Chapitre 11

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— Je serai sage m'man, promis.

— C'est pas la peine d'insister, Ayan voyage pour le travail, réplique Jenna devant l'insistance de son fils.

Depuis que nous sommes passés à table, Yassine ayant eu vent du voyage de son oncle préféré pour Argentine, il nous casse les oreilles pour l'accompagner.

— D'abord c'est même pas à toi d'en décider, rétorque Yassine en la toisant du regard.

— Mais — Jenna reste sans mot devant l'impolitesse dont fait preuve le garçon. Rüzgar dis quelque chose, bon sang.

— Yassine écoute ta mère, tu ne vas nulle part, dit ce dernier en ne décrochant point ses yeux de son téléphone.

Cette dispute m'arrache un sourire. La face énervée de Jennab me fait encore plus rire. Dans sa robe jaune fleurie, elle paraît soudainement plus sombre, moins joviale. Pendant que Yassine boude en refusant catégoriquement de toucher à son petit déjeuner, sa mère, elle, quitte précipitamment la table.

Sacrée famille.

Siara et Kajal la suivent ayant sûrement deviné qu'elle y va pour pleurer.

— Hey frère ça devient sérieux, dit Karim. Tu ne vas pas consoler ta femme ?

— Laisse, elle va se calmer toute seule, répond Rüzgar, neutre.

Surprise, j'ouvre ma bouche pour parler mais la referme aussitôt. Un problème de couple qui ne me regarde pas.

— Pourquoi Jennab pleure ? Demande Ayan en tirant brutalement une chaise à côté de Yassine pour s'y asseoir.

Tout le monde reste silencieux. Nala qui est bien trop timide pour expliquer le problème à son grand frère, Yassine qui est trop énervé pour pouvoir parler, Rüzgar qui est très occupé sur son téléphone, Karim qui préfère manger et puis moi, qui suis qu'une simple invitée.

— Il se passe quoi ? Réitère plus sévèrement Ayan.

— Ça ne te regarde pas, lâché-je, irritée par son arrogance..

Aujourd'hui encore les mots m'ont échappé. Le silence qui s'installe devient pesant et le regard du loup de la maison (Ayan) me dissuade de lever la tête de mon assiette.

— Excuse-moi, j'ai pas parlé chien à ce que je sache.

Pause.

Je dépose la cuillère que je tenais et avale difficilement la bouchée que j'avais prise. Bien évidemment qu'il ne parle pas le langage des chiens, non, il n'aboie pas. Cependant, à cet instant, il vient de me traiter de chienne. La colère qui monte en moi commence à me faire perdre tous mes moyens. Mais pour qui se prend t-il ?

Karim lui dit quelque mots en arabe, ne comprenant pas une miette de cette langue, j'en déduis qu'il le sermonne.

— Arrête Ayan, ajoute Rüzgar. Ne passe tes nerfs sur elle, Hajira n'a rien fait.

— Foutez-moi la paix merde, je me contrefiche de ce qu'elle a fait ou pas. Pourquoi elle ne la ferme pas ?!

Être en colère sans agir, ça me frustre. Je me lève sans un mot et décide de monter chercher mon sac pour ne pas être en retard. Lorsque j'arrive en bas des escaliers, je me retourne violemment, comme si des chaînes me retenaient. Non, ce n'est pas moi ça. Ayan ne peut pas me faire douter de qui je suis. Peut-être qu'il est riche, indomptable, invincible mais je ne me laisserai pas piétiner par ce connard de première classe.

— Enfoiré ! Crié-je une fois à son niveau. C'est toi le chien. Sal connard.

Se levant d'un bond de sa chaise, il contourne la table pour se placer devant moi, occasionnant le debout de tous les autres et l'arrivée de celles manquantes. Les narines d'Ayan se dilatent comme celle d'un taureau signe qu'il est en colère. Très en colère.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant