Chapitre 22 : Souvenirs persistants. ✔

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La mort peut être douce. Elle peut être brutale. Ou encore attendue. Elle peut décimer une personne en l'espace de quelques secondes. Elle atteint son entourage en faisant des ravages, bien pires que le cœur de la victime qui s'arrête. Elle peut amener à la dépression. Elle peut amener à la folie. Elle peut survenir après une maladie. La mort peut soulager. Elle peut horrifier. Elle peut être lente. Elle peut être rapide. Comme le corps, qui se tient juste sous mes yeux. Sans vie, et atrocement froid. Même l'odeur caractéristique de la mort semble avoir pris possession des lieux. Je continue à croire que ce n'est pas possible. Une vie ne peut pas s'arrêter comme ça. Zéphyr a été étranglé sous mes yeux. Mais Angie ? Il ne peut pas mourir ainsi. Il est plus fort que ça. Mes mains tiennent toujours sa tête froide, mon front collé au sien. Je ferme les yeux, essayant vainement de lui faire parvenir ma force. Je ne sais pas comment, mais j'essaie... Je sais que tu peux le faire, il te suffit d'ouvrir les yeux ! Juste d'ouvrir les yeux. C'est tout ce que je te demande, le supplié-je. Mais ses pouvoirs ne fonctionnent plus. Il ne m'entend pas. Quelques larmes tombent dans ses cheveux blonds emmêlés, tandis que la rage s'installe en moi. Espèce d'ordure ! Tu as décidé de me faire vivre les pires horreurs simplement parce que je n'obéis pas à tes ordres ? Eh bien tu as réussi ! Tu as gagné ! Maintenant, réveille-toi ! J'ai bien envie de prononcer ses mots à voix haute pour m'en libérer. Mais ma gorge est scellée.

— Evalina ?

Je sursaute, pleine d'espoir, mais ce n'est pas la voix d'Angie. C'est celle d'Apolline. Je repose la tête du Leader sur le sol et me relève. Ils sont tous là. Ils ont vaincu les trénones, car je n'en vois plus aucun à l'horizon. Cassie et Sean s'accroupissent autour du corps de Zéphyr. Edden prend Isaac sur ses épaules, et Bastian, Maximilien et Apolline s'approchent d'Angie. Je me pousse pour leur faire de la place. Que peuvent-ils bien faire à part constater ce que j'ai déjà eu du mal à admettre ? Ils sont morts. Et encore une fois, par ma faute. Ils sont venus ici pour me sortir de l'Imposant, et au lieu de ça, ce sont eux qui y laissent leur vie. Le monde est tellement injuste. Je serre les poings de colère et tente de calmer ma respiration irrégulière. La personne responsable de tout ça se trouve ici même. Dans ce château. Comment me calmer, alors que la Démone est quelque part entre ses murs ?

— N'y pense même pas, murmure Edden.

— Comment sais-tu à quoi je pense ?

— Tu serres les poings de colère. La dernière fois que je t'ai vu faire ça, tu as failli tuer Isaac. Je me doute bien que cette fois-ci, la Démone en est la cause.

— Eh bien, si tu n'y vois pas d'inconvénients, allons lui régler son compte ! reniflé-je, essuyant les larmes sur mes joues.

— Ça ne servirait à rien, Evalina.

— Quoi ? Zéphyr et Angie sont morts, mais cela n'a pas l'air de vous attrister plus que ça ! crié-je à l'ensemble des Surnaturels.

Avec sa grâce habituelle, Apolline se relève et remet en place ses longs cheveux noirs derrière ses oreilles. Elle s'approche de moi et fait un signe de tête à Edden. Ce dernier fait demi-tour, ouvre la grande porte d'entrée, et emporte Isaac avec lui pour le mettre en sécurité.

— Il faut qu'on s'en aille d'ici le plus vite possible, Evalina ! Ce n'est pas le moment de piquer une crise. Maximilien a réussi à immobiliser la Démone, m'explique-t-elle, mais les trénones nous ont ensuite repoussés. À l'heure qu'il est, Harmonie doit se remettre de ses esprits.

— Ce n'est pas le moment de piquer une crise ? m'exclamé-je. Comment peux-tu te montrer aussi indifférente face à leur mort ?

— Ils ne sont pas morts.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant