Chapitre 26

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— Hajira ?

— Oui !

Je lève les yeux du dossier que je tiens et rencontre le visage souriant de Christophe. Je soupire comme si je portais le poids du monde et me lève, prête à le suivre. Je vais vraiment chier avec cette affaire de Chris comme supérieur. Il est chiant. Il est chiant. Il est chiant. Ok, je suis chiante aussi mais pas ennuyeuse comme Chris. Ou du moins c'est comme ça qu'il est avec moi. Il faut toujours choisir les mots lorsqu'on parle, tout ce qu'il fait il veut que je le remarque etc. J'en ai marre. À peine deux jours que je suis déjà sur les nerfs.

C'est une affaire de terre. Deux frères qui se disputent le terrain de leur père. Le testament est au nom du second et le premier refuse d'entendre cela. Pourquoi tout le monde se complique la vie ainsi ? Si son père a donné ce terrain à son frère, il peut très bien aller chercher un autre. Mais non, il faut toujours qu'on dérange les gens.

— Je t'ai apporté du café !

Je le remercie et saisis la tasse bien fumante que je porte immédiatement à mes lèvres gelées. Chris prend ses aises.

— Tu devrais te reposer, depuis ce matin tu travailles.

— Non ça va ! Je réponds. Je veux clôre ce dossier le plus rapidement possible. C'est épuisant tout ça.

— Je te comprends mais une petite pose ne te fera pas de mal. On pourrait aller au restaurant du coin avec Annie et Fatima.

Je serre mon stylo et regarde l'heure sur ma montre, dix-huit heures quarante.

— Je suis vraiment navrée, on se fait ça demain si tu veux mais là je dois vraiment bosser.

— OK ! Bon je te laisse, ne te fatigue pas hein !

— C'est compris.

Il sort et le calme de mon espace de travail revient. Je pose mes lunettes de vue sur mon nez et ramène une mèche qui s'est échappée de mon chignon derrière mon oreille. Je me remets à penser à tout ce qui s'est passé depuis le gala. Mes doigts remontent jusqu'au coin de mes lèvres ou Ayan avait déposé un baiser.

Je souris légèrement et mon cœur s'emballe bien trop vite. D'ailleurs c'est ce dernier qui m'arrache mon sourire. Je suis prise de mélancolie en pensant à mes parents, mon frère et ma sœur. Je les aime tous les quatre plus que ma propre vie et savoir qu'en partant, ça leur causera un énorme chagrin, je veux juste guérir. Puis, je ne veux pas mourir sans avoir revu Ray. Il faut que je le retrouve.

Deux heures plus tard, je range tous les dossiers que je terminerai à la maison dans mon sac puis prends mon téléphone. J'ai un appel manqué de Jenna que j'ignore. Je lui parlerai à la maison.

***

En fermant la portière du taxi, je remercie Dieu d'être arrivée à la maison. Je salue les gardiens qui, avec l'habitude, ont appris à répondre.

Dans le hall, je croise Karim qui me regarde bizarrement. La scène de l'autre jour se rejoue dans ma tête et le rouge s'approprie mes joues.

— Salut ! Tu as l'air crevée, remarque t-il.

— Et comment ! J'ai juste envie de me jeter dans mon lit bien au chaud.

Il me sourit non sans me regarder encore bizarrement et s'en va. Je ne comprends pas son comportement, d'habitude il est bizarre mais pas comme ça. S'il pense que j'ai une relation quelconque avec son frère, c'est que je suis foutue jusqu'au cou.

— As Salam Aleykoum !

Je secoue la tête et regarde Ayan. Quand on parle du loup, on voit sa queue. Je souris maladroitement et répond à sa salutation. Il allait me dépasser lorsque je l'en empêche en lui prenant le bras. Ayan me regarde comme si j'étais une extraterrestre et je me racle la gorge, creusant dans mon être un soupçon de courage. C'est bizarre mais quand on ne se crêpe pas le chignon, je me sens gênée vis-à-vis de lui.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant