Surnaturels Tome 1 : Mystères.

Chapitre 48 : Le Noctis. ✔

— Bienvenue à Xulumis, capitale de Réturis ! déclare Zéphyr, ouvrant les bras d'un geste ample.

J'ouvre les yeux. Quelques secondes plus tôt, je me trouvais dans un vieux village abandonné, décrépit, à en donner la chair de poule. Il m'a suffi de me positionner aux pieds d'une vieille église et de penser très fort au mot Xulumis pour passer outre le bouclier qui la protège. Désormais, le paysage n'a strictement plus rien à voir. La capitale est divisée en deux parties. La nature qui prend tous ses droits en bas, et la ville, qui est située sur d'immenses plateformes dans le ciel. Au sol, mes bottes à talons foulent l'herbe, et je remarque qu'une petite colonie d'insectes passe son chemin. À première vue, cela ressemble à des coccinelles, mais en bien plus grosses. Elles sont aussi rouges, à pois noirs, et munis d'ailes. Seulement, il y a trois imposantes cornes qui ornent le devant de leur tête, ainsi que des dents acérées. Je m'écarte vivement. Leurs petites dents ne me disent rien qui vaille. En les regardant de plus près, je m'aperçois que leur corps rond et rouge vire brusquement au noir.

— Tu les as mises en colère, m'informe Maximilien. Ne t'en fais pas, elles ne sont pas dangereuses ! Du moment qu'il n'y a pas de vent, tu n'as rien à craindre.

Je le regarde sans comprendre. Et ça doit se voir, vu la tête amusée des autres.

— Ce sont des ventoux, m'explique Zéphyr. Elles sont complètement inoffensives. Simplement, elles n'aiment pas se sentir observées. Si par malheur tu les mets en colère lorsqu'il y a du vent, elles peuvent créer une mini-tornade tout autour de toi pour te faire payer le tort que tu leur as causé. Ça ne dure pas longtemps, mais ce n'est pas très agréable. Donc, un conseil, ne les fixe pas !

Je tâcherai de m'en souvenir. Zéphyr me fait signe d'avancer, ce que je m'empresse de faire. Bastian et Edden sont en tête et ne cessent de discuter depuis que nous sommes partis du Majestueux. Maximilien les suit, touchant de temps à autre quelques mots à l'oreille d'Isaac qui le suit de près. Ce dernier ne m'a pas adressé un seul regard depuis qu'il m'a embrassé. Depuis que nous sommes partis du Majestueux, il respecte très bien sa parole. Il prend parfaitement ses distances, ce qui agrandit mon pincement au cœur.

Angie non plus ne m'adresse pas un seul regard. Il doit toujours être en colère contre moi. Et je suis toujours en colère contre lui. Ce dernier se déplace aux côtés de Zéphyr. Je crois que l'Aimant tente par tous les moyens de le faire parler, mais cela semble se conclure par un échec cuisant à chaque tentative. Je me retrouve donc seule, derrière tout le monde, à ruminer ma colère contre Angie et Isaac. C'est ridicule.

Pour oublier toute cette rage qui boue en moi, je me concentre sur le paysage qui m'entoure. J'ai hâte de monter sur ses plateformes pour découvrir les immenses tours lumineuses que j'aperçois dans le ciel. Là où je me trouve, tout est fait de verdure et d'animaux étranges. Certains ressemblent à ceux présents sur Terre, mais presque à chaque fois, il y a une dissemblance. Comme pour ces animaux qui sortent actuellement d'un terrier sous terre. Ils ressemblent fortement à des lapins. Ils se déplacent en bondissant, ont quatre pattes, deux grandes oreilles, un petit museau qui frétille, mais ils sont plus grands que ceux qui peuplent ma planète d'origine. Et la couleur de leurs poils n'a rien à voir. Bleu et orange pétants.

— Evalina, on attend plus que toi ! me crie Zéphyr.

Je détache mes yeux de ces étranges lapins et rejoins les Surnaturels sur la plateforme en lévitation. Je monte dessus avec précaution. Cette base est constituée de carrés de toutes les couleurs, qui s'illuminent sous mes pas lorsque j'avance pour me rapprocher le plus possible des autres. Zéphyr enclenche alors un interrupteur rouge encastré dans le sol, et la base se met à monter à une vitesse plutôt rapide. Les autres ont l'air de trouver cela tout à fait normal. Moi, je trouve ça dangereux. Il n'y a pas de barrières sur ce truc !