12. Wellan

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— Je dois dire que même si tu nous casses le cul à chaque fois, ces séances d'entrainement sont particulièrement divertissantes, commence Zacharie.

— Tu ne dis que ça parce que plein de femmes te sifflent, lance Sébastian, un petit sourire en coin.

— Non...

Un sourire étire mes lèvres tandis que je regarde mes frères. Même si nous avons dépassé l'âge des passer tous nos repas en famille, nous tenons à manger encore tous ensemble, question de ne pas laisser la politique du royaume nous éloigner les uns des autres. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans les appartements privés de Zacharie pour le repas du soir, après une session d'entrainement de combat à l'épée devant une foule en délire. Même si l'envie n'y était pas, je me suis finalement amusé avec les deux personnes qui me comprennent le mieux au monde.

— Parce que, sincèrement, quel est le plaisir là-dedans ? reprend Sébastian, plus sérieux que janais. On sait tous que Wellan va nous abattre à plate couture peu importe ce qu'on fait.

— Vous n'avez qu'à donner une meilleure performance, répliqué-je avec un petit air narquois.

Ils n'ont jamais voulu prétendre, comme moi, à des postes importants dans l'armée royale. Si gouverner le royaume aux côtés de notre père leur convient très bien, ce n'est pas mon cas. C'est pourquoi depuis très jeune, je me bats, tout d'abord entrainé par le meilleur ami et conseiller de mon père, pour aspirer à une vie meilleure. Lorsque j'étais adolescent et que j'étais enragé, furieux contre cette vie que je croyais injustice, je me rendais au terrain d'entrainement pour laisser libre cours à ma rage. Il n'y a rien de plus efficace qu'un homme qui se bat avec une épée dans le but de détruire.

— Oui, mais ça ne me servira à rien lorsque j'intégrerai mes nouvelles fonctions, ajouté-je avec un petit rire qui n'a rien de joyeux.

— Il n'y a rien d'officiel pour le moment, Weelan.

Je salue l'intention de Sébastian d'essayer me rassurer, mais lui et moi savons que notre père n'est pas un homme qui recule sur ses décisions, et personne n'ose le contredire depuis des décennies déjà. Lorsqu'il a décidé de prendre notre mère comme épouse malgé sin ascendance inconnue et son statut inexistant, personne n'a protesté. Lorsqu'il a décidé d'envoyer une armée à la mort en Mélène pour répondre à une menace quasi-inexistante, aucun noble n'a levé le petit doigt pour l'arrêter. Parce que même si le roi Carlton semble inoffensif, il est en réalité effrayant sous le masque qu'il arbore tous les jours.

Ayant fini mon plat de bœuf, je prends une coupe de vin entre mes doigts et la fais tourner, les yeux fixés sur le liquide rouge.

— Je pense qu'après toutes ces années à me battre contre lui, il est enfin le temps de me confronter à la réalité. Père veut que je sois roi. Même si je pense qu'il est dans le tort et qu'il pourrait ainsi mener le royaume à sa perte, qui suis-je pour le contredire ?

— Lorsque le trône te reviendra, rien ne t'empêche de le passer à l'un de nous deux, renchérit Zacharie avec un air faussement nonchalant.

— Mais pour quel genre d'homme passerais-je aux yeux du peuple ? Pour quelqu'un qui n'a pas la tête sur les épaules. Voudront-ils seulement de moi à un autre poste ?

Je bois une autre gorgée de vin, grimace. Je déteste le vin. Je ne sais même pas pourquoi je l'ingurgite.

Sébastian, lui, ricane, comme si j'avais raconté la blague du siècle.

— As-tu vu le peuple là-dehors ? Cet après-midi ? Les autres jours où tu t'es entrainé devant lui ? Il t'adore, Wellan, et il te suivra partout, peu importe ce que tu fais. Tu pourrais faire la pire des conneries et je parie qu'il te suivrait encore.

La Tueuse de PrincesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant