Chapitre 6

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— Hey salut vous deux !

C'est la première fois que je maudis Jenna avec toute sa gentillesse débordante. Je ne demandais que cinq secondes pour verser cette soupe sur la tête d'Ayan mais malheureusement pour moi, ma misérable chance à encore fait des siennes.

Je réponds à sa salutation tandis que « Monsieur je suis le roi » ne pipe pas un seul mot. Je déteste sa manière d'être. Je ne veux pas le regarder encore moins savoir qu'il est juste à côté de moi, mais dans ce cas pourquoi je n'arrive pas à détacher mon regard de lui.

— Vous êtes finalement tombés d'accord Karim et toi, sur le voyage en Arabie Saoudite ? Demande Jenna qui tire sa chaise pour s'asseoir.

— Non et puis d'ailleurs ça ne te regarde pas. Fiche moi la paix merde.

Sa réplique est froide — comme d'habitude — et vraiment détestable. Jenna se confond en silence, j'ai cru desceller de la gêne dans son regard rivé sur les lasagnes dans son assiette. La pauvre.

Je glousse assez fort pour qu'il puisse l'entendre. J'ai puisé au fond de mon être un énorme courage pour être parvenue à soutenir son regard glacial pendant cinq secondes. L'ordre est clair et étonnement bien reçu : que je ne la ramène pas.

— Je rêve ! Dis-je en roulant des yeux.

Il a dit un mot dans une langue qui m'ait inconnue avant de commencer à manger.
C'est l'arrivée de Yassine et de son père qui nous extirpe de cette ambiance désagréable.

— Bonjour Ayan ! Le révère son neveu.

— Bonjour ! Répond le concerné, sans la moindre empathie.

— Enfaite la chose est réglée, annonce Rüzgar. J'irai en Arabie Saoudite.

— Tant mieux ! Se contente t-il de lâcher.

Je prends mon petit-déjeuner à une vitesse folle. En me précipitant pour aller chercher mes affaires dans ma chambre, je manque de me manger le sol.

— Hajira, ton cooler.

Lisa me rattrape juste avant que je ne franchisse le seuil de la porte. Je la remercie d'un sourire sincère et me dépêche d'aller à ce fichu cabinet. Pourtant j'ai fait de mon mieux pour être à l'heure mais à force de ruminer ma haine contre Ayan, je vais finir par être en retard. J'ai envie de crier haut et fort que je déteste déjà cet endroit mais je n'en suis pas sûre.

Enfaite, je n'ai jamais été sûre de quelque chose. Même ma fac est un choix de ma mère tandis que ma carrière est un conseil de ma sœur. À vingt-deux ans, je ne sais pas encore si je veux prendre un appartement ou rester chez mes parents. Je suis plutôt du genre à laisser faire les choses. Adviendra que pourra, pas vrai ?

— Bonjour Laura !

— Salut Hajira. Prête pour ton deuxième jour de taff ?

Laura a toujours une énergie débordante à ce que je vois, même le matin.

— J'espère.

Je lui fais un signe de la main lorsqu'on sort de l'ascenseur et que chacune part de son côté. La vibration de mon téléphone dans mon sac m'interpelle, je le récupère et vois qu'il s'agit d'un message de ma sœur.

« Salut, c'est encore moi. Je voulais te demander entre un livre de romance à l'eau de rose et le journal d'un soldat de la deuxième guerre mondiale, que choisirais-tu ? »

Je souris. Elle a tendance à se creuser la tête pour tout et n'importe quoi, c'est vraiment mon contraire. Même si je n'ai jamais été en couple avec quelqu'un, je suis une grande fan de romance. Les papillons dans le ventre, les baisers ardents et les frissons qui nous parcourent en présence de son amant tout ça... j'aimerais le ressentir avec quelqu'un un jour.

Un Hiver à 100°(En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant