En tête-à-tête

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Point de vue de Brooke

Deux jours étaient passés depuis les révélations de Denzel au sujet de ses parents, et malgré moi, je ne cessais de ressasser tous ses propos encore et encore. Cette histoire était tellement triste et bouleversante que j'avais du mal à l'intégrer. D'un point de vue extérieur, il était quasiment impossible de deviner que Denzel avait vécu toutes ces épreuves. Connaissant à présent cette partie de sa vie, je comprenais mieux pourquoi à certains moments ses yeux semblaient exprimer une profonde tristesse, et parfois une forte colère. Mais aussi, ses réticences à nouer des liens avec les gens prenaient également sens. J'étais aussi profondément peinée de le voir supporter le poids d'une telle culpabilité, alors qu'il n'était en rien coupable. Il s'agissait d'un accident, que personne n'aurait pu prévoir et surtout empêcher.

En rentrant de l'université une idée me vint à l'esprit, et sachant que ma mère ne travaillait pas ce soir-là, je savais que je pourrai donc emprunter sa voiture. Néanmoins, j'hésitais à contacter Denzel car je ne savais pas comment il allait accueillir ma proposition. Après plusieurs minutes de réflexion, je passais outre mes doutes et appelais mon petit-ami.

« Oui, chérie ? », décrocha-t-il, rapidement, et je pouvais clairement l'entendre sourire.

« Tu vas bien ? », demandai-je.

« Oui et toi ? », répondit-il, brusquement, comme légèrement sur le qui-vive.

« Oui très bien », dis-je, étonnée de sa réaction.

« Tant mieux. J'avais peur qu'il se soit passé un truc comme tu as l'air un peu tendu », dit-il, l'air soulagé.

« Ne t'en fais pas. Tu es disponible ce soir ? », demandai-je, maladroitement.

« Oui, tu veux passer à la maison ? ».

« J'avais plutôt autre chose en tête. Je passe te prendre à 20h, ça te va ? ».

« Euh d'accord. Comment tu vas venir ? Je n'espère pas en bus Brooke, je t'ai déjà dit de ne pas prendre les transports en commun la nuit et... ».

« En voiture ! », le coupai-je, l'empêchant ainsi de continuer à me faire la morale pour rien.

« Oh ok, je suis désolé », dit-il.

« Ne t'inquiète pas, je sais que ça partait d'une bonne intention. Je te dis à ce soir alors ? ».

« Oui, j'attends ça avec impatience Brooke... », dit-il, la voix chargée de promesses.

« Moi aussi », répondis-je, avant de rapidement raccrocher.

Afin d'assurer le bon déroulement de mon plan, je décidais de passer un appel afin de nous réserver une table. En effet, nous allions dîner dans le restaurant italien où Denzel m'avait emmenée il y a plusieurs mois, juste après notre réconciliation. Ce n'était pas grand-chose, mais je m'étais dit que cela pourrait nous changer les idées.

Une fois en bas de chez Denzel, je lui envoyais un message et il descendit en un temps record. Il monta rapidement dans la voiture et se jeta sur moi, ses lèvres s'écrasant vivement sur les miennes. Je l'embrassais avec autant d'empressement, étant toujours aussi étonnée de voir à quel point nous ne semblions jamais rassasié du contact de l'autre.

« Salut, toi », dit-il, en s'éloignant lentement de moi.

« Salut, quelle entrée ! », dis-je, en rigolant légèrement.

« Je n'ai pas pu me retenir, j'y pensais depuis ton appel... », précisa-t-il, en me faisant un clin d'œil.

Malgré moi, je me mordais la lèvre inférieure et il ajouta, « Si tu continues à faire ça Brooke, je ne pense pas que l'on partira avant un certain temps », en me regardant intensément.

Je lui souris timidement et mettais rapidement le contact, mon malaise le fit rire et nous partîmes en direction du restaurant.

« C'est la première fois que c'est moi qui te conduis », dis-je, un sourire moqueur étirant mes lèvres.

« Ouais c'est vrai...et je t'avoue que j'aime bien ça, je pourrais même y prendre goût », dit Denzel, en posant sa main sur ma cuisse et en la pressant légèrement.

Comme nous étions arrêtés à un feu rouge, je me tournais vers lui, et fus tout de suite happée par ses beaux yeux, pleins de malice. Denzel me sourit de manière coquine et caressa doucement ma cuisse. J'ouvrais la bouche pour parler, mais je fus interrompue par le bruit du klaxon de la voiture qui était derrière nous...le feu était passé au vert. Je me retournais alors rapidement vers la route et démarrais, en faisant abstraction de la main baladeuse de mon chéri.

Tenant à garder la surprise jusqu'au bout je me garais à quelques rues du restaurant et je lui pris la main afin de le guider vers notre destination. Denzel souriait grandement et avait hâte de voir quelle surprise je lui réservais. À mon grand regret, il avait déjà deviné que nous allions dîner, mais il ne savait pas où. Nous finîmes par arriver sur place, et je le vis perdre un peu de son sourire. En s'apercevant de mon étonnement face à sa réaction, il tenta de faire bonne figure, mais je voyais pertinemment que quelque chose le dérangeait.

« Denzel, ça va ? », dis-je, légèrement inquiète.

« Oui, pourquoi ? », dit-il, en essayant de sourire, mais ce fut un échec total.

« Arrête de dire des bêtises, dis-moi ce que tu as ? ».

« Rien, c'est juste que... qu'avec ma famille, on avait l'habitude de nous rendre dans ce restaurant, du coup ça me fait un petit quelque chose d'être ici. Mais... », répondit-il.

« Oh putain, quelle conne. Je suis désolée mon chéri. On repart », dis-je, en lui prenant la main afin de nous diriger vers la voiture.

Mais Denzel ne bougea pas d'un pouce et me dit, « Tu ne pouvais pas le savoir, Brooke, surtout que c'est moi qui t'ai emmené ici la dernière fois. Viens, on entre ».

« Tu es sûr ? Je ne veux pas que tu te forces », dis-je, l'air un peu triste.

« J'en suis certain, mais juste une chose Brooke... ».

« Oui ? ».

« Souris-moi, tu ne peux pas imaginer le bien que ça me fait », dit-il, presque en chuchotant, et en me tirant vers lui.

Sans réfléchir, je lui souris immédiatement, ce qui le fit sourire à son tour, et il se pencha vers moi pour m'embrasser tendrement. Denzel finit par me prendre la main et nous entrâmes dans le restaurant. Nous fûmes installés à notre table par le gérant, ce dernier semblait très content de voir Denzel et lui donna même une tape, presque paternelle, dans le dos. Ils échangèrent quelques mots, puis nous commandâmes. Nous restâmes ensuite une minute, sans parler, juste à nous regarder dans les yeux, jusqu'à ce que Denzel prenne la parole.

« Depuis l'accident, c'est seulement la deuxième fois que je reviens ici. J'étais sûr de ne jamais y remettre les pieds jusqu'à ce que je t'invite. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi j'ai choisi ce lieu », dit-il, doucement. Puis il ajouta, « Peut-être qu'il n'y avait qu'avec toi que je me sentais capable de le refaire », en me regardant profondément.

À ce moment-là, ses yeux étaient complétement désarmants, et malgré moi je me mis à me tortiller sur ma chaise, très mal à l'aise par tout ce que pouvait sous-entendre cette simple phrase. Je me contentais alors de lui sourire.

« Tu ne peux pas savoir à quel point tu es mignonne quand tu es comme ça », dit Denzel, en rigolant légèrement.

« C'est juste que... ce que tu viens de dire me met un peu la pression », dis-je, en souriant doucement.

« Mais non Brooke, c'est inutile, tu m'aides et me soutiens naturellement, juste en étant toi, alors ne fais rien et ne change pas, ok ? ».

Je hochais la tête et pris ses mains qui étaient posées sur la table, il les serra fortement en retour. Ce contact dura uniquement quelques secondes puisque nos plats arrivaient déjà.

Je vous remercie !
À très vite.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant