Chapitre 24 : Absorption. ✔

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Je la regarde claquer la porte derrière elle, inébranlable. Et c'est à ce moment que je me souviens du petit objet présent dans ma poche. Sa montre. Je voulais la lui rendre et j'ai encore raté une occasion de le faire. Cette fille est arrivée à me faire oublier ce pour quoi je suis venu jusqu'ici. Elle est vraiment douée. D'habitude, rien ni personne ne parvient à me détourner de mon objectif. Mais avec elle, c'est différent. Elle arrive à faire ressortir ce que j'essaie d'enfouir au plus profond de moi. Avant, jamais je ne me serais emporté ainsi. Je fixe une fois de plus le trou dans le mur. Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps. J'ai bien cru que j'allais frapper Evalina pour sa naïveté. Elle s'expose à des risques dont elle n'a même pas idée. Elle aurait pu mourir. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi aussi brusquement. Après tout, si elle meurt, c'est son problème. Mais la reine m'a chargé de veiller sur elle, et si je n'avais pas été là, elle serait morte. Bon sang. Je presse mes paumes contre mon front et soupire. Il faut que je pense à autre chose. Je n'en peux plus d'avoir cette fille constamment dans ma tête.

Du coin de l'œil, j'observe le lit dans lequel repose Isaac. Lui aussi a bien failli mourir. Je ne voulais pas venir ici. Si je l'ai fait, c'était uniquement pour rendre cette foutue montre, pas pour voir Isaac aux portes de la mort. La culpabilité me ronge les sangs. Evalina n'a rien à se reprocher. Parce que s'il se trouvait à l'Isolement, c'est à cause de moi.

— La reine souhaiterait s'entretenir avec Evalina.

Je sursaute et tente de cacher mon étonnement face à cette voix sortie de nulle part. Ce n'est pas mon genre d'être surpris. Avec mes pouvoirs, je suis capable de sentir la présence d'une personne avant même qu'elle n'entre dans la pièce. J'ignore pourquoi je n'ai pas senti Zéphyr arriver.

— Elle n'est plus ici, rétorqué-je sèchement.

— Ah. Et... où est-elle allée ?

— Aucune idée.

Je ne sais pas pourquoi je lui réponds d'un ton si dur. Tout comme je ne sais pas pourquoi je me suis emporté contre lui tout à l'heure. Et je déteste ne pas savoir. Mais je crois que je déteste encore plus ce que je m'apprête à faire. La tension entre Zéphyr et moi devient trop pesante, je me dois d'y mettre un terme.

— Je suis désolé pour tout à l'heure, dis-je en baissant la voix, comme si j'espérais intérieurement qu'il n'ait pas entendu.

Zéphyr écarquille les yeux de surprise. Il reste immobile quelques secondes, n'en croyant probablement pas ses oreilles. Mais il se reprend vite. Il fronce les sourcils, croise les bras et s'adosse contre la porte de l'infirmerie, ne me quittant pas du regard. Je sais pertinemment ce qui va suivre. Je le connais assez bien pour ça. Il est comme un frère, pour moi.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? finit-il par demander, ses yeux bleus traquant le moindre tic de mensonge que je serais susceptible de laisser paraître si je ne fais pas attention.

— Rien du tout.

— Pas de ça avec moi, Angie ! Je vois très bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne vais pas te répéter la question, je pense que tu l'as comprise.

À ces mots, je resserre les poings et contracte la mâchoire. Puis je constate que je fais exactement ce qu'il attend de moi. Serrer les poings, contracter la mâchoire. Ce sont les choses que je fais lorsque je suis en colère. Et Zéphyr le sait parfaitement. Il me jette un coup d'œil sceptique, et je comprends d'emblée que je ne vais pas pouvoir lui mentir. Pas cette fois. Je soupire et m'adosse contre le lit d'Isaac, passant une main nerveuse dans mes cheveux. Nerveuse ? Zéphyr a raison, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. Mais le pire, c'est que je suis incapable de savoir quoi.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant