Un peu plus d'une semaine s'est écoulée depuis la bataille. Un mois réturien que je suis ici. Bon, pour moi cela fait presque deux semaines. Mais ici, un mois équivaut à quatorze jours. Tout me paraît extrêmement long. J'ai passé ces derniers temps allongée sur le lit de la chambre que l'on m'a attribué, à compter les secondes qui s'écoulent. Chaque fois que j'entends le tic ou bien le tac de ma montre, je cligne des yeux. Pourquoi ? Aucune idée. Je ne fais que ça de mes journées. Je ne sors de ma chambre que pour aller manger. Concernant le reste, il y a tout ce qu'il me faut dans mes appartements. Je n'adresse la parole à personne. C'est comme si j'en étais encore au même point qu'à mon arrivée ici. Je ne connais pas les Surnaturels. Je n'ai pas appris à les connaître et je n'en ai pas vraiment envie. La reine croit que je suis en phase de dépression, suite au décès de mes parents et au dépaysement. Et elle n'a peut-être pas tout à fait tort. Moi qui déteste verser une larme, je pleure désormais toutes les nuits. Le sommeil devient compliqué. Chaque soir, je me réveille en sursaut suite à de nombreux cauchemars et suis dans l'incapacité de me rendormir. Finalement, la reine avait raison. À force de repousser ce moment, voilà que celui-ci me submerge sans crier gare. Que cela me plaise ou non.
Il est actuellement 2 h 42. Je suis assise sur le bord de mon lit double, en sueur. L'image de mes parents assassinés, étendus dans le salon en flammes, ne cesse de me revenir en mémoire chaque fois que j'essaie de me rendormir. Je n'en peux plus. Je suis fatiguée, mais je ne trouve plus le sommeil. Rien que de regarder l'heure toutes les minutes sur ma petite montre me fait penser au jour où mes parents me l'avaient offerte. Les larmes coulent sur mes joues et s'échouent sur mon pantalon, que je n'ai même pas pris la peine d'enlever avant d'aller me coucher. Oui, je n'ai même plus la force de me mettre en pyjama. Je suis un cas désespéré. Une vraie masse inutile. Un coquillage échoué sur une plage. Non, même pas. Un coquillage, c'est beau. À l'heure actuelle, je ressemble plus à une loque qu'à autre chose. Les cheveux en pétard, les yeux rougis et baignés de larmes. Je ne dois pas être très belle à voir. Et comme si ça ne suffisait pas, je me mets à avoir mal à la tête. Pas en continu, mais à intervalles réguliers. En fait, je ne suis pas sûre d'avoir vraiment mal. C'est une sensation étrange, comme de petits picotements. Ça pourrait même presque être agréable si ce n'était pas aussi insistant. Peut-être que je deviens folle ? Ou peut-être le suis-je déjà ? Il serait temps que je m'en rende compte.
— Il serait plutôt temps que tu arrêtes de pleurnicher et que tu te reprennes en main.
Je sursaute, surprise, et manque de m'étaler par terre. Ai-je vraiment besoin de préciser qui est l'auteur de cette charmante petite phrase terriblement attendrissante et remplie de compassion ? Angie a passé sa tête dans l'entrebâillement de ma porte coulissante. Je l'ai déjà vu lors du dîner, je n'ai pas franchement envie de le revoir. S'il n'est là que pour me ressortir son speech sur le fait que je devrais me bouger, me reprendre en main, et patati et patata, non merci. Il peut repartir.
— Il faut que tu arrêtes de te morfondre dans ton coin.
Et voilà, c'est reparti. Il va encore me faire la morale. Je commence à croire qu'il n'a vraiment rien d'autre à faire de sa nuit. D'ailleurs, que fait-il debout à cette heure-ci ? C'est une excellente question.
— Ne songe même pas à la poser, me prévient Angie.
De toute façon, je ne comptais pas le faire. On ne peut rien savoir de lui. Il est tellement renfermé sur lui-même et mystérieux que j'ai fini par m'y habituer. Même si je dois avouer que cela déplaît à ma curiosité. Il s'attendait probablement à une réplique acerbe de ma part et il doit être bien déçu. Parce que je ne lui réponds rien et m'installe à l'autre extrémité de mon lit, afin de ne plus le voir. Je soupire, pose mes coudes sur mes cuisses, et enfouis mon visage entre mes mains.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasia«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...