Chapitre 8 : Le Siège. ✔

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Apolline me fait traverser un long couloir dallé de noir et de blanc, recouvert d'un épais tapis de velours rouge. Elle fait coulisser une porte de la même couleur, et nous voilà arrivées dans une pièce en coupole. Quelques pans de murs blancs sont présents, mais le reste n'est que fenêtre donnant sur la flore extérieure. Du moins, c'est ce que je suppose. Puisqu'il fait nuit, je ne vois pas grand-chose. Je me contente donc de contempler le ciel noir, constatant avec étonnement qu'il n'y a pas d'étoiles. Ce monde en est dépourvu. L'atmosphère pourrait sembler triste et isolée de tout, mais au contraire, j'ai l'impression d'être plongée dans un monde abyssal regorgeant de mystères tous plus étranges les uns que les autres.

— Nous sommes dans la salle d'attente, m'explique Apolline. Derrière la porte rouge là-bas au fond, se trouve le Siège. C'est ici que notre reine passe la plupart de son temps. C'est d'ici qu'elle dirige, qu'elle donne des ordres aux soldats protégeant le Majestueux, qu'elle organise les affaires du royaume et bien d'autres choses encore.

Je hoche la tête, fascinée. Autant par la pièce dans laquelle je me trouve que par les paroles d'Apolline. Une reine et ses soldats... J'ai vraiment l'impression de me retrouver des siècles en arrière, du temps des rois de France, mais la modernité présente dans le Majestueux me rappelle que ce n'est pas tout à fait ça. J'entends soudain des bruits de pas derrière la porte que m'a montrée Apolline. Puis celle-ci s'ouvre en coulissant. Et, comble de malheur, c'est Angie qui apparaît. D'un mouvement de tête à peine perceptible, il nous fait signe d'entrer. Je les suis donc en ravalant ma contrariété, et je découvre une magnifique salle, très vaste, très lumineuse, comme le reste du château. Le sol et les murs sont également recouverts de ce fameux dallage noir et blanc, et le tapis de velours rouge, lui, continue son chemin jusqu'à un immense siège où la reine nous attend. Elle est assise bien droite, les jambes croisées, ses mains reposant sur les accoudoirs. Plus je m'avance, plus je suis rassurée. Le regard de la reine est doux et bienveillant. De longs cils et un épais trait de crayon noir encadrent ses petits yeux rouges. Son visage s'adoucit dès qu'elle me voit, et elle me décoche un grand sourire. Son attitude, en revanche, contraste énormément avec l'air sévère que lui donne son chignon roux.

Apolline me donne un coup de coude et me fait signe de l'imiter. Je la regarde s'accroupir jusqu'au sol et baisser la tête, les bras s'ouvrant doucement et gracieusement, en signe de révérence. Je l'imite du mieux que je peux. Lorsque la reine nous intime l'ordre de nous relever, je remarque qu'Angie obtempère sans dire un mot. Et je dois avouer que cela me fait plutôt bizarre de le voir à genoux devant quelqu'un, en signe de soumission et d'obéissance. Il tourne son regard vers moi et secoue imperceptiblement la tête. Je me souviens alors qu'il peut lire dans mes pensées, et je rougis de colère. Il va vraiment falloir que je fasse attention à ce qui me traverse l'esprit, désormais.

— Bienvenue à Réturis, ma chère ! commence la reine, d'une voix douce et profonde. Je suis Candélaria, la reine de ce royaume. J'ai conscience de ton état d'esprit, tu dois te poser beaucoup de questions. Je te promets que tout sera plus clair dans quelques instants.

Je hoche la tête, puis elle tourne son doux regard sur Apolline et Angie.

— Je vous félicite, c'est du très bon travail ! Vous l'avez enfin trouvée ! Comment se nomme-t-elle ?

Angie regarde ailleurs, tandis qu'Apolline sourit bêtement et se pince les lèvres.

— Dois-je en conclure que vous n'en savez rien ? soupire la reine. Combien de fois vous l'ai-je répété ? La politesse d'abord, le reste ensuite.

Elle soupire de plus belle et reporte son attention sur moi. Ses petits yeux rouges me dévisagent des pieds à la tête.

— Puis-je connaître votre prénom, ma chère ?

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant