Chapitre 22

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@Oliviiiaaaa__65, voici ta suite.

***

— Désolée, je pourrais pas samedi soir.

— C'est pas grave, une autre fois alors. Bye.

Je raccroche et fixe un point invisible. Zayn m'a appelée pour me proposer une sortie demain mais ça correspond à la soirée de gala à laquelle je dois accompagner Karim. D'ailleurs, je commence vraiment à douter. Cette semaine, je n'ai pas eu l'occasion de le voir. Il est toujours entre deux avions, trop absorbé par le travail. J'ai appris par le biais de Jennab qu'il est à Berlin.

Peut-être que demain il sera à Madrid, le lendemain à Tokyo, Pff.

Je vais m'arrêter près de la fenêtre de mon bureau pour prendre un peu d'air. J'ai parlé avec Myriam ce matin. Elle a l'air abattue. J'aimerais être à ses côtés pour cette situation difficile mais je dois trouver une solution. Je me vois mal demander de l'argent à Karim ou Rüzgar et même Zayn. Ils me le donneraient volontiers mais il ne faut pas que je donne raison à Ayan, lui qui pense que je suis matérialiste.

— Je peux entrer ?

— Oui !

Annie, fidèle à elle-même, pénètre dans mon bureau en souriant. Avec elle, la vie doit être en rose. Je remarque du coin de l'œil le prospectus entre ses mains et suis bien curieuse de savoir ce que c'est.

— Salut ! Je t'ai pas vue pour la pause de midi, ça va ?

Je soupire et plonge dans mon siège. Depuis ce matin je suis en manque d'appétit. Toutes mes pensées convergent vers ma famille. À part les barres de chocolat d'hier, je n'ai rien avalé. En pensant à cela, je souris. Hier, discuter avec Ayan sans nous crêper le chignon m'a fait du bien. Il m'a écoutée religieusement et calmement. Je ne connaissais pas ce côté compréhensif de lui.

— Quelques petits soucis mais ça va, réponds-je. C'est quoi ? Demandé-je en désignant le prospectus du menton.

— C'est un prospectus ! Dit Annie, mine de rien.

— Je sais que ç'en est un, je veux savoir de quoi ça parle.

Elle rit.

— On me l'a donné tout à l'heure, il s'agit d'un concours de mode, un défilé.

Elle le dépose sur mon bureau et je m'empresse de le saisir pour le lire. Il s'agit d'une maison de mode qui organise un défilé pour repérer de nouveaux talents. Je ne sais pas s'ils cherchent des stylistes ou des mannequins. J'allais le poser lorsque mes yeux se posent sur la somme dédiée au grand gagnant. Je me redresse afin de bien lire : cinq milles euros.

Pour certains c'est peu mais dans mon cas, cet argent serait la solution à tous mes problèmes.

— Ces genres de choses ne m'intéressent pas, je gagne assez bien ma vie.

Mais pas moi. Les inscriptions seront closes demain à midi et le défilé commencera le lundi. Il se déroulera en quatre temps. Il n'y aura pas de deuxième place, que la première.

— T'as raison, c'est du charabia.

Je le dépose sur le bureau pour qu'elle le récupère. On discute un peu puis elle s'en va. Le soleil décline à l'horizon et j'ai déjà fini tous les dossiers qu'on m'a donné à étudier aujourd'hui. Les doigts tapotant sur le bureau, je sens le prospectus qu'Annie a laissé me regarder, ou est-ce moi qui le regarde. Cinq milles euros pourraient régler tous les problèmes financiers de mon père. Mon opération coûte beaucoup mais alors là beaucoup plus cher que ça.

Je range mes affaires et après milles hésitations, je fourre la pub dans mon sac et ferme mon bureau. Alors que je m'apprête à ouvrir l'ascenseur, Annie me rattrape.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant