— Qu'est-ce qu'ils font ?
— Aucune idée, me répond Isaac, haussant les épaules.
— Tu es là depuis tout à l'heure et tu n'en as aucune idée ?
Il hoche la tête.
— Ils n'ont pas voulu me laisser rentrer, je sais simplement qu'ils discutent. Comme toi, je ne suis pas un Surnaturel, ils m'ont donc mis à l'écart. Mais ça ne me dérange pas. Les discussions interminables, ce n'est pas mon truc.
J'esquisse un sourire amusé et reporte mon attention sur la porte rouge, attendant vainement qu'elle coulisse et que quelqu'un nous fasse signe d'entrer. Mais toujours rien. Je soupire et laisse mon regard dériver sur le paysage que j'aperçois à travers le mur en verre. Le ciel est tout aussi bleu que les jours précédents. Le soleil de l'après-midi darde ses rayons chauds sur l'herbe tendre et fait ressortir l'éclat des fleurs décorant ce parterre ensoleillé.
La salle d'attente du Siège est l'une de mes salles préférées dans ce château. La pièce est blanche, lumineuse, et je peux observer l'extérieur qui me manque tant. Je n'ai pas beaucoup l'occasion de sortir. Je suis obligée de rester cloîtrée au Majestueux, à tenter d'apprendre diverses techniques de combat. Observer quelques minutes l'extérieur et m'imaginer l'air frais me fouettant le visage est suffisant pour me redonner un semblant de sourire.
— Je me demande vraiment de quoi ils peuvent parler. C'est peut-être à propos de ta sœur ? suggère Isaac.
Je fronce les sourcils.
— Ils ne t'ont rien dit ? C'est à propos de Cassie. Apolline a trouvé un moyen de lui rendre sa mémoire. D'après Angie, la reine a besoin de tous les Surnaturels pour en discuter.
— Non, personne ne m'a rien dit, murmure Isaac, comme pour lui-même.
Je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la peine pour lui. Les Surnaturels et Candélaria ne lui font pas confiance. Ils le mettent de plus en plus à l'écart. Et aujourd'hui, je le suis également. Après avoir quitté la Colombe avec Angie, j'ai compris qu'il était vital que je reste ici, dans la salle d'attente du Siège.
— Tu sais comment elle va procéder, pour rendre la mémoire à sa sœur ? m'interroge Isaac.
Je secoue la tête. Je suis peut-être au courant de ça, mais pas du reste. J'ignore pourquoi Angie a catégoriquement refusé de me mettre au parfum. L'idée d'Apolline n'a pas l'air de lui plaire. Pendant tout le trajet, de la Colombe jusqu'au Siège, Angie n'a pas prononcé un seul mot. Il était tendu. Ce n'est qu'avant de rentrer dans la salle qu'il m'a précisé gentiment – mais fermement – que je devais rester ici. Isaac était déjà là, sans que je ne sache pourquoi.
— Pourquoi es-tu ici, Isaac ? La reine t'a fait demander ?
— Oui. Elle m'a convoqué avant que les Surnaturels n'arrivent tous. Elle voulait me poser certaines questions.
— Certaines questions ? répété-je, attendant qu'il poursuive.
Mais il reste silencieux. Son regard chocolat s'assombrit doucement. Il se laisse glisser contre l'un des seuls pans de mur blanc présent dans la pièce en coupole, jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol. Il ramène ses genoux jusqu'à lui et pose nonchalamment ses bras dessus. Je fais quelques pas pour le rejoindre et me laisse glisser à ses côtés, frémissant lorsque la paume de mes mains rencontre la surface froide du marbre. Isaac soupire.
— À ton avis ? finit-il par dire, les dents serrées. J'ai subi un interrogatoire, rien de plus classique. Suis-je conscient que mon pouvoir puisse immobiliser n'importe lequel des Surnaturels lorsque j'absorbe le leur ? Suis-je sûr et certain de ne pas avoir subi de lavage de cerveau ? Suis-je de mèche avec la Démone ? Sinon, comment me suis-je retrouvé à l'Isolement ? Il est tout de même bizarre que je sois né là-bas, suis-je sûr de ne pas me rappeler n'importe quel détail qui pourrait aider à comprendre mon passé dans cet endroit de malheur ?
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...