Chapitre 61 : Bannissement. ✔

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— Isaac ?

Je me fige de la tête aux pieds. Je reconnais cette voix. Et Isaac aussi. La voix de ma sœur a instantanément réussi à faire pencher la balance. Ses yeux s'éclaircissent de nouveau. J'étais tellement accaparé par la catastrophe qui menaçait d'éclater que je n'ai pas fait attention aux nouvelles arrivantes. La sœur d'Evalina a conduit la mienne jusqu'à nous. Je suis troublé de la revoir, debout et en pleine possession de ses moyens. Lorsque je l'ai récupérée des griffes de Kierân, elle était endormie. Et Isaac, dans le coma. C'est donc la première fois qu'ils se revoient.

— Par Réturis, c'est vraiment toi ? s'exclame Eva, avançant d'une démarche hésitante jusqu'à lui. Je reconnais tes yeux.

Elle n'aurait sûrement pas dit la même chose si elle l'avait vu quelques secondes plus tôt, avant qu'elle n'intervienne. Désormais, c'est comme si le comportement agressif d'Isaac n'avait jamais existé. Il est de nouveau lui-même. Et il regarde ma sœur exactement comme il la regardait avant. Comme si elle était la créature la plus merveilleuse du royaume. Comme s'il n'existait qu'elle. Je n'aime pas qu'il la regarde ainsi.

— Je... je suis en train de rêver ? murmure Isaac.

Eva laisse échapper un faible rire et prend le visage d'Isaac entre ses deux mains, précautionneusement, craignant que ce dernier la repousse. Mais il la laisse faire.

— Est-ce que ce contact a l'air assez réel ? demande-t-elle, ses grands yeux verts plongeant dans les siens.

Le fait qu'elle le regarde lui, mais qu'elle ne m'ait accordé aucune attention me rend dingue. J'en viens presque à être jaloux d'Isaac.

— Je te pensais... Je te croyais morte, articule-t-il difficilement.

Eva secoue la tête et caresse du bout des doigts la barbe naissante sur le visage d'Isaac. Je dois me retenir pour ne pas céder à cette brusque envie de les séparer immédiatement.

— Et moi, je pensais que la Démone t'avait tué.

Isaac passe une main dans les longs cheveux blonds de ma sœur, et elle n'attend pas une seconde de plus pour se jeter à son cou. Elle enroule ses jambes autour de sa taille, et ce dernier la maintient fermement contre lui. Je ne sais pas comment je fais pour me retenir. Quelques minutes avant, j'aperçois Isaac à une très faible distance du visage d'Evalina, et maintenant, c'est avec ma propre sœur qu'il a cette attitude.

— C'est bon, vous avez fini ? Ce n'est pas vraiment un lieu approprié pour des accolades de cette envergure.

J'aurais pu me sentir soulagé que cette phrase soit sortie d'une bouche autre que la mienne. J'aurais pu l'être, si cette phrase ne venait pas d'Evalina. Je laisse glisser mon regard jusqu'à elle. Elle est à côté de moi, je peux donc observer sans problème la couleur de ses yeux qu'elle ne parvient pas à camoufler. Je constate également que ses poings sont serrés, chose qu'elle ne fait quasiment jamais. Je ne sais pas quoi en penser. Rectification, j'ai peur d'admettre ce que je pense. Que sa colère brute ne soit que le fruit d'une jalousie cachée. Eva et Isaac se séparent, non sans mal, et se tournent vers Evalina. Même Zéphyr et Apolline la dévisagent d'un drôle d'air. Ma sœur s'éclaircit la gorge et déclare :

— Je te cherchais.

Evalina fronce les sourcils.

— Je voulais m'excuser pour mon comportement à l'infirmerie, continue Eva. Je n'ai pas été correcte. Toutes les choses horribles qui me sont arrivées dans ma vie ne sont pas uniquement de ta faute. C'était lâche de ma part. Je sais que tu ne connaissais même pas l'existence de notre royaume il y a de cela quelques mois. Je fais difficilement attention à ce que je dis lorsque je suis en colère, alors j'espère que tu pourras tout de même me pardonner.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant