Mes yeux s'ouvrent lentement sur un espace sombre. Étrangement familier. Des toiles d'araignée dans les recoins, une fraîcheur à en faire dresser les poils sur la peau, une odeur de moisi, et des barreaux en acier. Je suis de retour à l'Isolement. Je me relève d'un bond, faisant abstraction des courbatures qui tétanisent mes muscles. Je me précipite jusqu'aux barreaux qui entravent ma liberté, et lorsque je les saisis à pleine main, la peinture qui s'écaille me vaut quelques égratignures.
— Eh ! Il y a quelqu'un ? appelé-je.
Seul l'écho de ma voix se fait entendre. L'Isolement est désert. Il n'y a personne à part moi. La Démone n'a donc pas respecté sa part du marché. À l'instant même où je me suis présentée à elle, elle s'est empressée d'envoyer l'un de ses nébors m'électrocuter. Je hurle de rage. Mes poings ne cessent de marteler les barreaux de ma cellule, seulement, je n'arrive pas à les briser comme la dernière fois. Et cela a le don de m'énerver davantage. Je n'ai strictement aucun contrôle sur mes pouvoirs ! J'essaie de me concentrer pour ressentir cette étrange sensation qui devrait me parcourir le corps afin de me procurer de la force, mais c'est peine perdue, je ne ressens que le désespoir de m'être fait avoir.
— Tu devrais économiser tes forces, annonce une voix reconnaissable entre mille. Tu vas en avoir besoin pour la suite.
La silhouette d'Harmonie apparaît en face de ma cellule. Il fait trop sombre pour la distinguer clairement.
— Où est ma sœur ? Vous aviez promis de la libérer !
— Et la Démone tient toujours parole. Ta sœur est en sécurité. Je l'ai renvoyée auprès des Surnaturels que tu as immobilisés devant mon château. Je t'avoue avoir été très impressionnée par ton initiative ! rigole-t-elle. Je ne te pensais pas si déterminée à sauver ta sœur !
— Elle est la seule famille qu'il me reste ! Comment puis-je être sûre que vous ne me mentez pas ? Je n'ai aucune preuve que vous l'avez libérée !
La Démone laisse échapper un petit ricanement, puis caresse du bout des doigts la fourche qu'elle ne semble jamais quitter.
— Je suis offusquée de constater à quel point ta confiance en moi est limitée ! Ta sœur est en sécurité. Si ma parole ne te suffit pas, tu pourras toujours t'informer auprès de tes chers amis les Surnaturels lorsqu'ils viendront ici pour tenter de te récupérer. Pour le moment, ils sont bien trop occupés à élaborer un plan d'attaque en se servant de Tessia. Au vu du temps qu'elle a passé ici, ils pensent qu'elle connaît mes points faibles. Quels idiots ! rigole-t-elle, frappant violemment le sol de sa fourche électrique.
Je me retiens de lui répondre, c'est exactement ce qu'elle attend de moi. Je ne vais pas lui donner ce plaisir... même si une question me brûle les lèvres. Comment peut-elle être au courant de tout cela ? Comment peut-elle savoir ce qui se passe à l'extérieur ? Il y a quelque chose qui nous échappe. Quoi que l'on fasse, quel que soit le plan que nous élaborons, la Démone le sait. Elle a toujours un train d'avance sur nous.
— Je veux voir ma sœur !
— Tu ne veux pas que je t'apporte du thé et des petits gâteaux, tant que tu y es ? Je lui ai rendu sa liberté, c'est déjà bien assez !
Elle caresse toujours sa fourche du bout des doigts. Qui prend un malin plaisir à caresser une arme tranchante, si ce n'est quelqu'un qui n'a plus toute sa tête ? Je suis en face d'une véritable cinglée, et qui pour l'instant, a le dessus sur moi. Super. Harmonie déploie soudain sa fourche électrisée vers la droite. Elle se met à psalmodier des paroles incompréhensibles à l'oreille humaine. À en juger par l'apparition de deux nébors à ses côtés, c'est ainsi qu'elle doit invoquer les trénones.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...