Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue ici. Je suis adossée au mur blanc de la pièce en coupole, appelée également « la salle d'attente du Siège ». J'attends que la reine veuille bien me recevoir, tout en essayant de ne pas croiser le regard d'Angie. Je tente par tous les moyens de ne pas détourner mes yeux de ce soleil brillant éclairant la pièce à travers la baie vitrée. Ces derniers jours, le ciel est toujours d'un magnifique bleu. À vrai dire, je n'ai même jamais vu de nuages à Réturis. Pas une seule fois. Comme les étoiles sur ce royaume, j'ai l'impression qu'ils sont inexistants. Ce monde est décidément très étrange.
Et je suis loin d'en avoir fait le tour. J'aimerais tant sortir dehors ! Je voudrais visiter les villages qui jouxtent le Majestueux, mais je doute qu'on me donne un jour cette permission. D'après la reine, je suis bien trop précieuse pour que l'on prenne le risque que je sorte. Je déteste me sentir comme prisonnière. Je dois rester ici, à attendre un fichu plan qui me permettra – ou non – de sauver ma sœur. Mais je déteste attendre, surtout lorsqu'une vie est en jeu ! Je refuse de laisser Tessia entre les mains de la Démone une journée de plus ! Malheureusement, je n'ai aucun moyen d'y aller sans l'aide d'un draf, et j'ignore totalement comment je dois m'y prendre pour appeler une de ces bêtes.
Je me mords discrètement la lèvre lorsque je réalise ce que je suis en train de faire. Angie est proche, il faut que je fasse attention à ce que je pense. D'habitude, j'ai tout un tas de questions à lui poser ou bien de reproches à lui faire. Si je ne parle pas, c'est donc que je pense. Il le sait et n'hésitera pas à venir farfouiller dans mes pensées quand il en aura l'occasion. Je relève les yeux, tout doucement, pour m'assurer qu'il n'a rien entendu de compromettant. Mon regard s'attarde quelques secondes de trop sur son corps finement sculpté. J'ai beau savoir que je ne devrais pas le reluquer ainsi, c'est plus fort que moi, il m'est impossible de détourner les yeux. Son corps dégage une telle force... c'est sidérant.
D'ici, je peux apercevoir quelques-uns de ses tatouages qui dépassent légèrement de son tee-shirt. Je me souviens encore du jour où il avait accepté de me montrer son symbole. J'avais alors découvert qu'il n'y avait pas que celui-là d'ancré sur son corps, mais bien une dizaine, voire une vingtaine d'autres ! Si seulement je pouvais de nouveau les regarder, je pourrais peut-être comprendre ce...
— T'as fini de me mater ? m'interpelle soudain Angie, un petit sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.
Mince, c'est ce qui s'appelle être prise en flagrant délit. J'étais tellement accaparée par toute cette histoire de tatouages que je n'ai bêtement pas fait attention au principal intéressé. Si je ne réponds pas très vite quelque chose, il va s'imaginer je ne sais quoi.
— Je ne te matais pas.
Je pose de nouveau mon regard sur la baie vitrée, sentant mes joues rougir. Malheureusement, ce dernier se déplace pour venir s'y adosser, puis esquisse un nouveau sourire.
— Je ne te crois pas, dit-il.
Je soupire et détourne les yeux. Je n'en ai rien à faire, d'elle ! Mon cœur se serre à ce simple souvenir. Cette phrase ne devrait pourtant pas m'atteindre...
— Je n'aime pas quand tu fuis mon regard, continue-t-il de sa voix grave.
Mon souffle se bloque lorsqu'il se décolle de la baie vitrée et qu'il fait un pas dans ma direction. Puis un autre. Et encore un... Il s'approche dangereusement de moi, avant de finalement s'arrêter, à quelques centimètres de mon corps. Je détourne les yeux, mais me dépassant de quinze bons centimètres, c'est donc son torse que j'ai en face de moi. Et je dois avouer que c'est assez gênant. Maintenant, il va sérieusement croire que je le mate. Je me résigne donc, non sans un soupir de frustration, à planter mon regard dans le sien. Dans cette foutue couleur aigue-marine que je devrais haïr du plus profond de mon être.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...