Chapitre 1

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C'est dans une ambiance conviviale et chaleureuse que j'entame mon dîné au sein de cette nouvelle famille. Je n'arrive pas à croire que finalement je vais passer non pas le reste de l'été seulement mais aussi l'hiver à Paris. Mes parents — qui sont beaucoup trop protecteurs — ne m'ont jamais laissé voyager toute seule, à vingt-deux ans. Je ne suis partie en voyage loin d'eux qu'une fois dans un camp de vacances en hiver lorsque j'avais onze ans.

— Tu fais quoi dans la vie Hajira ? Me demande Rüzgar.

— Avocate ! Réponds-je la bouche pleine. Je suis là pour un stage.

— Qui va durer combien de temps ? Ajoute Siara.

— Six mois. Une demi-année à Paris .

Je vois Karim lever ses yeux pour les poser sur moi. J'y transperce une certaine autorité et un respect énorme qui n'apparaissent pas dans le regard de son frère qui, pourtant, est l'aîné. Du coup, la question de savoir quel âge il a me brûle la langue mais...je la ferme. Un peu de retenue, je ne suis pas chez-moi.

— Dis-moi Hajira, tu as déjà voyagé seule ? M'interroge mon hôte.

— Non jamais. Mon père est beaucoup trop protecteur pour me laisser vivre ma vie comme je l'entends et ma mère encore accrochée à ses racines.

— Ça explique l'inquiétude de ton père, finit par dire Rüzgar.

— Dîtes-moi au moins ça ne vous dérange pas que je sois là ? M'exclamé-je à l'intention de Karim.

— Non pas du tout et tutoie moi si ça ne te dérange pas.

Je hoche la tête en souriant et continue de picorer le délicieux repas qui m'ait servi. Je sens déjà ma vie devenir beaucoup plus intéressante que le trajet maison-école que j'avais en Espagne et qui a suivi son chemin à Marseille. J'ai droit à rien. Même ma petite sœur Myriam qui a seulement dix-sept ans a plus de liberté que moi. Mais quand je réfléchis platement à ce point ci, je suis forcée d'admettre que Myriam est plus mature que moi de par son comportement justement mature. Ma mère m'accuse toujours d'avoir encore cinq ans dans ma tête. Pour qu'ils me laissent venir à Paris, j'ai pleuré comme une fontaine et mon père a cédé, comme toujours.

Après le dîner royal, je suis montée dans ma chambre afin de ranger mes affaires et me reposer un peu. J'ai une liste entière de choses à faire demain et j'ai déjà hâte que le soleil pointe le bout de son nez. Ce séjour risque d'être merveilleux excepté le travail qui m'attend bien évidemment.

***

Lorsque j'ouvre les yeux, un large sourire naît sur mon visage. Je saute sur mes pieds et vais sous la douche. Aujourd'hui c'est une journée entière dédiée à Paris et à sa beauté. Après ma prière, je choisis une robe de cocktail de couleur orangée avec une seule manche. Je rassemble les cheveux en un chignon haut et manque de me perdre plusieurs fois avant d'arriver dans le salon.

J'y vois Siara entrain de boire richement une boisson fumante tout en pianotant son téléphone de dernière marque.

— Bonjour ! Dis-je une fois à son niveau.

— Hey ! S'exclame Siara en décrochant les yeux de son portable. Tu vas bien ?

— À Paris y a pas moyen que je sois malheureuse si Dieu le veut.

Elle rit et replace des mèches de cheveux derrière son oreille.

— Tu vas quelque part ? S'enquit t-elle en me reluquant.

— Oui je vais visiter, après le petit-déjeuner c'est vrai, m'empressé-je d'ajouter.

Je prends congé d'elle et intercepte Caroline. Après de brèves salutations, elle m'accompagne jusqu'à la cuisine. J'ai eu de la bave aux coins des lèvres tellement que j'ai été éblouie par sa grandeur et sa beauté.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant