Chapitre 37 : Folie meurtrière. ✔

23K 1.7K 1.5K
                                    

J'ouvre mes yeux sur un espace clos. Froid. Sans vie et abandonné. Ou presque. Un vieux berceau terni par les années se tient dans un coin. Je sais exactement où je suis. Je savais que cela se reproduirait, mais je n'imaginais pas aussi rapidement. Je baisse le regard sur mes jambes pour constater, à mon plus grand soulagement, qu'elles ne sont pas ligotées. Et aucune chaise à l'horizon. Je suis tout simplement assise sur le sol froid. Le berceau est le seul meuble de la pièce. Si Isaac dit vrai et que je suis bien victime d'une effraction de rêve, cela veut donc dire que Mélodie créée ce cauchemar de toutes pièces. Le berceau qui figure dans cet endroit n'est donc pas là pour rien.

Je me relève, à l'affût du moindre bruit susceptible d'annoncer la venue de la Démone. Pour le moment, il n'y a personne. Elle ne doit pas savoir que je suis réveillée. Il faut dire que contrairement à la dernière fois, je n'ai pas fait de bruit. Isaac m'a bien expliqué qu'ici, il ne pouvait rien m'arriver. Et je le crois. Tout ce que je dois faire, c'est garder mon calme. Je m'approche précautionneusement du berceau et fais glisser ma main sur la peinture écaillée du bois terni. Lorsque je la retire, elle est pleine de poussière. Ce berceau n'a décidément pas servi depuis longtemps. Pourquoi Mélodie a-t-elle choisi de le mettre dans son effraction de rêve ?

— C'était le mien, s'exclame une voix froide derrière mon dos.

Je me retourne brusquement. Elle porte une tenue bien différente de la dernière fois. Elle est vêtue d'une grande robe noire, qui traîne gracieusement derrière elle. Un mince filet de dentelle laisse apercevoir son nombril. Ses cheveux bruns sont lissés à la perfection, et ses yeux marron, presque noirs, sont encadrés par un épais trait d'eye-liner. Je ne lui connaissais pas un tel penchant pour les goûts sophistiqués.

— Rectification. C'était censé être le mien, corrige-t-elle, en insistant bien sur le mot « censé ».

Je suppose qu'il doit avoir une grande valeur symbolique à ses yeux. Après tout, si sa mère n'avait pas été obligée de l'abandonner sur Terre à cause de la menace des anciens Surnaturels, elle aurait dû y passer ces premières années. Mais pourquoi me raconter ça ? Je doute sérieusement qu'elle m'ait amené ici pour parler de son meuble d'enfance.

— Tu dois sûrement te poser beaucoup de questions, reprend-elle. Contrairement à ton prince charmant, moi, je suis tout à fait apte à y répondre !

— Excuse-moi... À mon quoi ?

— Ton prince charmant ! Ne fais pas l'ignorante, tu sais très bien de qui je parle.

Bien sûr que oui, je le sais. Ce que je me demande, c'est comment est-elle au courant ?

— Comment se fait-il que tu sois au courant de tout ? À chaque fois que nous préparons quelque chose, tu sembles avoir un pas d'avance sur nous ! m'emporté-je. Et visiblement, ma vie privée ne l'es pas pour toi !

Mélodie sourit à ma remarque. Elle joue avec ses cheveux, le regard perfide et calculateur.

— Dans un sens, je peux comprendre ton prince charmant. Certaines questions doivent rester sans réponse.

— À quoi cela sert-il d'en poser si tu n'y réponds même pas ? m'énervé-je.

Ma respiration commence à s'accélérer. Je dois me calmer, reprendre le contrôle. Si je veux garder une totale maîtrise de la situation, je ne dois pas me mettre en colère. Ce n'est qu'un rêve, ce n'est qu'un rêve...

— Je n'ai jamais dit que je répondrai à cette question, rétorque Mélodie. Nous étions parties sur le berceau.

— Je peux savoir ce que je fais ici ?

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant