Chapitre 8

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Il me regarde. Je fais la même chose. Après un regard plus que meurtrier de sa part, je décide de continuer, préférant ignorer sa présence à cause de ce qui s'est passé ce matin.

Je ne le connais pas mais je ne peux déjà plus me le voir ce type.

J'ai vraiment été bête lorsque j'ai cru qu'un homme d'une famille aussi influente allait laisser passer une humiliation pareille — selon lui.
C'est peut-être parce que j'avançais tête baissée que je ne l'ai pas vu prendre une serviette et s'arrêter devant moi. Misère.

— J'ai cru pendant un instant que tu allais déserter, dit-il avec une haine intense.

Je souris et le regarde.

— En quel honneur vous m'attendiez ? Demandé-je. Vous n'avez rien à faire avec une croqueuse de diamant.

— Écoute moi très bien car je ne compte pas me répéter.

Il avance de deux pas. Je recule de deux pas en prenant soin de m'éloigner du bord. On ne sait jamais si ce fou furieux n'est pas capable de me noyer.

— Reste à ta place, tranche t-il.

— Vous aussi vous allez m'écouter monsieur Kanh, dis-je sur le même ton en m'approchant de lui. Arrêtez de vous croire supérieur aux autres simplement parce que vous êtes... Monsieur Kanh.

— Je ne le crois pas, je le suis, réplique t-il en replongeant.

Avale de l'eau jusqu'à exploser, imbécile.

Je trouve ces yeux bizarre. Enfin, ils sont tous ce qu'il y a de normal, mais le fait qu'aucun membre de sa famille n'ait des yeux bleus m'intrigue. Des yeux aussi étranges que perçants.

***

02 : 35

C'est l'heure qu'affiche mon réveil après que des bruits persistant m'aient réveillée. Je baille et grogne. On dirait presque des pleurs — ce qui est impossible vu que les enfants dorment de l'autre côté de la maison — suffoquants. J'ai les paupières lourdes.

C'est à contrecoeur que je m'extirpe de la chaleur du lit pour poser mes pieds sur le carrelage froid. Mon pyjama cyan n'est pas assez épais pour soutenir la fraîcheur.

La main sur le poignet de la porte, j'hésite à ouvrir. C'est vrai, on ne sait pas si un voleur, des voleurs plutôt ou des agents secrets qui sont venus tuer tous les habitants de la baraque et la brûler ensuite.

Je sursaute lorsque j'entends le bruit d'un coup de poing donné au mur. La curiosité prend le dessus et je me retrouve dans un couloir sombre, dénué de toute présence. Je tâte le mur jusqu'à trouver l'interrupteur indépendant du couloir et l'allume.

Il n'y a personne.

Un son plaintif parvient à mes oreilles, mon regard se tourne au ralenti vers la porte en face de la mienne.

Ayan.

La première chose qui me vient en tête est qu'il est peut-être entrain de tuer une pauvre et innocente jeune fille. Chose qui est peu probable puisque c'est la voix d'un homme que j'entends. On dirait qu'il a mal.

Oui, c'est ça, mal !

C'est avec une démarche plus que lente que je me dirige vers la chambre de l'ogre de la maison. Est-ce une bonne idée ? Mais un peu d'inquiétude de ma part ne lui ferait pas de mal, si ?

Toc, toc.

C'est le son qu'émet ma main cognant contre la porte en bois massif. Je me doute qu'il ait entendu. Prête à taper une seconde fois, je me ravise.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant