Chapitre 6 : Étrange. ✔

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Je suis réveillée par le vibreur de mon portable. En consultant ce dernier, je m'aperçois que Roxana a plusieurs fois tenté de m'appeler. Elle m'a aussi envoyé un message pour m'informer qu'elle et le reste du groupe passeraient me prendre à quatorze heures afin de passer l'après-midi au parc. Je jette un coup d'œil à l'horloge du salon et réalise qu'il ne me reste plus que quinze minutes avant qu'ils n'arrivent. Je monte directement dans ma chambre, sans me soucier du fait que je me suis réveillée dans le salon. J'étais si fatiguée que j'ai dû m'endormir sur le canapé. Je me prépare en vitesse, surveillant l'heure du coin de l'œil. Dans ma hâte, je casse le manche de ma brosse à cheveux et cause un renfoncement dans le mur lorsque j'ouvre la porte de mon armoire. C'est quoi ce délire ? Je reste là, les bras ballants, sans trop comprendre ce qui m'arrive. Et puis la sonnette retentit. J'enfile mes vêtements aussi vite que je peux et déboule les escaliers pour ouvrir la porte. Raphaël me fait face. Je suis surprise. Ses yeux bleu sombre ont disparu pour laisser place à des yeux dorés. Mais ce doit être le soleil. Raphaël me parle comme si de rien n'était, comme si rien n'avait changé entre nous, comme s'il n'avait pas tenté de m'embrasser la veille, et j'en conclus qu'il a certainement dû oublier. Merci l'alcool.

Lorsque je rejoins le reste du groupe dans la petite voiture de Mehdi, j'hésite à partir avec eux. Tous arborent cette étrange couleur d'yeux. Ce n'est donc pas l'effet du soleil. Raphaël sur ma gauche, Roxana sur ma droite, Mehdi au volant, et Mélodie sur le siège passager. Tous. C'est moi qui ai un problème ou bien eux ? Pour le moment, je décide de ne rien dire. Mehdi démarre la voiture, et quelques minutes plus tard, nous voilà au parc. Je prends soin de garder la tête baissée pour ne pas croiser le regard des passants. Cette couleur me rend folle, cela commence sérieusement à m'angoisser. Mélodie choisit un coin tranquille, puis déplie une couverture afin que nous puissions nous asseoir sur l'herbe.

— Tiens, ton cadeau, dit Roxana en me tendant un paquet. Je suis désolée, avec les événements d'hier, j'ai complètement oublié de te le donner.

Mon amie m'offre un collier. Mais pas n'importe lequel. Une clé de Sol, sertie de petits diamants et de quelques pierres de saphir par-ci par-là. J'en reste bouche bée. Je suis si heureuse que je n'arrive pas à trouver les mots pour lui exprimer le bonheur qui m'habite à cet instant précis. Alors je la prends dans mes bras. Roxana est déconcertée par mon geste, pour la simple et bonne raison que je ne fais que très rarement de câlins. Les marques d'affection m'ont toujours mise extrêmement mal à l'aise. Ce n'est pas mon truc. Même si j'aime profondément la personne en face de moi, j'ai toujours énormément de mal à l'exprimer. Ce collier, nous l'avions vu ensemble lorsque nous étions allées faire du shopping, un jour. Je l'avais repéré dans une magnifique bijouterie. Et, bien évidemment, mon extase était vite redescendue lorsque j'avais regardé le prix. Ce pendentif coûte les yeux de la tête, pourtant, Roxana est parvenue à me l'offrir. Elle m'explique que son père, gérant d'une bijouterie, travaille pour la même compagnie que celle où j'avais repéré le pendentif, et qu'il a donc pu l'obtenir pour moins cher. Accepter un aussi beau cadeau me gêne, mais Roxana semble si contente que je n'ose pas le lui retourner. Je la remercie autant de fois qu'il me semble nécessaire de le faire. Et puis, je commets la bêtise de regarder dans ses yeux. Ses yeux dorés. Je suis incapable de détourner mon regard du sien. Ses lèvres bougent, sûrement pour prononcer mon prénom, mais je n'y prête pas attention. Un flot d'images m'assaille brusquement. C'est comme si j'étais déconnectée de la réalité. Je vois tout d'abord une grande pièce spacieuse, richement décorée. Le sol est dallé de noir et de blanc, et de grands rideaux rouges occupent les pourtours des murs. La pièce s'évanouit ensuite pour laisser place à une fourche. Puis la silhouette de Roxana apparaît dans la foulée, les genoux sur le sol, le dos cambré et la bouche ouverte, comme si quelque chose d'horrible lui traversait le corps. Ce flot d'images s'interrompt aussi vite qu'il est apparu.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant