Je me trouve dans la salle d'attente. Ou du moins, une pièce en coupole lumineuse où je suis censée patienter afin que la reine me reçoive. Que la reine veuille s'entretenir avec moi me fait un peu peur. Je ne vois pas de quoi elle souhaite me parler. Je pensais que l'on s'était tout dit, hier. Peut-être que la reine a décidé de me réprimander pour mon impertinence envers Angie ? D'ailleurs, celui-ci est adossé contre l'un des murs en verre en face de moi. Il est comme d'habitude. Bras croisés, visage impassible, regard posé sur ma silhouette sans la moindre trace d'émotion. À croire que notre échange dans le Jardin Abyssal n'a jamais eu lieu. Soudain, il tourne la tête vers la gauche. Des bruits de pas nous parviennent de derrière la porte. Puis celle-ci coulisse sur l'un des gardes royaux vêtus d'une armure entièrement noire, qui nous invite à entrer au Siège. Angie me fait signe de le suivre, et je m'avance donc derrière lui jusqu'à cet immense fauteuil doré, où la reine est confortablement installée. Encore une fois, son petit nez retroussé, ses petites lèvres pincées, ses taches de rousseur et ses cheveux roux me rappellent quelqu'un. Mais je ne sais pas qui. La couleur de ses yeux se rajoute à cette impression de déjà-vu. Hier, ils étaient rouges. Désormais, c'est une très jolie couleur bleue qui les remplace.
D'un froncement de sourcils à peine perceptible, Angie me fait signe de l'imiter. Je m'accroupis jusqu'au sol, baisse la tête et ouvre mes bras lentement et le plus gracieusement possible à l'horizontale. La reine nous demande de nous relever. Et je sais bien que je ne devrais pas penser à ça, mais cela me fait toujours aussi bizarre de voir Angie faire la révérence en gage de sa soumission. Ce dernier me fusille du regard. Je comprends une fois de plus qu'il a capté mes pensées. Et j'en ai plus qu'assez qu'il le fasse ! J'ai l'impression de n'avoir aucune vie privée, ici !
— Merci de l'avoir conduite jusqu'ici, commence la reine à l'attention d'Angie. A-t-elle commencé à s'entraîner ?
— Oui, répond-il. Nous avons commencé par une course d'obstacles. Elle a battu le record d'Edden, elle a fait moins d'une minute. J'ai pu tester ses réflexes, qui sont très bons. Puis j'ai répondu à ces questions. Nous n'avons pas encore eu le temps de nous mettre au combat, termine-t-il.
— Un record de battu ? Ça ne devrait pas m'étonner, vu ses antécédents..., murmure la reine.
— Mes antécédents ? répété-je.
— Oh, ne fais pas attention à ce que je dis ! se rattrape-t-elle. Ombelline m'a appris que tu ne voulais pas t'entraîner, aujourd'hui. Tu penses que ta place n'est pas ici ?
— Oui. Enfin non ! rectifié-je. Je ne sais pas. Je... Zéphyr a répondu à ma place, mais je pense être tout à fait apte à me battre !
— Bien. C'est très bien, sourit-elle. Nous avons besoin de combattants comme toi. Mais tu n'es pas obligée de t'entraîner aujourd'hui, ne t'en fais pas ! J'ai appris ce qui était arrivé à ta famille, et j'en suis profondément navrée. Vraiment. Tu peux prendre tout le temps qu'il te faudra pour t'en remettre. Je comprendrais.
L'évocation de ce souvenir invite mon cœur à marteler ma poitrine comme un fou. Pourquoi la reine me parle-t-elle de cela ? Je fais tout pour ne pas y penser. J'essaie de ne pas me remettre à pleurer. J'essaie tant bien que mal de me contenir en public. Je n'aime pas laisser libre cours à mes émotions, les laisser m'envahir et prendre toute la place qu'il leur faut pour s'exprimer. Mais je déteste encore plus le faire devant quelqu'un. Si je dois pleurer, ce sera toute seule, sans personne pour me voir. Alors je plisse très fort les paupières pour empêcher les larmes de jaillir. Je serre les dents et les poings pour me contenir. J'essaie de reprendre le contrôle de mes émotions.
— Tu sais ma chère, il ne faut pas avoir honte de pleurer. Plus tu empêcheras les larmes de couler et plus tu te sentiras mal au fond de toi. Il faut laisser ta peine s'exprimer, peu importe où et quand. Dès que tu en ressens le besoin, fais-le. Tu ne réussiras jamais à faire le deuil de tes parents et de ta sœur si tu ne te permets pas de les pleurer.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...