Surnaturels Tome 1 : Mystères.

Chapitre 43 : Passé destructeur. ✔

— Ne baisse jamais ta garde ! C'est l'une des choses les plus importantes ! Allez, recommence.

Je soupire une énième fois et me remets en position, les poings en avant, mais pas trop. Mes pieds sont fermement ancrés dans le sol. Je suis prête. Edden balance un coup de poing au niveau de mon visage, que j'évite sans grande difficulté. J'en profite pour lui en asséner un dans le ventre, mais il reprend aussitôt sa position initiale et pare mon attaque. J'en balance un deuxième en direction de son visage, mais il en profite pour lever son genou vers mon abdomen. Le coup n'est pas fort, mais cela me coupe tout de même la respiration quelques secondes. Je baisse la tête, honteuse. J'ai encore oublié de revenir à la position initiale.

— Pense à tes poings. Garde tes coudes aussi près que possible de ton corps. Tu dois toujours penser à protéger ton visage. Recommence, m'ordonne une fois de plus Edden, sans se départir de son calme.

Je ne sais pas comment il fait. Parce que moi, il est clair que je ne vais pas tarder à exploser ! Cela fait une bonne heure que je me contiens... Une heure que je suis à la Colombe. Une heure que je suis sur ses fichus tatamis à tenter de mettre Edden à terre ! Sans succès. Trop d'informations, trop de techniques, trop de réflexion, trop de trop. Mais même si je déteste ça, je n'ai pas le choix. Si je veux devenir meilleure, ce n'est pas en claquant des doigts que j'y arriverai, j'en ai parfaitement conscience.

Je balance donc mon bras en direction du visage d'Edden, mais échoue une nouvelle fois.

— D'accord, on va dire que je n'ai rien vu et tu vas recommencer, soupire-t-il, passant une main derrière sa nuque. Ne jette pas ton bras comme tu viens de le faire ! Ton poing est la finition de ton bras, c'est donc lui qui donne le coup ! C'est en lui que réside toute ton énergie.

Je hoche la tête, tentant vainement d'assimiler ce qu'il vient de me dire. Edden se montre particulièrement agréable avec moi. Il ne m'a pas reparlé de l'épisode d'hier soir et je n'y ai fait aucune allusion non plus. Il se contente de faire son travail en supervisant mon entraînement. La seule mission qu'il m'a confiée est de le faire tomber, ce qui s'avère être un échec cuisant.

Et à mon grand étonnement, Edden ne s'est pas départi de son calme. Je l'admire. Je sais très bien que si les rôles étaient inversés, j'aurais déjà pété un câble et lui aurais hurlé que ce n'est pas si compliqué de faire tomber quelqu'un. Désormais, toute ma bonne volonté a disparu. Il faut croire que l'optimisme, ce n'est pas mon truc.

— Evalina ?

Je fixe Edden et tente de me remettre dans le bain, mais pour le moment, toute cette technique qu'il s'évertue à m'apprendre ne m'a pas aidé. Et si j'essayais à ma façon ? À l'instinct ? Je m'exécute aussitôt. Le Fidèle semble décontenancé par ma position, et cela me donne un certain avantage. Il n'est plus concentré. J'ai réussi à le perturber. Je sens d'ici que sa garde n'est pas aussi solide et en place qu'elle devrait l'être. Et c'est exactement ce que je cherchais à faire.

Je n'hésite pas un seul instant avant de lui balancer un coup de poing dans le ventre. Il réussit à le parer à l'aide d'une main, mais son manque de concentration le rend un peu plus lent que d'habitude. Avec ma vitesse de Gémone, je fais mine de lui balancer mon coude dans les côtes, pour me raviser au dernier moment et lui flanquer un bon coup de pied dans le genou. Edden n'a pas le temps de l'intercepter. Il chancelle, mais parvient à recouvrer son équilibre. Je lui assène un nouveau coup de coude dans les côtes et abaisse l'autre sur son dos lorsqu'il tente de m'attraper les jambes. Le Fidèle tient bon. Je le frappe avec mon genou dans l'intestin, et il s'écroule au sol. Ses fesses ont à peine heurté le tatami qu'il commence déjà à se redresser. Je me jette alors sur lui pour le maintenir à terre. Je passe mes jambes autour de sa taille et tente de bloquer ses bras à l'aide de mes mains, mais je n'ai pas assez de force. Edden retourne la situation et roule pour me plaquer contre le tatami. Ses mains n'ont aucune difficulté à venir bloquer les miennes. Il se met à califourchon sur moi, sans omettre d'appliquer tout son poids sur mon corps. Je suis clairement incapable de bouger, mes membres ne servent plus à rien. Me voilà totalement impuissante. Je déteste cette sensation.