Chapitre 39 : Jalousie oppressante. ✔

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— Angie, attrape !

Je rattrape in extremis la dague qui filait droit sur mon front, ma main se refermant autour de la lame en métal froid. Je braque un regard incendié en direction d'Apolline. Celle-ci hausse les épaules, et ses pensées, manquant un brin de tact, ne tardent pas à résonner dans ma tête.

« Tu n'avais qu'à être plus rapide ! »

Je jette la dague à mes pieds. Celle-ci vient se figer dans le tatami. Si Ombelline voit ça, je suis mort. Je la retire et m'assieds sur l'entaille désormais présente, jetant un coup d'œil discret en direction de l'Immortelle. Elle est encore occupée à arbitrer le combat d'Edden et de Maximilien. Le Cerveau n'a d'ailleurs aucune chance, il n'est pas assez rapide et n'arrive pas à anticiper les coups de son adversaire. Et même si cela me coûte de le reconnaître, Edden est fort. Très fort.

— OK, dis-moi ce qui ne va pas.

Je fronce les sourcils. Apolline me rejoint sur le tatami et s'assied à mes côtés, regroupant ses cheveux noirs en une queue-de-cheval haute. Ses yeux bleus me fixent dans l'attente d'une réponse. Elle peut toujours courir.

Je détourne brusquement le regard sur l'entrée de la salle. Quelqu'un ne va pas tarder à arriver. Je le sens. Je ferme les paupières quelques secondes pour me concentrer. C'est elle. Je reconnais immédiatement sa prestance. La puissance de son pouvoir est bien plus forte que la nôtre. Sa silhouette s'engouffre timidement dans la salle des combats, ses grands yeux verts survolant la pièce dans son intégralité. Et lorsqu'ils croisent les miens, elle s'immobilise. Je suis extrêmement tenté de lire dans ses pensées, mais je sais parfaitement que cela ne ferait qu'envenimer les choses entre nous. Quand je le fais, elle le sent. Je me contente donc de l'observer. Elle est gênée. Ses mains triturent nerveusement ses longs cheveux ondulés et son regard ne cesse de fureter partout à travers la pièce, pour finalement se poser de nouveau sur moi. Sauf lorsque Isaac s'engouffre dans la salle. Torse nu. Il ne pourrait pas porter un foutu tee-shirt ?

Dès que son regard s'attarde sur elle, c'est comme si les évaluations d'Ombelline n'avaient pas lieu, que personne n'était présent, et qu'il n'y avait plus qu'eux deux dans la pièce. L'Immortelle donne un coup de sifflet pour annoncer la victoire d'Edden. Les autres applaudissent. Je n'y fais nullement attention. Je ne peux pas détacher mes yeux de ces deux-là. Ils ont une façon particulière de se regarder. Si particulière qu'on peut vite se demander quelle est la nature exacte de leur relation. Je pensais être maître de toutes mes émotions, mais là, ce n'est pas possible. Ils sont en train de me pousser à bout. Et je ne tiens pas à revivre l'épisode d'hier soir. Je ne voulais pas exploser le verre de cette maudite vitre, mais malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pas pu me contrôler. Le coup est parti tout seul. Il faut dire qu'elle peut être très énervante, quand elle s'y met. Elle s'accrochait désespérément à quelque chose qu'elle n'a pas besoin de savoir, tout simplement parce que cela ne la concerne pas.

— Angie, pose cette dague, m'ordonne soudainement la voix inquiète d'Apolline.

Je jette un regard interloqué sur mes poings. L'arme que m'a lancée la Talentueuse s'y trouve toujours. Je pensais pourtant m'en être débarrassé. Encore une preuve que je ne contrôle plus rien.

— C'est Evalina, c'est ça ? devine Apolline, posant ses mains sur les miennes pour me prendre la dague. Tu t'es encore disputé avec elle ?

Je soupire, fatigué qu'elle aussi s'intéresse à des choses qui ne la concernent pas. Mais j'acquiesce... Du moment qu'elle ne m'en demande pas plus. Elle se relève et m'envoie un violent coup de pied pour me forcer à faire de même. Je me demande vraiment si un jour, cette fille apprendra à faire les choses en douceur. J'ai à peine le temps de me mettre debout qu'elle me balance une autre dague entre les deux yeux. Heureusement, mes réflexes sont toujours aussi bons. Je l'arrête d'une main et fusille Apolline du regard.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant