Chapitre 17

24 4 0
                                    

Le réveil n'a pas été des plus doux. Ignorant le pourquoi, le matin je me suis réveillée avec un mal de crâne atroce. J'ai l'impression d'avoir la gueule de bois. Traînant des pieds, j'active l'eau chaude et enduis mon corps presqu'albâtre de gel douche à la senteur de fraises. Profitant de ce moment de détente, je ferme les yeux et instantanément un visage apparaît devant moi.

« Tiens, ça faisait un sacré bout de temps. »

Quelques minutes plus tard je ressors de la salle de bain vêtue d'une robe blanche à pois noirs. Mes cheveux qui, d'habitude j'aime bien entretenir, m'agacent plus que tout ce matin. C'est sûr que je ne suis pas dans mon jour. C'est avec lassitude que je me fais un chignon bas regrettant pour la première fois, mon choix de ne pas les couper. Ma tête est lourde. On dirait que mon crâne va exploser sous la pression.

Sur le point de me lever à la recherche d'un doliprane, je vois la liste que le frère de mon hôte m'a remise. Soupirant bruyamment, je garde dans un coin précieux de ma tête un conseil bien sage « Ne jamais devoir à Ayan Ahmed Kahn ». Je compte bien tenir ma promesse mais ça sera pour une autre fois.

Je descends les escaliers avec paresse et trouve Lisa dans la cuisine suivie de deux autres servantes que je n'avais jamais vues.

— Salut ! Dis-je nonchalamment.

Les deux nouvelles me sourient et Lisa arrête ses activités avant de venir vers moi, visiblement inquiète.

— Ça va ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

— C'est peu de le dire. J'ai l'impression de porter une citerne. Je peux avoir un cachet ?

La blonde hoche la tête et s'en va chercher des cachets contre les mots de tête. En attendant, j'engloutis des croissants au chocolat au plus grand plaisir de ma langue qui se délecte du goût exquis. Me servant un verre de lait pour accompagner ce petit-déjeuner royale, le verre me glisse des mains et tombe dans un fracas lorsque j'entends sa voix. D'une humeur plutôt massacrante, Ayan semble vouloir me fusiller du regard tant ses yeux regardent ma pauvre personne. Confondues en silence, les deux coéquipières de Lisa prient le bon Dieu pour être épargnées de la colère de cet homme.

— Les verres ça ne se cueillent pas sur un arbre, dit-il d'une voix froide et tranchante.

Je crois que les paroles de Siara font leur effet.

Je garde la bouche hermétiquement fermée et me baisse pour ramasser les éclats de verre brisé. Aujourd'hui même moi, d'habitude si provocatrice, a compris qu'il faut éviter la colère du grand méchant loup.

— Je veux mon petit-déjeuner dans ma chambre, annonce Ayan.

— Tout de suite monsieur, répond l'une des domestiques.

— Pas toi mais toi, rectifie le benjamin de la fratrie en me pointant du doigt.

Comme la lame d'un katana qui s'enfonce dans ma chaire, les mots d'Ayan trouvent leurs chemins jusqu'à moi. Dans mon moment d'inattention, je coupe violemment l'annulaire de la main gauche. La douleur me fait revenir à la réalité puis je vois des gouttes de mon sang rougir le carrelage blanc.

— Aïe !

J'ai toujours été très peureuse aux moindres égratignures. Dès que je me blesse, les larmes coulent automatiquement. J'ai jamais su pourquoi. Avant, il était toujours là pour me panser mais aussi pour se moquer de moi, de la gamine que j'étais. Sauf que aujourd'hui, lui qui me comprenait avec un seul regard n'est plus. Si seulement...

Je lâche un hoquet de surprise en voyant Ayan tenant ma main. Le plus surprenant, il ne fait pas que la tenir mais il la porte à ses lèvres pour stopper l'hémorragie. Le contact de ses lèvres froides sur mon doigt me fait frémir et Ayan le remarque. Il lève son regard et encre ses orbes bleus dans les miens. Le voir comme ça si près de moi me fait planer. C'est la première fois que j'arrive à soutenir son regard si intimidant de base, si profond et inquisiteur. Ayan semble être dans le même état second que moi. Plus aucun son ne parvient à nos oreilles, plus rien n'existe. Il n'y a que ce jeu de regard ardent, presque machiavélique. Il lui ressemble tellement.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant