Chapitre 9

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Je sors de ma torpeur suite à la claque magistrale que je me reçois. Lorsque je parviens à identifier les différentes formes devant moi, je me rends compte que je suis couchée sur la natte dans le jardin. Plus étonnant encore, c'est le visage encerclé de cheveux corbeaux qui est penché au-dessus de mon visage.

C'est lui qui m'a claquée !

Je me redresse vivement pour m'éloigner de lui. En manque de force, je rechute dans ses bras, prise d'un violent vertige.

— Hey tu nous fais quoi là ? Demande subitement Karim.

Je me redresse doucement en tenant ma tête. Une migraine rebelle me fait fait un mal de chien.

— Ça va ? S'impatiente Karim.

— Ouais... Je crois.

Je m'insulte mentalement de ma négligence. Ça fait une sacrée poignée de jours que je n'ai pas pris mes médocs, avant de venir à Paris, je ne loupais pas une heure.

— Je dois juste prendre mes cachets, ajouté-je.

L'instant d'après, je me retrouve à mâcher un comprimé amer comme l'enfer. Je l'avale à l'aide de l'eau qui me paraît tout d'un coup très sucrée. Ça change du goût du cachet.

Je me jette sur mon lit en soupirant, je ne transpire plus mais je suis bonne pour une seconde douche. En touchant ma joue, je me rappelle de la gifle sacrément exagérée d'Ayan. Je suis prête à parier ma vie qu'il l'a fait exprès ce clochard des cavernes.

— Hazira ! 

Lorsque Yassine entre dans ma chambre, je constate enfin que c'est la copie conforme d'Ayan. Aujourd'hui, pour m'en faire baver, ils portent le même type de survêtement Nike noir. Le fils de Jenna a également imité son oncle en lâchant ses longs cheveux. Si ce n'est pas la différence de leurs couleurs de yeux, je jurerai qu'il s'agit de son fils et non son neveu.

— Oh Hazira ?!

Je sursaute lorsqu'il claque ses doigts devant moi.

— Oui, qu'est-ce qu'il y a ? Le demandé-je.

— Papa demande si ça va, dit-il.

— Ouais, ouais ça va. C'est juste passager. J'ai pris mes médicaments...

— Je ne t'ai pas demandé tout ça, me coupe Yassine. Peu importe. Tu es malade ? Ajoute t-il en espagnol, comme mon oncle Ayan.

— Ouais mais ces cachets c'est juste pour prolonger le temps.

Il plisse les yeux, interrogatif. Au risque de me prendre une autre réplique sanglante, je dis :

— Je ne peux pas me soigner.

Il se titille les doigts puis, pour la première fois, je le vois triste. Une peine énorme voile ses beaux yeux gris. Je lui fais signe de s'approcher et il obéit en s'asseyant sur le lit.

— Lui aussi dit que ça ne se soit soigne pas. Il refuse de prendre des médicaments, explique le petit garçon.

— Il souffre de quoi ? Je l'interroge, ma curiosité piquée au vif.

Ses petites lèvres rosées s'entrouvrent pour parler mais une voix que je déteste entendre l'interromp. Yassine court rejoindre son oncle jumeaux. Pour une raison qui m'ait inconnue, les paroles du petit garçon ont un effet lourd sur moi. Ayan a l'air de tout sauf d'un malade. Fin, malade physiquement car mentalement, y a des cases qui lui manquent.

De quoi pourrait-il bien souffrir. Le chant de rossignol m'extirpe de mes pensées. Le numéro de mon frère s'affiche sur l'écran. Je soupire et décroche. Je parie sa vie que c'est pour de l'argent.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant