Prologue

147 15 0
                                    

Je regarde la villa brillante devant moi. Les deux gardes du corps à l'entrée me regardent avec une expression du genre « Elle est folle elle », mais je ne peux pas m'en empêcher tellement que la beauté du lieu me laisse sans voix. Un raclement de gorge me ramène à la réalité, je deviens tout à coup très gênée et baisse les yeux en réfléchissant au nom que m'a donné mon père.

— Euh...nous sommes bien chez monsieur Abdûl Karim Ahmed Kanh ? Demandé-je.

Ils acquiescent sans pour autant dire un seul mot. Ils sont payés pour être muets ou ils comprennent mal avec mon accent espagnol ? Quoiqu'il en soit, je sors le papier qui va me permettre de passer cette porte et leur donne. Après avoir reconnu la signature du dit monsieur Kanh, ils m'ouvrent enfin la porte.

— Merci !

Je traîne ma lourde valise rose de ma main gauche et serre fort mon sac à bandoulière noir de l'autre.

Je suis stressée, angoissée et excitée à la fois. C'est la première fois que je viens chez un étranger — qui de plus est milliardaire — seule. Je suis restée accrochée aux basques de mes parents à vingt-deux ans car je déteste vivre seul. Éternelle célibataire et insatisfaite de la gente masculine, ma mère a remué ciel et terre pour me trouver un homme qui pourrait me supporter au moins deux années selon elle.

Je traverse une allée bordée par une verdure incroyable, clôturée par des bulles lumineuses. La façade est tout aussi éclairée et je distingue des gardes à chaque recoin. J'arrive devant la seule porte qui me sépare de ce paradis sur terre, comme à l'entrée, deux gardes sont postés ici également. Avant que je n'ouvre la bouche, l'un deux me devance :

— Hajira Barry ?

— Oui c'est moi ! Bonsoir !

Ce dernier m'ouvre la porte sans rien ajouter d'autres. Je ne peux m'empêcher de constater qu'ils sont d'une impolitesse incroyable ces gardes du corps de pacotille. Je parie que cette maison a été cambriolée plus d'une fois sous leur nez. La première chose qui me frappe dans le vaste salon - qui fait la taille de notre maison entière à Marseille - est l'énorme lustre accroché au plafond blanc. À première vue on aurait dit des diamants.

Je trouve quand même injuste qu'un vieux homme d'affaires célibataire en plus, profite seul de tout ceci.

Trois canapés en cuir blanc entourent une table en verre où sont déposées un pot de fleurs rouges. Il y a un couloir à droite et un long escalier à gauche. Il y a des lumières partout, et il y a une porte en verre dévoilant la piscine à l'extérieur qui débouche dans le salon, et une autre vers le jardin.

Alors que j'avance la bouche grande ouverte, mes couettes qui se remuent au gré de mon cou, j'entends des bruits de pas. En levant la tête vers l'escalier, je découvre une femme d'une telle élégance que c'est flippant. Des cheveux bruns bouclés encadrent son visage effilé et légèrement carré aux mâchoires.

Sa peau lisse et blanche est visible à travers la robe bleue d'origine turque qu'elle porte. Un collier qui doit être entièrement fait de pierres précieuses repose autour de son cou en parfaite harmonie avec ses boucles d'oreilles et ses bracelets.

— Bonsoir ! Me salue t-elle une fois à mon niveau.

— Bonsoir madame ! Réponds-je intimidée par une aura si royale. Je suis Hajira Barry.

— Pitié pas de madame, j'ai que vingt-sept ans vous savez. Appelez-moi Jennab ou Jenna. Vous devez être l'invitée de Karim. Asseyez-vous !

Je la trouve douce et agréable avec sa voix magnifique et son expression rassurante. Je me dirige vers le salon repéré tantôt et m'y assois. Mes fesses font des louanges à celui qui a confectionné ce divan d'une douceur paradisiaque. Ma jupe se fond dans le beige du canapé.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant