Chapitre 54 : Origine douteuse. ✔

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L'obscurité, le chaos, les coups, la douleur, les hurlements. Tels sont les mots qui m'accompagnent à chacun des pas que j'effectue. Ils se collent à moi, telles des sangsues. Impossible de les éloigner. Ils refusent. Je ne sais plus où je suis. C'est le chaos total. Lorsqu'une faible luminosité parvient à se frayer un chemin dans l'obscurité étouffante, elle est aussitôt camouflée par une immense masse noire destructrice. Quelque chose me frôle le bras, et un piaillement criard se fait entendre, à quelques millimètres seulement de mon oreille. Je secoue les mains pour tenter d'éloigner le plus loin possible ce qui se trouve à mes côtés. Lorsque je pense m'en être débarrassée, un second piaillement criard se fait entendre. Puis un autre, et cela ne s'arrête plus. Bientôt, de multiples écorchures se font une place sur ma peau. J'ai beau tenter d'éloigner le danger, on dirait qu'il revient toujours plus fort. Je reçois soudainement quelque chose d'affreusement collant sur moi, qui me propulse au sol. Lorsque je tente de me relever, c'est comme si une masse lourde voulait me maintenir à terre. Je suis perdue. Brusquement, une lumière rouge apparaît, si vive et si rapide que je suis presque persuadée de l'avoir imaginé. Elle laisse place ensuite à un brouillard de la même couleur. Celui-ci grandit de seconde en seconde. Les piaillements s'affolent. Des bruits de chutes retentissent. L'immense masse noire destructrice est toujours là. Elle se dresse, menaçante, et vient étouffer le brouillard. C'est une véritable guerre qui se livre sous mes yeux, et je suis incapable de me relever. La lueur rouge disparaît. Un long hurlement déchire l'air pesant de la pièce. La douleur me coupe le souffle. Je ne peux plus respirer. Une puissante décharge me parcourt le corps et le broie en mille morceaux. Mes paupières se ferment sous la douleur, laissant l'obscurité devenir vainqueur de ce combat.

J'ouvre les yeux, le cœur battant à tout rompre, le corps tremblant. Je crois que c'est l'un des pires cauchemars de toute ma vie. J'en ai encore des sueurs froides. Je tourne la tête à droite, constatant que Tessia n'est plus à mes côtés. Un sentiment de peur s'instaure en moi, avant de s'estomper lorsqu'un bruit d'eau qui coule m'arrive aux oreilles. Elle est dans la salle de bains. Je peux à nouveau respirer. Je repousse les couvertures et pivote afin de poser mes pieds sur le parquet. Mais lorsque je me mets debout, la douleur de mon cauchemar revient me paralyser le corps et me couper le souffle. Je m'immobilise, portant une main tremblante à mon ventre. Je prends le temps de laisser quelques secondes défiler, attendant que la douleur s'en aille. Sur le coup, ça m'a fait vraiment très mal. Désormais, je ne sens presque plus rien, sauf si j'appuie sur mon ventre. Je m'abstiens donc d'y toucher.

Je me dirige lentement vers l'armoire de la chambre pour l'ouvrir. Lorsque je fais passer mon débardeur par-dessus ma tête afin d'enfiler autre chose, trois bleus violacés présents sur mon ventre attirent mon attention. Ça, ce n'est pas normal. J'attrape de nouveaux vêtements noirs et les enfile à la hâte. Même s'ils ne me font plus mal, je ne vais pas pouvoir garder ça pour moi. Il faut que j'en parle à quelqu'un. Mais à qui ? Sûrement pas à la reine et à Ombelline. Si seulement Angie et Isaac étaient rentrés... Avec un peu de chance, peut-être sont-ils déjà de retour ? Et qui plus est, avec Raven ?

— Tu es réveillée ! s'écrie Tessia, coulissant la porte de la salle de bains.

Elle comble la distance qui nous sépare pour me serrer fort dans ses bras. Je passe mes doigts dans ses boucles blondes et soyeuses, constatant à quel point elle a grandi durant ses longs mois. Avant, sa tête m'arrivait au niveau du buste. Désormais, elle m'arrive au menton. Elle a également pris un an de plus. Et dire que je n'ai même pas pu être présente pour ses quatorze ans... Ça me fait mal au cœur d'imaginer ce qu'elle a dû endurer ce jour-là, avec Mélodie.

— À quoi penses-tu ? me demande-t-elle, se détachant de moi pour me regarder fixement dans les yeux. Tu as l'air soucieuse.

Je décide de ne pas lui mentir et de lui dire ce qui me tracasse. Qui plus est, cela va me permettre de l'interroger sur ce qu'elle a vécu à l'Imposant.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant