Surnaturels Tome 1 : Mystères.

Chapitre 52 : Pris au piège. ✔

— Ça fait vingt minutes qu'on tourne en rond, grogné-je, plus qu'agacé par cette perte de temps.

— Et ça fait vingt fois que tu me le répètes, rétorque Isaac.

— Si tu veux que je m'abstienne de le répéter une vingt et unième fois, il faudrait peut-être que tu sois certain une bonne fois pour toutes du chemin à emprunter.

— Je te l'ai déjà dit, c'est ici. Je ne sais juste pas où est-ce qu'il est rentré précisément. Tu n'as qu'à utiliser ta localisation psychique si tu ne me crois pas !

— Il y a trop de monde, dis-je en jetant un regard méprisant aux passants de la rue principale de Xulumis. Cela ne servirait à rien.

— Eh bien, il ne te reste plus qu'à me faire confiance, réplique-t-il. C'est moi qui ai vu Kierân partir par ici et qui l'ai suivi. Toi, tu n'étais pas là ! D'ailleurs, je me demande toujours ce qui t'a pris autant de temps ! J'ai cru que tu ne viendrais jamais et que j'allais devoir affronter Kierân tout seul !

Je passe une main nerveuse dans mes cheveux blonds et fuis le regard sombre d'Isaac. Ce dernier pousse un gros soupir, mais il a l'intelligence de se taire et de ne pas insister. Ça fait deux fois qu'il me pose cette question. Je n'ai aucunement l'envie de lui dire que c'est Evalina qui me retenait. J'ai bien trop peur d'apercevoir de la jalousie dans son regard. Je préfère me concentrer sur notre mission, qui d'ailleurs, débute bien mal. Pour la deuxième fois, Kierân nous a filés entre les doigts. Isaac a réussi à le poursuivre jusque dans la rue commerçante de Xulumis. Les chemins adjacents ne comportant pas beaucoup de monels, j'ai pu le rejoindre grâce à ma localisation psychique.

— Passer et repasser sans cesse dans la même rue ne va pas nous aider à le retrouver, répliqué-je sèchement.

Isaac s'arrête de marcher. Ses yeux marron s'assombrissent lorsqu'ils les braquent sur moi pour me répondre :

— Pourquoi m'avoir accompagné si c'est pour me parler comme ça à chaque fois que tu m'adresses la parole ? Tu aurais mieux fait d'envoyer quelqu'un d'autre à ta place !

— Tu n'es pas le Leader. Tu n'as aucunement le droit de remettre en cause ma décision.

Je reprends la marche parmi la foule, avant de me rendre compte qu'Isaac ne m'a pas suivi. Je fais donc demi-tour, avec la ferme intention de lui ordonner de se bouger, mais quand ses yeux virent au noir, je m'arrête net. Quand ils arborent cette couleur, ce n'est jamais bon signe. Mais il est hors de question qu'il me fasse un pétage de plombs en plein milieu de Xulumis, à la vue de tout le monde. Je le saisis fermement par les épaules et le pousse dans une ruelle terminant en cul-de-sac. Je sais très bien à quoi cela va nous mener. Où devrais-je dire, à qui. Isaac s'extirpe de mon emprise et s'exclame :

— Je sais que tu me détestes ! Je ne suis pas le Leader, je le sais très bien ! Je ne suis même pas un Surnaturel ! Ça aussi, je le sais. Je suis différent de votre petit groupe, et je l'accepte. Mais que tu me rabaisses comme tu le fais, ça, je n'accepte pas !

— Je ne te déteste pas.

C'est tout ce que je réussis à lui répondre. Je ne le déteste pas, mais je ne l'apprécie plus autant qu'avant. C'est comme si un fossé s'était creusé entre nous depuis le jour où son poing a frappé mon visage. Il venait de se débarrasser des menottes qui le retenaient à son lit de l'infirmerie, et lorsqu'il a vu Evalina inconsciente dans mes bras, il n'a pas hésité un seul instant avant de me frapper. Mais ce n'est même pas le fait qu'il m'ait malmené qui a creusé ce fossé, c'est le fait qu'il ait pu penser que j'étais à l'origine de l'inconscience d'Evalina. De là, j'en ai déduit qu'il n'avait plus confiance en moi.