Chapitre 4 : Enfermée. ✔

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Mon corps est tellement lourd... Je suis allongée sur ce qui me semble être un lit. Je peux sentir la soie des draps sous mes mains et la douceur de l'oreiller sous ma tête. Seulement, je ne peux pas en avoir la certitude. Mes yeux refusent catégoriquement de s'ouvrir. J'ai beau user de toute ma force mentale pour entrouvrir ne serait-ce qu'une seule paupière, on dirait bien que ma force physique, elle, n'est pas au rendez-vous. Je ne me suis jamais sentie aussi faible et aussi lourde à la fois. En revanche, je suis consciente, et c'est déjà une bonne nouvelle. Contrairement à mes yeux, mes oreilles sont fonctionnelles. Des voix me parviennent de l'endroit où je suis. Je crois reconnaître celle d'Apolline, et la deuxième me dit vaguement quelque chose. Elle provient du garçon qui avait lâché quelques mots avant que je ne perde connaissance. Il parlait de poison, de je ne sais plus quoi. J'ai du poison dans les veines ?

— Combien de temps, encore ? soupire Apolline.

J'entends les talons de ses bottes claquer contre le sol et se rapprocher du lit. Apolline est juste à côté de moi, je le sens. C'est terriblement frustrant de ne pas pouvoir ouvrir les yeux afin de leur faire savoir que je vais bien, ou du moins, que je suis consciente. Car visiblement, j'ai aussi perdu l'usage de la parole... Mes lèvres restent scellées.

— D'ici demain, elle devrait pouvoir se remettre sur pieds, la rassure le garçon.

Je ne vais pas mourir, c'est déjà une bonne nouvelle ! Et si je suis censée être debout dès demain, c'est que je ne devrais plus tarder à ouvrir les yeux, non ? Je l'espère de tout cœur, parce que cette sensation d'enfermement dans son propre corps n'est vraiment pas des plus agréables.

— Je n'arrive pas à comprendre comment elle s'est débrouillée pour avoir du poison de désaltra dans les veines ! Angie et moi étions là, nous l'avons suivi durant plusieurs jours, et jamais un désaltra n'a fait son entrée sur Terre !

— Quand elle se réveillera, tu pourras lui poser la question.

— Compte sur moi !

— Mais ne la brusque pas. Attends un peu qu'elle reprenne ses esprits et qu'elle découvre notre environnement avant de la bombarder de questions.

Je ne sais pas qui est ce garçon, mais si je le pouvais, je le remercierais d'être aussi compréhensif.

— Bien sûr...  Je vais... je vais attendre un peu. Quelques secondes...

— Quelques secondes ? répète le garçon.

Je me l'imagine sans mal esquisser un sourire à ce moment précis.

— OK, c'est bon. Quelques minutes. Ça te va ?

— Ce n'est pas pour moi que tu dois le faire, c'est pour elle. Mets-toi à sa place. Elle a perdu tout ce qu'elle avait et elle se retrouve dans un monde qu'elle ne connaît pas. Tous ses repères sont chamboulés, tout ce qu'elle croyait être de la fiction est en fait devenu réalité. Elle aura donc besoin d'un peu de temps pour être d'humeur à répondre à tes questions, conclut-il.

Je n'aurais pas dit mieux. C'est comme si ce garçon pouvait lire dans mes... Oh non ! Est-ce que tout le monde lit dans les pensées, ici ? Non, impossible. J'ai souvent tendance à tirer des conclusions hâtives qui n'ont pas lieu d'être. Je décide alors de me concentrer sur l'unique conversation dans cette pièce susceptible de m'occuper l'esprit. Apolline soupire, puis finit par promettre de se contenir du mieux qu'elle le pourra.

— De toute façon, il faudra bien qu'elle y réponde. Si la reine la demande, c'est qu'elle...

— N'en dis pas plus ! la coupe soudainement le garçon. Je ne sais pas si elle est plongée dans un profond coma ou bien si... tu sais... le subconscient...

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant