Une tête blonde et un regard bleu. C'est la première chose que je vois en ouvrant les yeux. Je suis allongée dans un lit. Mon lit. Tessia, penchée au-dessus de moi, essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux.
— Comment te sens-tu ? me demande-t-elle.
Je me relève doucement, prends quelques secondes de réflexion, avant de lui répondre :
— Faible. Je me sens faible.
Je passe une main sur mon front, les idées encore obscurcies par le souvenir de la douleur. Atroce, insoutenable, et incompréhensible. Je n'ai plus mal. Je me sens seulement faible. Comme si une grande quantité de sang m'avait été retirée du corps. Cela me rappelle le jour où Mélodie m'avait torturée. La tête me tourne encore, mais je ne souffre plus. Et c'est le principal.
— Pourquoi ne suis-je pas à l'infirmerie ?
— Zéphyr voulait t'y conduire, mais c'est moi qui l'en ai dissuadée, m'explique-t-elle. J'ai pensé que tu préférerais te réveiller ici. Je sais que tu as horreur de tout ce qui touche au médical.
Tessia a vu juste.
— Quelle heure est-il ?
— La dernière fois que j'ai regardé ta montre, il était deux heures quarante.
Ma montre ! Je l'avais oubliée. Je regarde mon poignet. Trois heures dix. Je m'extirpe des couvertures et sors du lit. Pendant un instant, j'ai eu peur que cette douleur insupportable revienne.
— Ev', tu devrais te rallonger ! Tu es restée dans les vapes toute la journée et une partie de la nuit. Repose-toi, c'est plus sûr.
— Je vais bien, Tessia. Je me sens faible et j'ai la tête qui tourne un peu, mais ça va. Ne t'inquiète pas.
Tessia soupire. Elle n'aime pas qu'on la contredise. J'attrape une paire de bottines noires dans mon armoire.
— Où est-ce que tu vas ? m'interroge-t-elle.
— Parler à Zéphyr. Et je me fiche complètement qu'il soit en train de dormir ! Il faut qu'on aille au secours des garçons, annoncé-je, enfilant mes chaussures.
— Quoi ? Maintenant ? Mais qu'est-ce que tu fiches, Ev' ? Zéphyr a dit qu'il fallait laisser passer la nuit ! Dans quelques heures, s'ils ne sont toujours pas revenus, on s'activera !
Je remonte la fermeture éclair des bottines et lui réponds :
— Quelques heures, ça peut tout changer ! Je ne comptais pas respecter l'ordre de Zéphyr. J'ai déjà perdu trop de temps en perdant connaissance.
Je me dirige à grands pas vers la porte et la coulisse. Lorsque je pose un pied dans le couloir, Tessia agrippe fermement mon bras afin de m'empêcher d'aller plus loin.
— N'y va pas, Ev' ! Tu t'es évanouie à cause d'une douleur, et personne ne sait d'où elle provient ! Et si ça recommençait ? Et si tu perdais encore une fois connaissance ?
— Cela n'arrivera pas, Tessia. La douleur a disparu.
— Si tu tiens vraiment à partir, alors laisse-moi t'accompagner ! Au moins, s'il t'arrive quelque chose, tu ne seras pas toute seule.
— Je vais seulement parler à Zéphyr, je ne risque pas grand-chose, la rassuré-je.
Tessia croise les bras sur sa poitrine.
— Je te connais, Evalina ! Zéphyr va t'interdire de partir au secours des garçons, et toi, tu ne l'écouteras pas ! Alors je t'accompagne.
Tessia est déterminée. Ma répartie ainsi que mon bon sens ont déserté. Je finis donc par acquiescer, au grand soulagement de ma sœur. Je lui fais signe de marcher silencieusement, puis nous nous aventurons toutes les deux dans le couloir principal des dortoirs. La chambre de Zéphyr étant à côté de la mienne, nous ne mettons pas longtemps à nous présenter devant sa porte. Je regarde Tessia, un peu anxieuse à l'idée d'aller déranger l'Aimant en plein milieu de la nuit. Si deux minutes plus tôt, j'étais parfaitement décidée, désormais, ce n'est plus le cas. Quand je suis confrontée à la réalité, je me dégonfle très facilement. Tessia lève les yeux au ciel et toque à la porte, avant de la faire coulisser sur le côté.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...