rouges et enflés, ce qui contrastait vivement avec la pâleur du reste de mon visage. Je me dis que je ressemblais vraiment à une morte-vivante, et cela me fit doucement rire. Du moins j'avais ce sentiment-là, j'étais vivante à l'extérieur, mais comme morte à l'intérieur.

J'enlevais rapidement mes vêtements trempés par la pluie et allais dans la douche. J'allumais directement l'eau chaude et restais un long moment ainsi, et je ne saurais dire combien de temps exactement. Lorsque je commençais à avoir froid malgré la chaleur de l'eau, je décidais de sortir de la cabine et de me mettre en pyjama. Bien évidemment, je sautais le dîner, étant clairement incapable d'avaler la moindre chose. Je me couchais hâtivement, pressée d'être enfin en mode off, et d'oublier tout cela le temps de quelques heures. En supposant que je ne serais pas hantée par des cauchemars.

J'étais allongée depuis plusieurs minutes lorsque j'entendis ma mère toquer à la porte. Je ne réagis pas, trop fatiguée pour bouger, ou ne serait-ce que parler. Après quelques secondes, elle finit par entrer et étant tournée vers la porte, nos regards se croisèrent immédiatement. Son air attendri et douloureux, puisque je la faisais aussi souffrir en étant dans cet état, me fit pleurer à nouveau. Ma maman s'approcha vivement et me demanda si je souhaitais qu'elle reste avec moi. J'utilisais mes dernières forces pour hocher la tête et elle vint s'allonger à ma droite. Ma mère me prit dans ses bras, et me sentant protégée, je pus me laisser partir vers le sommeil.

Je me réveillais en sursaut, complètement perdue, mais en ayant une seule envie, voir Denzel. À cette pensée, tout me revint d'un coup et je me rendis compte que je n'étais même plus capable de pleurer, mes yeux étaient aussi asséchés que mon cœur. Je sentis des bras m'entourer et levais ma tête, je vis le sourire de ma mère, et je lui répondis timidement.

« Maman... », commençai-je, d'une voix faible.

« Oui, ma chérie », dit-elle, en continuant à me sourire, même si je voyais clairement la tristesse dans ses yeux.

« C'est fini...Denzel...il m'a...et je... », essayai-je de dire, mais les mots étaient trop difficiles à prononcer. Le dire à haute voix rendrait les choses officielles et je n'étais définitivement pas prête à accepter cela.

« Respire Brooke, calme-toi. Tu n'es pas obligée de tout me raconter maintenant », dit ma mère, d'un ton rassurant.

Mon portable émit un bip et je sautais presque du lit et m'en saisissais avec rapidité. Une fois l'appareil en main, je pris quelques secondes avant de regarder l'écran, appréhendant ce que j'allais peut-être voir. Après avoir rassemblé le peu de courage qu'il me restait, je déverrouillais mon téléphone, et restais complètement débile en voyant qu'il s'agissait d'une publicité. Je vis également que je n'avais dormi que dix minutes. Je reposais vivement mon portable sur ma table de chevet et regardais ma mère, l'air complètement désespéré.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant