Tout est noir. L'obscurité enveloppe chaque recoin de la pièce. Je ne vois rien. Je suis perdue. Personne ne viendra me sauver. Il ne me reste plus qu'à attendre la mort imminente. Elle est là, tapie dans l'un des recoins sombres. Elle n'attend plus que moi. Seulement, je ne suis pas encore prête. Je ressens la faim, le froid, la fatigue, et ce vide abyssal qui ne me quitte plus. Je ne veux pas partir. J'ignore pourquoi... L'espoir ? Je n'ai pourtant plus rien à attendre de cette misérable vie qu'est la mienne. Il ne me reste plus rien. Plus rien auquel je puisse me raccrocher. Et soudain, un cri. Sortis de nulle part, mais bel et bien là. Un cri déchirant, reflétant une douleur si grande, si épouvantable. Le cri d'une jeune fille. Plus précisément, d'une jeune fille de treize ans que je ne connais que trop bien.
— Tessia ! crié-je, à m'en déchirer les poumons.
Rien. Rien que ce hurlement déchirant. J'aimerais tant me relever et courir jusqu'à la source du cri ! Mais je ne peux pas bouger. C'est au-dessus de mes forces. Je suis comme engourdie, incapable de faire autre chose que d'écouter. Et puis soudain, le sol se met brutalement à pencher. Je ne peux rien faire, si ce n'est en suivre la déclinaison et glisser. Je me sens tomber, sans doute vers la mort. Celle qui m'attendait dans l'un des recoins sombres de la pièce et qui, finalement, a décidé de sortir et de m'attendre à l'extrémité de ce toboggan sans fin. Elle absorbe tout avec elle, ma lueur d'espoir avec.
J'ouvre les yeux et me lève d'un bond. Un cauchemar. Ce n'était qu'un affreux cauchemar, rien de plus ! Je suis dans ma chambre. Il est 10 h 50. J'espère que je n'ai pas véritablement crié dans mon sommeil. À en voir l'état de mes draps tout froissés et de mes oreillers éparpillés par terre, cela ne m'étonnerait pas qu'un son se soit échappé de mes cordes vocales sans mon autorisation !
Je suis en sueur, les cheveux en pétard et toujours habillée. En effet, après être ressortie de la Chronosée, je suis montée directement dans ma chambre avec le journal. Et je crois que je me suis endormie, sans avoir eu la force de réfléchir à tout ce que j'ai pu découvrir hier soir. J'aurais bien besoin d'une bonne douche. Et c'est ainsi que je me retrouve sous l'eau chaude, à penser à cet écriteau doré qui refuse de quitter mon esprit. Evalina, première Gémone... qu'est-ce que ça signifie ? Tout ce dont je suis au courant pour l'instant, c'est qu'Evalina est la sœur jumelle d'Eléana, et que cette fille porte le même prénom que moi. Ce n'est peut-être qu'un hasard, mais quand même ! Ce prénom n'est pas si courant que ça. Savoir que la jumelle d'Eléana le portait également ne peut pas être qu'une simple coïncidence. Et il y a aussi ce terme, « Gémone », qui m'intrigue. Qu'est-ce qu'il veut dire ?
Eléana est la première Démone, et même si je ne sais pas très bien ce que cela signifie, je peux tout de même deviner que cela à un rapport avec le démon. Cette femme paraît froide, méchante et pleine de mauvaises intentions, comme un démon sorti tout droit des Enfers. Mais le terme de gémon ? Je n'en ai jamais entendu parler. Peut-être est-ce un mélange d'ange et de démon ? Peu importe le temps que cela prendra, je découvrirai le fin mot de l'histoire. Il suffit de persévérer et, si possible, de se raccrocher au moindre détail. Comme le journal d'Eléana.
Lorsque je pose un pied à l'extérieur de la douche, d'autres questions viennent me titiller le cerveau. Par exemple, à qui faisait allusion Angie lorsqu'il m'a dit que je ressemblais beaucoup à une certaine personne ? Faisait-il allusion à la première Gémone ? Je porte peut-être le même prénom qu'elle, mais si les statues sont un parfait reflet de ce qu'elles étaient, alors je ne lui ressemble pas du tout.
Je soupire et sors de la salle de bains à la recherche de vêtements propres. Slim et débardeur noir feront l'affaire. Je les enfile et jette un regard sur le lit, une vague de panique commençant à poindre lorsque je constate que le journal ne s'y trouve plus. Mes yeux s'attardent alors au sol, et c'est avec un immense soulagement que je retrouve le petit carnet verni de noir. Il a sûrement dû tomber lorsque je me suis endormie avec. Je grimpe sur le lit et m'y installe confortablement, fixant avec attention la couverture du journal d'Eléana. Celle-ci ne comporte aucune touche de fantaisie. Pas même un titre, un mot, ou bien une unique lettre. Absolument rien. Eléana devait être une personne particulièrement simple, mais tordue. Je l'ouvre et me replonge dans ma lecture.
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Surnaturels Tome 1 : Mystères.
Fantasy«-Je ne suis pas venu ici uniquement dans le but de m'excuser, avoue-t-il d'une voix profondément grave. Je te veux, Évalina. J'en ai plus qu'assez de te laisser filer entre mes doigts. » Comment réagiriez-vous, si subitement, le monde autour de vou...