Chapitre 42 : Un lien étrange. ✔

21.5K 1.5K 1.2K
                                    

— Tu te sens mieux ? me demande Isaac, le menton posé sur mon crâne, une main caressant mes cheveux d'un geste réconfortant.

Je me recule, embarrassée lorsque je constate l'état de son tee-shirt. Je me mords la lèvre et articule :

— Désolée pour... pour ton tee-shirt.

Isaac esquisse un sourire en coin.

— Des tee-shirts, ce n'est pas ce qui manque, me répond-il, quelque peu amusé par ma remarque. Tu n'as pas répondu à ma question.

Je fronce les sourcils, avant de me remémorer ladite interrogation. Est-ce que je me sens mieux ? Je n'ai pas envie de lui mentir.

— Non, articulé-je, la gorge serrée.

Non, je ne me sens pas mieux. Tout ce que je veux, c'est partir immédiatement pour aller retrouver Tessia. Et lorsque ma conscience me rappelle que je ne peux pas y aller, cela ne fait que nourrir un peu plus ma frustration. Je n'ai aucune idée de l'endroit où elle se trouve. Ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Impossible.

— Tu n'iras pas mieux tant que ta sœur ne sera pas parmi nous, soupire Isaac. Je peux sentir ta frustration.

— Comment fais-tu ? l'interrogé-je. C'est une technique d'absorption ? Tu peux sentir ce que les autres ressentent lorsque tu t'apprêtes à absorber un sentiment ? Parce que si c'est ça, je préfère te prévenir tout de suite, je ne veux pas que tu me prennes quoi que ce soit !

— Quoi ? Non, ce n'est pas ça du tout ! Je n'absorberai jamais l'un de tes sentiments sans ton consentement, Evalina. Jamais. Je ne discerne pas ce que les autres ressentent, ça ne m'arrive qu'avec toi... Et je ne sais pas pourquoi.

Ça ne lui arrive qu'avec moi ? Il doit y avoir une explication. Je m'apprête à prendre la parole, lorsqu'un souvenir soudain me replonge dans mes réflexions. Isaac ne ressent pas que mes sentiments ou mes émotions, il ressent également ma douleur. Après la première effraction de rêve, j'avais eu affreusement mal au dos. Et Isaac l'avait senti.

— Actuellement, je peux sentir ton trouble, m'avoue-t-il. J'ai sûrement dû soulever chez toi beaucoup d'interrogations auxquelles tu n'as pas de réponse.

Oui, c'est exactement ça. Il a causé une agitation désordonnée dans mon esprit, mais cela ne fait rien d'autre qu'attiser ma curiosité. Je suis intriguée. Devrais-je lui dire qu'un lien vibrant s'active lorsque je le cherche, et que je n'ai qu'à suivre ce chemin pour arriver jusqu'à lui ? Ça le rassurerait peut-être de savoir qu'il n'est pas le seul à ressentir des choses bizarres. Mais j'hésite à lui en parler. Je ne sais pas si c'est une très bonne idée. Peut-être que ça l'inquiéterait encore plus qu'il ne l'est déjà.

— Comment cela marche-t-il ? finis-je par demander, curieuse. Comment fais-tu pour réussir à distinguer mes sentiments des tiens ? Pour ne pas les mélanger ?

— C'est... difficile à expliquer. Ça peut être très simple, comme très compliqué. Tout dépend du sentiment. Si tu ressens autre chose que ce que je ressens moi, comme la peine, alors que je n'ai aucune raison d'être triste, je sais que ce sentiment vient de toi. Dans ce genre de cas, c'est très simple de faire la différence.

Il s'interrompt, le temps de trouver ses mots.

— Mais si tu ressens la même chose que moi, comme ton inquiétude pour Cassie et Tessia, c'est plus compliqué. Souvent, c'est lorsque je m'éloigne et que le sentiment devient plus faible que je comprends qu'il venait de toi. Et donc à l'inverse, si je me rapproche, il grandit. C'est comme ça que j'ai su lorsque tu étais inquiète pour Tessia. Ce qui est plutôt logique, termine-t-il, se passant une main nerveuse dans ses cheveux bruns déjà bien décoiffés.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant