Un Hiver à 100°(En Pause)

Chapitre 34

Un silence de mort règne au sein de la voiture. Les vitres blindées sont remontées et aucun son de l'extérieur ne filtre. Pas de musique, pas de radio, aucune conversation. La tête contre la vitre, je vois Risha me faire un dernier aurevoir de la main, le paysage défilant avec elle. Bientôt, la verdure de l'île et la beauté de ses plages et maisons en paille deviennent mon centre d'intérêt

Avant-hier, nous avons eu droit à une visite guidée de l'île dans son ensemble. Nous avons pris tellement de photos que j'ai de quoi faire un album. Risha va me manquer, énormément. En sept jours, j'ai trouvé en elle une amie et une confidente. Elle m'a été d'une aide précieuse ces deux derniers jours où nous étions toujours fourrées ensemble à réellement passer des vacances. Je me suis amusée comme une petite folle et cela encore plus hier lorsque nous avons eu droit à un barbecue fait par Zacharia. Il y avait de la joie et de la bonne humeur.

J'avais bien vu que Yasmine voulait me faire des histoires parceque je cause avec son mari mais ce dernier l'a remise à sa place en un regard. J'avais souri ce qui avait attisé la colère de Yasmine. Risha et moi on s'était bien marrée. Ça se voyait qu'elle avait trop le seum mais ne voulait pas partir au risque que Risha ou moi lui piquions Zacharia. Elle avait eu une mine boudeuse toute la soirée.

Yasmine était loin d'être la seule rabat-joie. Il y avait aussi un "certain" milliardaire dont je ne citerai pas le nom qui restait en retrait. Une mine serrée était sa très fidèle compagne. Il avait l'air préoccupé. Malgré la discussion animée entre Charles et Zacharia où le premier vantait le football américain et que le second était un fan du basket-ball, il n'avait pas pipé un mot. Zacharia essayait tant bien que mal de l'insérer dans la conversation mais il s'y refusait totalement.

Nous avions passé une soirée magique. J'avais ri, j'avais parlé et j'avais même dansé avec Charles sur du jazz. En y repensant, je n'y crois toujours pas. J'ai appris qu'à travers son regard dur, se cache un homme bon et – un peu – drôle. Franchement, on ne s'était pas ennuyé avec lui, Zacharia et Risha. J'avais énormément dépensé de l'énergie lorsque la mannequine et moi avions pris part à leur discussion. Fervente admiratrice du basket-ball, je m'étais naturellement rangée du côté de Zacharia et Risha celui de Charles.  À la fin, ils avaient fini par abdiquée car enfin de compte l'avocate en moi parlait plus que la sportive.

Je m'étais un peu recluse lorsque les trois hommes ont commencé à parler du travail, de la multinationale des Kahn et de possibles investissements. Ça avait bien saoulé Risha qui avait mis fin à leur collaboration.

Bora Bora va me manquer à cause des personnes exceptionnelles que j'ai rencontré ici. Si ça ne tenait qu'à quelqu'un qui est assis à côté de moi et qui manipule une tablette, j'aurais eu une semaine pourrie. Bon il a quand même pourri une journée toute entière mais ça ce n'est rien à côté des six jours durant lesquels je me suis amusée et particulièrement ces deux derniers.

— Monsieur Kahn, votre frère ! Dit l'homme qui était assis du côté passager.

Ayan saisit le téléphone qu'il lui tendait tandis que l'homme garde ses yeux rivés sur moi. Son crâne chauve reflète quelques lumières ça et là. À le voir, on ne dirait pas qu'il a un jour eu un seul cheveux sur son crâne. Il est lisse comme un œuf. Il croise le regard de son patron et détourne aussitôt le sien.

Une conversation en arabe se déroule si vite entre les deux frères qu'on pourrait croire qu'ils se sont à peine saluer. Cependant, une chose un sûre. Ayan demeure l'insatisfait de cet échange.

Il rend son téléphone à l'homme chauve qui me jette des regards de temps à autres. Des regards qui ne me plaisent pas du tout. Il me dévisage comme un bout de viande. Je prends la télécommande posée sur la banquette et réduit l'espace entre nous en un trou noir et opaque pour lui. Ni lui, ni moi ne pourrons voir l'autre et c'est tant mieux. Je préfère les cheveux longs.