Chapitre 46 : Mélodie. ✔

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Une sombre pièce. Un berceau poussiéreux, vieilli par les années. Une atmosphère lugubre, bien pire qu'une petite ruelle sombre un soir de pleine lune. C'est de nouveau le paysage sur lequel mes yeux s'ouvrent. Je me lève, mais étrangement, je me sens plus faible que d'habitude. Je scrute attentivement le reste de la pièce. Je sais que je ne suis pas seule. Elle est là. Je la sens. Je ne saurais l'expliquer. Je sais seulement que je me sens plus forte. Et bien, aussi. Oui, le pire c'est que je me sens bien.

— Tu m'as impressionnée, Evalina. Je ne pensais pas que tu irais au bout de ce que j'avais prévu.

Mélodie. Cette dernière sort de l'ombre d'un recoin de la pièce. Ses talons claquent et résonnent sur le sol froid, à mesure qu'elle se rapproche de moi. Tout comme les autres fois, elle est habillée de manière très royale, très princière. Elle porte une longue robe noire, à ras le coup, avec par endroits de la fine dentelle lui recouvrant partiellement les mains. Sa ceinture en cuir noir lui enserre sa taille de guêpe et est pourvue d'un crochet qui maintient sa dangereuse fourche électrisée. Elle porte de grandes boucles d'oreilles en or et ses cheveux bruns sont attachés en une tresse cascade, mettant parfaitement en valeur son fin visage. Ses yeux, d'un marron profond – sans doute leur vraie couleur – sont entièrement maquillés de noir, ainsi que sa bouche. Sa peau n'en ressort que plus blanche.

— Mais je dois dire que je n'en attendais pas moins de toi, continue-t-elle. Je savais que tu reviendrais me voir tôt ou tard.

— Tu vas me faire avaler le fait que tu avais tout prévu ? L'ordre de la reine concernant les menottes d'Isaac, la poudre de pavot qu'Ombelline s'apprêtait à lui administrer, et le fait que je l'en empêche de cette manière ? Tu veux me faire avaler tout ça ?

— Précisément, affirme-t-elle, un grand sourire plaqué sur son visage.

Je déglutis. Devrais-je la croire ? C'est exactement son genre. Tout prévoir dans ses moindres détails. Mélodie a toujours été calculatrice. D'aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été prévoyante. Toujours du genre à avoir un plan de secours. Comme si elle s'y attendait. Maintenant que je suis ici, un seul mot tourne en boucle dans ma tête : Tessia.

— Où est-elle ? demandé-je, sans perdre de temps avec les politesses qui ne sont clairement pas de rigueur.

Mélodie sourit. Ses doigts, terminés par de longs ongles vernis de noir, viennent rejoindre sa fourche électrisée, jouant avec les trois petites pointes aux extrémités. Quelques gouttes de sang rouge écarlate tombent silencieusement sur le sol froid.

— Tu t'es bien battue. Je t'avais demandé d'éliminer au moins un de mes trénones, et je suis heureuse de constater que tu ne t'es pas arrêté à ce chiffre !

Mélodie marque une pause pour laisser son rire percer le silence de la sombre et lugubre pièce, puis elle reprend :

— Tu les as presque tous éliminés. Mais après tout, c'est logique. Mon sang coule dans tes veines.

— Quoi ?

— Oh, pas au sens propre ! Tu t'en doutes, ricane-t-elle, repoussant ses cheveux bruns d'un geste nonchalant. Tu as dû entendre parler de la toute première Gémone, qui d'ailleurs, portait ton prénom. C'est elle qui a tout créé ! Même la Démone. Sans le vouloir, bien entendu ! Mais c'est arrivé. Nous descendons tous de la première Gémone, à des degrés différents. Toi, moi, les Surnaturels, et même les monels. Cependant, la Démone n'était autre que sa sœur jumelle. Donc dans un sens, mon sang coule dans tes veines. Tout comme le tien coule dans le mien ! crache-t-elle avec une mine de dégoût.

— Je me fiche de ta leçon d'histoire. Ce que je veux, c'est que tu me dises où est ma sœur, lui rappelé-je. J'ai respecté ma part du marché, à toi de respecter la tienne !

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant