Chapitre 36

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Je cligne plusieurs fois les yeux afin de m'adapter à la luminosité plutôt faible de la pièce dans laquelle je me trouve. J'ai la gorge sèche et la bouche pâteuse, si on omet cet horrible mal de crâne, je dirai que je vais plutôt bien. Les événements de la veille me reviennent aussi brusquement qu'un ouragan et je sursaute craignant que cet homme n'ait réussi son coup.

Mes yeux balaient la pièce et je suis soulagée en reconnaissant sa chambre. Son doux parfum titille mes narines alors je suis époustouflée par la douceur des draps bien qu'ils soient sombres. Je tente de me redresser et suis vite soutenue par de puissantes mains. Je frémis à son contact surprise de ne pas l'avoir remarqué tantôt.

Ayan m'aide à me mettre en position assise dans un silence qui ferait flipper les morts. Je le regarde qui me sert un verre d'eau sans poser son regard sur moi. C'est fou comme je suis heureuse de le voir malgré l'appréhension qui me broie le ventre. Il est là, devant moi, en chaire et en os et cela après tant d'années. Maintenant que je sais que c'est lui, je ne peux m'empêcher de me demander comment j'ai pu ne pas le reconnaître.

Il a changé aussi bien physiquement que mentalement mais au fond, c'est toujours lui. Qu'il se fasse appeler Ray ou Ayan Ahmed Kahn, c'est toujours ce garçon qui avait su réchauffer mon hiver.

— Ça va ?

Sa voix me fait sourire. C'est vrai qu'elle a beaucoup muée mais elle a toujours cette pointe cassée. Je n'arrive pas à le croire. J'aimerais que ça ne soit pas un rêve, qu'Ayan soit réellement Ray. Ils se ressemblent tellement que je me sens idiote de ne pas l'avoir reconnu plutôt. Ses cheveux noirs, son visage, son attitude, tout me ramène à Ray.

— Je... Dis-moi que c'est toi s'il-te-plaît, murmuré-je. Dis-moi que je ne rêve pas !

Malgré que la pièce soit un peu sombre, je vois ses yeux qui me scrutent, cherchant comment réagir face à cela. Je comprends son attitude. Il a perdu la mémoire et ne se rappelle pas tous ces moments qu'on a vécu ensemble. Il ne se souvient plus de Ira désormais, je ne suis qu'Hajira à ses yeux.

— Je n'arrive pas à le croire. Je ne pensais pas te revoir un jour et –

— Écoute, tu as besoin de repos. On en reparlera après.

Je ne dis rien. Trop émue, mes yeux se remplissent de larmes alors que les plus beaux souvenirs de ma vie défilent devant moi. Sans un mot, je me jette dans ses bras. Ayan demeure immobile au début avant de me rendre mon étreinte. Lovée dans ses bras, je me sens en sécurité, je me sens bien comme des années plutôt. Rayan, Ray ou Ayan, est là, à mes côtés et me serrant dans ses bras. Si ce n'est pas un caprice du destin, ça.

— Cet homme...

Je n'ai pas oublié cet homme qui a voulu me kidnapper. Je n'ai aucune idée de ce que j'ai bien pu lui faire ou de l'identité de la personne qui l'a engagé. Il a parlé d'un certain Jamil mais j'ai beau me creusé la tête, ce nom ne me dit rien.

— Il ne risque plus de te faire du mal, me rassure Ayan.

Je me détache de lui et ramène une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Tu peux tirer les rideaux s'il-te-plaît ? Je n'aime pas quand c'est sombre.

— Il fait encore nuit.

— Je vois.

Je remonte la couverture sur moi mille et une question me traversant l'esprit mais il n'est plus en mesure de répondre vu qu'il a perdu la mémoire.

— J'imagine que tu es super déçue de savoir que je suis apparemment ton "Ray".

La voix d'Ayan n'est pas agressive comme avant. Aujourd'hui elle est douce, gentille et sereine. J'ai l'impression qu'il essaye de se donner une image du Ray dont je lui ai parlé mais même si ça me fait mal de le dire, il faut avouer qu'il n'est plus Ray mais Rayan Kahn.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant