— Mélodie, attends-moi !
Des éclats de rire s'échappent de la bouche de ma meilleure amie et viennent se répercuter dans la salle de classe vide. Nous avons pu nous faufiler discrètement à l'intérieur du collège, sans qu'aucun surveillant ne nous voie. Ça n'a pas été facile. On se serait crus agents du FBI à la poursuite d'un dangereux criminel. À chaque bruit suspect, Mélodie et moi nous planquions derrière n'importe quoi susceptible de nous cacher. Et à chaque fois, je ne pouvais m'empêcher de rire. Mélodie était la seule de nous deux à prendre notre mission très à cœur. Elle mettait une main sur ma bouche quand elle voyait que j'étais au bord de la crise de rire, puis elle vérifiait que la voie était libre. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvées là, dans la classe de notre professeur de français. C'est notre première heure de cours le lundi matin. D'habitude, nous ne pouvons nous rendre au collège qu'à partir de huit heures trente. Avant cet horaire, le bâtiment est interdit. Mais malgré cette règle, Mélodie et moi avons réussi à entrer et à nous faufiler dans la salle quinze minutes avant son ouverture. Il n'y a pas un bruit. Tout est silencieux.
— Dépêche-toi, Evalina ! J'ai hâte de voir la tête de Ben quand il découvrira la petite surprise qu'on lui a réservée, glousse-t-elle en se rendant à la place où le garçon sera assis dans quelques minutes.
Je me mets à rigoler avec elle et avance silencieusement parmi les tables et les chaises. L'interdit me procure une sensation de puissance, comme si j'étais désormais capable de tout affronter. Je m'arrête aux côtés de ma meilleure amie et jette un coup d'œil sur le sac qu'elle a apporté.
— Vas-y, sors le matériel ! la pressé-je d'une voix tendue.
— Détends-toi, on a largement le temps de mettre notre plan à exécution.
— Sûrement. Mais si un surveillant nous surprend en train de coller des vieux chewing-gums mâchés sur la chaise de Ben Pettersac, on aura de gros ennuis ! Ma mère pensera que je suis devenue une délinquante et m'enverra voir un psy pour le reste de ma vie !
— Estime-toi heureuse. Moi, je donnerais n'importe quoi pour ne serait-ce qu'avoir des parents, soupire-t-elle.
Le regard de Mélodie se perd dans le vide. Et je m'en veux d'avoir sorti une chose pareille. À quoi pensais-je donc ? Mélodie est ballottée de foyer d'accueil en foyer d'accueil depuis qu'elle est née. Et moi, je me plains presque d'avoir des parents...
— Je suis désolée, Mélodie.
— T'inquiète, ce n'est rien, m'excuse-t-elle en reprenant son joli sourire. Bon, c'est parti ! Voyons voir si nos merveilleux chewing-gums sont toujours là !
Elle ouvre le sac et en sort une dizaine de papiers d'emballage Malabar. En effet, ma meilleure amie et moi avons passé le week-end à mâcher des chewing-gums, puis à les recracher et à les remettre dans leur papier d'emballage afin de les conserver pour ce matin.
Vendredi après-midi, je suis sortie du cours de sport en pleurs. Ben Pettersac m'avait humilié devant tout le monde. Il m'avait mis une raclée en boxe, puis m'avait poursuivi jusque dans les vestiaires des filles en criant à tue-tête à quel point j'étais nulle. Mélodie a eu la brillante idée de contre-attaquer. Juste après m'avoir exposé son plan, nous sommes passées dans une boulangerie acheter nos munitions, et nous nous sommes retrouvées chez elle pour commencer et finir le sachet de Malabar que nous venions d'acheter. Désormais, nous sommes à quatre pattes par terre, bravant l'interdit, pour les coller sur la chaise de Ben. Une fois le dernier chewing-gum en place, nous nous relevons, échangeant un regard de satisfaction. Mélodie referme le sac, et je lâche un soupir de soulagement. Personne ne nous a surprises.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...