Chapitre 35

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Dix ans plus tôt...

Ses bottes s'enfoncérent dans l'énorme couche de neige épaisse qui avait recouvert le chalet depuis ce matin. Hajira grimaça et avança avec peine jusqu'au muret où était sans doute assis son ami, Ray. Elle ne comprenait pas pourquoi il était venu en vacances si au final c'était pour rester tout le temps seul, à tailler dans le bout de bois qui commençait à prendre forme. Curieuse, elle avait plusieurs fois essayé de savoir ce qu'il comptait sculpter mais se heurta toujours à la fameuse phrase « Ça ne te regarde pas.» Elle gonflait toujours ses joues et faisait mine de bouder. Cependant, dès que ce garçon qui lui avait redonné goût à la vie enroulait son bras autour de ses épaules et lui faisait un bisou rapide sur ses grosses joues, elle se mettait à sourire. Depuis des années où elle eut été victime des préjugés des autres enfants de son âge sur son physique, la petite Hajira ne s'était jamais sentie aussi aimée et valorisée qu'aux côtés de ce sac de mystère nommé Ray.

« Beurk ! C'est quoi ce déguisement à faire flipper les morts !? S'étonna Ray en sursautant dès qu'il posa ses yeux sur son amie.

— J'ai froid ! Se défendit Hajira en s'asseyant à son tour sur le muret.»

Elle portait un jean épais, un pull qui augmentait sérieusement son volume. Munie de ses moufles roses, Hajira avait posé un bonnet pour protéger ses oreilles du froid et une écharpe autour du cou. Elle était consciente que ça faisait trop de vêtements mais elle avait froid. Ce matin là, le vent était particulièrement glacial et les gouttes de neige tombait à n'en plus finir recouvrant le toit du chalet, l'espace de jeux et le camion du glacier. Aucun enfant n'avait eu le courage de pointer le bout de son nez dehors, préférant tirer leurs couettes jusqu'aux visages.

« Quand même, continua Ray. Tu aurais pu faire un effort et démunier ces couleurs horribles. Un pull jaune, t'es sérieuse Ira ?

— De toute façon t'es jamais content et puis je m'habille comme je veux d'abord. Le jaune c'est beau en plus contrairement à ce pull noir que tu portes.

— Tu ne crois même pas à ce que tu racontes.

— Si ! »

Ray haussa les épaules sans rien dire et se reconcentra sur son couteau qui épluche le morceau de bois. Hajira soupira et posa délicatement sa tête sur l'épaule de son ami à qui ça ne dérangeait point.

« Tu ne m'as jamais dit d'où tu venais, dit-elle.

— L'essentiel c'est que je sois là, si tu sais d'où je viens, ton comportement envers moi ne sera plus le même alors c'est mieux ainsi.

— Qui te dit que mon comportement va changer ?

— Je le sais, c'est tout ! Tes parents ne te manquent pas ?

— Non ! De toute façon, ils n'étaient jamais à la maison. Je ne leur en veux pas mais dans l'immédiat, j'ai pas envie de rentrer à la maison. C'est plutôt ma sœur qui me manque.

— Ça doit être cool d'avoir une sœur. J'en ai pas mais j'aurais bien aimé en avoir.

— À la place, tu as un frère non ?

— Oui mais si j'avais une petite sœur, ça serait moi qui commande contrairement avec un grand frère. C'est lui qui commande.

— Mais tu l'aimes quand même ?

— Plus que ma propre vie. »

Hajira avait souri. C'était l'une des rares fois où Ray évoquait sa famille et se limitait toujours à son frère. La jeune fille avait compris sans mal l'étendue de l'amour qu'il portait à ce dernier, il était sans limite.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant