Chapitre 32 : Piégés. ✔

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— Evalina, tu viens ? m'appelle Zéphyr.

Je m'empresse de le rejoindre à l'extérieur de l'Imposant, non sans un dernier regard vers Mélodie. Elle est étendue par terre, baignant dans son propre sang. Je détourne mes yeux de cette horrible scène et prends soin de refermer la grande porte noire derrière moi. Difficile de croire que c'est moi qui ai fait ça... Je rejoins les autres, désormais en pleine possession de leur moyen, le pouvoir de guérison de Zéphyr ayant porté ses fruits. Ils ont installé Isaac à plat ventre sur un pégase blanc, attaché solidement par des cordages afin de lui éviter la chute. Chacun rejoint sa monture et je m'aperçois que personne ne l'accompagne.

— Qu'est-ce qu'on fait d'Isaac ? demandé-je, pour en être sûre.

— Ne t'inquiète pas, il ne va pas tomber, me rassure Apolline. Le cordage est sûr. Et le pégase sait où aller ! Étant donné que nous avons déjà fait le chemin du Majestueux jusqu'à l'Imposant, ils n'auront aucun mal à faire le retour. Ils ont une très bonne mémoire.

— Mais... ce ne serait pas mieux si quelqu'un l'accompagnait ?

— Et comment veux-tu faire ? s'esclaffe-t-elle. Il n'y a pas de place. Et puis, nous devons toujours nous assurer d'être au moins deux sur la même monture, c'est plus sûr ! Il n'y a que cinq pégases. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser une autre personne seule, on ne sait jamais sur qui ou sur quoi nous serions susceptibles de tomber.

Elle m'adresse un sourire en guise de conclusion et accepte la main que lui tend Sean pour monter sur leur pégase noir. Ce qui me rappelle automatiquement ma propre monture. Je l'avais attaché à un arbre mort et je ne pensais pas forcément le revoir. Je suis soulagée de m'être trompée. Je fais volte-face pour aller le détacher, mais m'arrête net lorsque je constate qu'il n'y a plus aucun cordage autour du tronc. Je fronce les sourcils.

— Cassie a sûrement pris ton pégase pour ramener ta sœur au Majestueux, m'annonce une voix grave.

Je m'apprête à râler une fois de plus contre son habitude à lire dans mes pensées, mais finalement, je me ravise. À quoi cela servirait-il ? J'ai eu beau lui répéter des dizaines de fois, il continue.

— Sage décision, dit-il, un sourire moqueur accroché au visage.

Je rêve...

— Je vais faire comme si je ne t'avais pas entendu. Où est-ce que je suis censée m'asseoir pour le retour ?

Il me désigne la place derrière lui. J'observe les autres Surnaturels afin de m'assurer qu'une autre place est disponible, mais ce n'est pas le cas. Il n'en reste qu'une seule, et bien évidemment, c'est sur son pégase ! Je soupire et pose finalement mes mains sur la robe noire de l'étalon, appréciant la douceur qui s'en dégage. Angie me propose son aide. Je l'ignore et agrippe la longue crinière du pégase, passant une jambe au-dessus de son dos. Le Leader, lui, lève les yeux au ciel. Quelques secondes plus tard, l'étalon se met brusquement debout. J'étouffe un cri et m'agrippe à la taille d'Angie, le maudissant intérieurement pour avoir ordonné au pégase de se relever tandis que je n'étais pas bien installée. Je suis certaine qu'il l'a fait exprès. Le petit sourire moqueur que j'aperçois lorsqu'il tourne sa tête vers moi me le confirme.

— Ça ne va pas ! J'aurais pu tomber !

— Mais tu n'es pas tombée, réplique-t-il.

— Oui, mais j'aurais quand même pu !

— Mais tu n'es quand même pas tombée.

J'ouvre la bouche et la referme aussitôt, légèrement agacée par son comportement. Je reste donc silencieuse et observe le sol s'éloigner à mesure que notre pégase prend de la vitesse, s'envolant à grands coups d'ailes et suivant les autres. La monture d'Apolline et de son frère suit de près celle d'Isaac, ce qui me réconforte un peu. Je laisse échapper un petit soupir de soulagement tout en agrippant un peu plus ce qui me sert d'ancrage sur l'étalon, avant de comprendre qu'il s'agit de la taille d'Angie. Je retire brusquement mes mains, mais il les replace avec fermeté. Cela me fait penser au moment que nous avons partagé avant que je n'entre dans l'Imposant, lorsqu'il m'a embrassée. Jusqu'à maintenant, je n'avais pas eu le temps de faire remonter ce souvenir à la surface. Je me sens mal à l'aise, et je ne sais pas pourquoi. Après tout, c'est lui qui m'a embrassée.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant